Planter un noyer
Le noyer commun, originaire de la Perse, a été introduit en Europe par les Romains. Son fruit fournit la moitié de l’huile que nous consommons, soit pour la table, soit pour les arts. Les noix sont servies sur nos tables avant et après leur maturité; dans le premier cas, elles prennent le nom de cerneaux.
Climat et sol. — Le noyer craint les hivers très rigoureux; il ne redoute pas moins les gelées tardives du printemps, qui détruisent les fleurs et les jeunes bourgeons. Aussi est-ce particulièrement sous le climat du centre et du midi de la France que sa culture s’est répandue. Il parait préférer les expositions de l’ouest et du nord-ouest.
Le noyer est peu difficile sur la nature du sol. Il se développe dans les terrains secs et légers, dans les roches fendillées où ses racines pénètrent; mais il préfère une terre profonde, de consistance moyenne, un peu calcaire et inclinée. Dans le premier cas, son développement est plus lent; mais les fruits sont plus riches en huile, et le bois est de meilleure qualité. Il a une antipathie prononcée pour les sols argileux, humides, et les terrains siliceux. Dans les terres qui ont peu de fond, les longues racines du noyer rampent à la surface et nuisent beaucoup aux plantes herbacées, même à de grandes distances.
Aucune plante ne vient sous son ombrage; elles sont détruites soit par l’influence de cet ombrage, soit par l’eau des pluies, qui se charge de tannin en coulant sur les feuilles et le dépose sur le sol. C’est donc surtout en bordure du côté du nord, ou en avenue, et non au milieu des champs, qu’il convient de planter le noyer, à moins qu’il ne s’agisse d’un terrain impropre à d’autres récoltes; mais, dans ce cas même, il faudra l’espacer beaucoup, car il n’aime pas la culture en massif.
Culture du noyer
Multiplication. — On multiplie le noyer au moyen des semis et de la greffe. Lorsque les noyers sont surtout destinés à la production du fruit, et c’est le cas le plus ordinaire, on les greffe sur des sujets venus de semis. On obtient ainsi des arbres plus fertiles, et qui se mettent plus tôt à fruit. Si l’on n’avait en vue que la production du bois, il serait préférable de les élever francs de pied, car ils se développent alors plus vigoureusement et prennent de plus grandes dimensions. C’est le plus souvent en pépinière que l’on élève les jeunes noyers.
On choisit les noix des variétés les plus vigoureuses, puis on les stratifie jusqu’à la fin de février. A cette époque, on ouvre dans la pépinière des sillons profonds et larges de 30 cm, et placés à 70 cm les uns des autres. On place au fond de chacun d’eux un double rang de tuiles à plat, qui, arrêtant l’allongement du pivot de la racine, le forcent à se ramifier et assurent la reprise de l’arbre lors de sa transplantation. On remplit ensuite ces sillons, et l’on y plante les noix, la pointe en bas, à 6 à 9 cm de profondeur, selon que le sol est plus ou moins léger.
Ces jeunes plants reçoivent, pendant les trois premières années, les soins qu’on donne aux autres espèces dans la pépinière. Au bout de ce temps, et à la fin de l’hiver, on cerne le pied de chaque noyer en enfonçant verticalement le fer d’une bêche tout autour et à 50 cm de la tige. Les racines latérales, ainsi tranchées, se ramifient beaucoup, et donnent meilleur pied à l’arbre. On continue de former la tige jusqu’à l’âge de cinq ou six ans, époque où elle offre une circonférence de 12 à 15 cm et une hauteur de 3 à 4 mètres; on peut alors planter à demeure.
Parfois aussi on place les noix à 16 cm les unes des autres dans des rayons séparés par un intervalle de 33 seulement, et au fond desquels on néglige de placer les tuiles dont nous venons de parler. Mais alors on est obligé de transplanter ces jeunes arbres au bout d’un an dans la pépinière, et de raccourcir le pivot à 24 cm environ, afin de le forcer à développer des racines latérales.
Si les noyers doivent être greffés, on leur applique la greffe en écusson à œil dormant ou à œil poussant, mais plus souvent la greffe en flûte. Tantôt ces greffes sont pratiquées en pied, sur les jeunes sujets âgés de deux ans seulement; tantôt on les place en tête, à 2 mètres de hauteur, lorsque les tiges ont environ 10 cm de circonférence. Dans ce dernier cas, les arbres peuvent être plantés à demeure l’année suivante.
Plantation du noyer.
La plantation du noyer s’effectue avec les soins prescrits pour les autres arbres à haute tige. Dans le Midi, on la pratique à l’automne ; dans le Nord, ou dans les terrains humides, c’est au printemps. Les noyers plantés en bordure ou en avenue sont placés à 11 mètres dans les terrains les plus médiocres, et à 15 mètres dans les bons fonds. Cette distance est augmentée de 2 mètres, si les arbres ne sont pas greffés ; on la porte à 25 pour les noyers plantés en plein.
Une fois la plantation terminée, les noyers ne réclament pas d’autres soins que ceux que nous avons prescrits pour toutes les jeunes plantations.
