Comment activer la végétation des plantes ?
Semer sur Couches.
— Les couches sont un puissant moyen indispensable pour activer la végétation de certaines plantes potagères; car une grande partie ne pouvant être semée en pleine terre, celle-ci n’étant pas encore suffisamment échauffée pour provoquer promptement la germination des graines, c’est par les couches que beaucoup de nos plantes cultivées commencent leur premier développement en hiver et achèvent ensuite leur végétation en pleine terre, lorsque la chaleur est suffisante.
Toute matière organique susceptible de déterminer une certaine chaleur en fermentant peut être employée à la confection des couches. Les fumiers de chevaux tiennent le premier rang comme chaleur de longue durée; celui des chevaux de travail est préférable, la paille est mieux brisée, mieux imprégnée que dans celui des chevaux de luxe. Ces fumiers donnent une chaleur très forte, on en modère l’action en les mélangeant à des fumiers recuits, des feuilles de charme, de chêne, de tilleul, etc., à de l’herbe ou de la mousse.
Employées seules, les feuilles fournissent une chaleur douce, faible, très bonne pour les couches tièdes.
La chaleur des couches dépend des matières que l’on emploie à leur construction et aussi de l’épaisseur qu’on leur donne; plus la couche est épaisse, plus la chaleur est forte et de longue durée. Il importe donc de connaître le degré de chaleur que demandent les végétaux que l’on veut cultiver, afin de les placer dans les conditions qui peuvent le mieux favoriser leur développement.
Dans la culture maraîchère, on se sert de trois sortes de couches.
1° Couches chaudes. – On monte les couches chaudes de décembre en mars. Leurs dimensions varient selon la longueur et la largeur des coffres qu’on veut placer dessus; leur épaisseur est proportionnée à la chaleur qu’exigent les plantes : elle varie entre 40 et 70 centimètres.
Avant de commencer à construire la couche, on mélange les fumiers, s’il est nécessaire, puis on trace les quatre côtés au moyen de cordeaux et de piquets, on prend ensuite le fumier par fourchées que l’on pose à plat, et cela, en allant à reculons; on mélange les parties imprégnées avec les parties sèches. On les répartit également sur tous les points, afin de former un premier lit égal; on appuie fortement chaque fourchée avec le dos de l’outil; on ramène en dedans les pailles qui débordent, afin déformer un bord droit et solide.
Ce premier lit étendu, on le foule en piétinant dessus, on arrose si le fumier est trop sec. puis on place un second lit, puis un troisième, jusqu’à la hauteur voulue, la surface doit être aussi plane que possible, on met quelques fourchées de fumier aux endroits creux. Si la couche est destinée à recevoir des cloches, on la borde; si au contraire on y place des coffres, on les met aussitôt le dernier lit placé, on étend une petite couche de fumier en dedans, on foule et on charge de terreau. On met les châssis, puis on couvre de paillassons pour aider la couche à jeter ses premiers feux, ce qui demande six ou huit jours.
Plusieurs cultivateurs montent leurs couches en une seule fois, ce qui est plus expéditif; mais, pour qu’elle soit uniforme, il faut une grande habitude et les résultats ne sont pas meilleurs que par le moyen que nous venons d’indiquer.
2° Couches tièdes. — Les couches tièdes se font de la même manière que les précédentes; on emploie à leur confection des fumiers recuits ou ayant déjà servi, avec un peu de fumier frais pour donner du stimulant; on y met aussi des feuilles, des herbes, etc. ; tous ces ingrédients doivent être bien mélangés et suffisamment humectés.
Ces couches sont d’une grande utilité dans les mois de janvier, février, mars, pour y semer ou repiquer du céleri, des tomates, des piments, etc.
Quand une couche chaude est épuisée et qu’elle a produit à peu près tout l’effet qu’on en attendait, on peut encore l’utiliser, car le fumier n’étant pas encore consommé, on le remanie en le mélangeant avec la même précaution que la première fois; on y ajoute un peu de fumier neuf et on arrive à former une excellente couche tiède.