Le noyer peut être aussi semé à demeure. A cet effet, on prépare le sol comme pour la plantation; on remplit les trous, et l’on place au milieu deux noix, à 8 cm l’une de l’autre. Si l’on en obtient deux sujets, on supprime le moins beau. Ces jeunes plants sont ensuite soignés comme ceux qui sont élevés dans la pépinière.
Non-seulement les jeunes noyers peuvent recevoir l’opération de la greffe, mais on peut également l’appliquer aux arbres âgés de quarante ans et plus. Pour cela, on coupe au printemps les branches principales a 3 mètres du tronc environ; et l’on recouvre les plaies avec du mastic à greffer. Pendant l’été, le sommet de ces branches développe de nombreux et vigoureux bourgeons, dont un certain nombre reçoivent, dès l’automne ou au printemps suivant, l’une des greffes indiquées plus haut. Les autres rameaux sont supprimés.
La vie du noyer en video
Rajeunissement du noyer
Lorsque les noyers sont âgés d’un siècle, ils se couronnent; l’extrémité des branches se dessèche; si l’on tient à la valeur des troncs, c’est le moment de les exploiter. Mais, si l’on attache plus d’importance au fruit, on coupe les branches principales à 1 mètre du tronc environ, on mastique les plaies avec soin, et l’on voit bientôt se développer de nombreux bourgeons qui donnent lieu à une nouvelle tête. Ce rajeunissement peut être employé même pour les arbres dont le tronc est déjà creux, pourvu qu’on ait le soin de les opérer comme il faut.
Récolte.
Ce n’est qu’à l’âge de vingt ans que le noyer commence à donner un produit passable, et à soixante qu’il atteint le maximum de ses récoltes, qui peut s’élever à 80 litres environ par arbre.
Les noix arrivent à maturité depuis le milieu de septembre jusqu’à la fin d’octobre, selon que les variétés sont plus ou moins précoces. Elles sont mûres lorsque le brou ou péricarpe qui les recouvre se crevasse et se détache facilement de la coque. Après les avoir détachées de l’arbre à l’aide de perches longues et flexibles, on les dépouille de leur brou, puis on les étend dans de vastes greniers bien sains et aérés, où on les remue deux fois par Jour afin de les faire sécher plus promptement. Cette dessiccation est complète au bout d’un mois environ. Si l’on n’a qu’une faible récolte, on l’étend sur des draps ou des claies au soleil; la dessiccation est alors plus prompte et plus facile.
Conservation.
Les noix que l’on veut conserver pour l’usage de la table doivent être réunies, après dessiccation, dans des caisses ou des tonneaux bien fermés etplacés dans un endroit analogue à la fruiterie. L’amande se conserve ainsi parfaitement blanche et sans rancir, d’une année à l’autre. Si, vers la fin de l’hiver, on veut leur rendre leur premier élat de fraicheur, on les fait tremper pendant cinq ou six jours dans de l’eau pure. Quant aux noix destinées à l’extraction de l’huile, on ne doit les livrer au pressoir que deux ou trois mois après leur récolte.
Variétés de noyers
Le noyer commun a produit un certain nombre de variétés, parmi lesquelles nous citerons les suivantes:
Noyer à très gros fruit, noix de jauge, noix à bijoux. Noix deux ou trois fois plus grosse que celle du noyer commun; amande plus petite que la cavité de la noix. Recherchée seulement par les bijoutiers, qui en font de petits nécessaires. Végétation rapide, mais bois plus mou. On doit les manger fraîches seulement. Se reproduit de semis.
Noyer à gros fruit long. Coque peu dure, bien pleine, très fertile.
Noyer à coque tendre, noix à mésange. Noix allongée, très tendre, souvent percée au sommet par les mésanges, bien pleine, produisant beaucoup d’huile. C’est une des meilleures variétés.
Noyer à coque dure, noix anguleuse, noix bocage. Noix très dure, d’un volume médiocre; amande difficile à extraire des anfractuosités de la coque. Bois de meilleure qualité et mieux veiné que celui des autres variétés. Se reproduit de semis.
Noyer tardif, de la Saint-Jean. Les feuilles et les fleurs de cette variété ne commencent à se développer qu’à la Saint-Jean. Il échappe ainsi à l’action des gelées tardives, qui détruisent souvent la fructification dans les autres variétés. Noix arrondie; coque peu dure, bien pleine; arbre vigoureux, pas très productif; beau bois. Cultivé surtout dans le voisinage des grandes villes, où ses fruits qui mûrissent mal sont consommés à l’état de cerneaux à la fin de septembre. Se reproduit de semis.
Noyer à grappe. Noix aussi grosses que celles du noyer commun et réunies en grappe au nombre de 12 à 28. Variété très fertile et digne d’être plus répandue qu’elle ne l’est. Se reproduit de semis.
Noyer à petit fruit, noyer-noisette. Fruit très petit, globuleux; coque bien pleine; amande très bonne; arbre très fertile.
Noyer fertile. Mis dans le commerce par M. André Leroy, d’Angers. Noix de grosseur ordinaire, très pleine, à coque tendre. Cette variété, est très remarquable par la précocité de sa fructification. L’arbre se couvre de fruits dès sa troisième année de semence, mais il prend moins de développement que les autres variétés. Se reproduit de semis.