3° Couches sourdes. — Les couches sourdes différent des précédentes, en ce qu’on les établit dans le sol, dans des tranchées préparées à cet effet. Elles se font de la même manière que les autres, et sont d’une grande utilité, pour repiquer les semis faits sur couches chaudes, et pour la plantation de certains genres de plantes.
Les fosses ou trous à melons, que l’on fait au printemps en pleine terre, ne sont que des couches sourdes.
D’après nos expériences, nous croyons que, lorsqu’on aura de bonne terre à sa disposition, on ne devra point négliger de la mélanger aux composts destinés aux cultures sur couches, après l’avoir bien tamisée; ce mélange donne de la consistance, empêche la dessiccation trop vive, et les plantes s’y développent beaucoup mieux que dans les terreaux purs.
On place généralement les couches dans un endroit sain, et à bonne exposition, on leur tourne la face vers le midi, mais de telle sorte qu’elles puissent être atteintes, autant que possible, en hiver, par les rayons du soleil de l’est à l’ouest.
Les Réchauds.
— En hiver, lorsqu’une couche commence à se refroidir, il faut la ranimer. On y parvient à l’aide de réchauds, c’est-à-dire qu’on amoncelle, dans les sentiers et autour des coffres, du bon fumier frais ou des feuilles, qu’on foule fortement ; on les remanie souvent en y ajoutant chaque fois, pour combler les vides produits par le tassement.
L’Accot.
— L’accot diffère du réchaud, en ce que, au lieu d’employer du fumier neuf, on se sert de feuilles, de vieux fumier, de la paille, de la fougère. Le but que l’on se propose, est d’empêcher le froid de pénétrer dans l’intérieur du coffre, il n’est donc pas nécessaire de les monter sur une grande épaisseur; de 15 à 20 centimètres suffisent.
On amoncelle le tout autour des coffres jusqu’à leur hauteur totale, on maintient le bord extérieur droit, en plaçant préalablement un bâti en lattes maintenues par de bons piquets solidement enfoncés en terre. Un accot dure tout un hiver, si on a le soin de recharger à mesure que le tassement s’opère.
Border.
— Les couches qui ne doivent pas recevoir de coffres doivent être bordées, afin d’empêcher le terreau que l’on placera dessus de s’ébouler. Il y a plusieurs manières de border une couche, soit avec de forts tampons de paille, soit des fumiers longs, légèrement tordus, qu’on fixe avec de longues chevilles en bois ou en fil de fer.
Certains cultivateurs bordent avec une grande planche qu’ils placent de côté sur le bord de la couche. Le terreau est ensuite ramené au pied et fortement tassé, la planche est soutenue par des chevilles en fil de fer fort, ou en bois; c’est un bon moyen peu dispendieux.
Les Ados.
— Les ados sont des plates-bandes, inclinées au midi, qu’on établit successivement en plein carré, ou le long d’un mur. Lorsque l’on a fait choix de l’emplacement, on procède ainsi : le sol une fois bien labouré, on trace des lignes plus ou moins éloignées suivant la largeur à donner aux ados, de lm,50 à 2 mètres, puis avec la bêche on enlève la terre du devant pour recharger le derrière. On bat avec le dos de la pelle le haut qui forme glacis, pour y faire tenir la terre, ou mieux encore on la maintient par des planches, ce qui est préférable. L’inclinaison à donner aux ados est de 15 centimètres par mètre, on passe ensuite le râteau sur le tout, et on étend une certaine épaisseur de terreau.
Ce genre de travail est excellent, car avec cela on obtient une végétation plus hâtive que par la culture à plat et on est toujours sûr d’avoir de bons résultats ; c’est surtout pendant l’hiver et au printemps que les ados sont nécessaires.
Il n’y a guère qu’aux environs de Paris, dans le nord et l’est de la France que les ados sont utilisés avec succès. Dans le Midi, ils ne donneraient de bons résultats que pendant l’hiver, au moment des plus grands froids.