Culture de l’aubergine aujourd’hui :
Taille d’aubergine aujourd’hui :
Cette plante, ainsi que le fruit en raison duquel elle est cultivée, est connue sous une foule de noms différents; on la nomme aussi Albergine, Aubergine, Beringine, Bringèle, Buhème, Marignan, Mayenne, Mélanzane, Melongène, Mérangène, Morelle comestible, Œuf végétal, Véringeane, Viédase. Il y a quatre variétés d’aubergine, deux dont le fruit est rouge, l’un allongé, et l’autre rond; et deux de couleur jaune, l’une de forme ronde, et l’autre longue.
Planter l’aubergine
L’aubergine est peu cultivée dans le nord et dans le centre de la France, on ne peut obtenir des fruits passables que sur couche. On sème sous châssis en février: puis on repique très près, en pépinière, sur couche un peu moins chaude, pour repiquer encore une fois en pépinière, à plus grande distance, sur couche moins chaude encore. Ces repiquages sont nécessaires pour faire ramifier la racine, et fortifier la plante. Vers la fin d’avril, on met en place sur couche sourde, et l’on recouvre avec des cloches.
L’aubergine demande des arrosements fréquents. Pour accélérer la production des fruits, il est urgent d’appliquer à l’aubergine une taille analogue à celle du melon. On coupe la tige principale sur deux ou trois yeux au plus, afin de faire développer des bras. Les fleurs apparaissent sur les ramifications des bras; il faut donc pincer ceux-ci sur le septième ou huitième œil, pour forcer les ramifications à se développer. Indépendamment de ces soins, on enlève toutes les nouvelles tiges qui poussent sur le collet de la racine. Lorsque les fruits sont bien formés, on pince à deux nœuds au-dessus, et l’on supprime impitoyablement toutes les nouvelles pousses, pour concentrer l’action de la sève sur les fruits, afin de leur faire acquérir un volume remarquable, et de les faire mûrir plus vite.
Graine Aubergine
On réserve comme porte-graines les fruits d’aubergine qui mûrissent les premiers; les graines récoltées parfaitement mûres conservent pendant deux ans leurs facultés germinatives.
Culture de l’aubergine.
— L’aubergine se multiplie de graines, qu’on sème sur couche depuis janvier jusqu’à la fin de mars. On recouvre la graine d’environ un centimètre de terreau léger et bien tamisé; on arrose et on recouvre de panneaux; on peut même les laisser dans l’obscurité pendant que la germination s’opère, en mettant des paillassons sur les panneaux. Ordinairement, c’est en quatre-vingts ou quatre-vingt-dix heures que la levée se fait. A partir de ce moment, on enlève les paillassons, on ombre pendant les coups de soleil et on donne graduellement de l’air pour empêcher le plant de s’allonger par trop.
Environ quatre semaines après le semis, les jeunes plants auront suffisamment développé leur deuxième feuille. On les repique sur une couche tiède qu’on aura préalablement préparée, et chargée de 10 centimètres d’un bon mélange de terreau et de terre franche. On les dispose à 4 ou 5 centimètres les uns des autres.
Aussitôt le repiquage, on arrose et on les maintient étouffés pendant deux ou trois jours pour en faciliter la reprise. Ensuite, on donne de l’air chaque fois que la température le permet, et, vers le 20 avril, on peut enlever les panneaux, au moins dans le Sud-Ouest ; dans les contrées plus froides, il est préférable d’attendre le mois de mai, mais il faut donner beaucoup d’air.
L’aubergine réussit très bien, et de préférence aux expositions chaudes. On devra choisir dans le potager les carrés les mieux exposés pour l’y planter.
Dans une plate-bande bien abritée, le long d’un mur, elle réussit parfaitement, mais il faut des arrosages copieux en été, sans quoi on n’obtient que de petits fruits.
Ce n’est que dans la première quinzaine de mai qu’on peut mettre l’aubergine en pleine terre. Avant cette époque, le sol n’étant pas suffisamment réchauffé, les jeunes plants souffrent et restent sans manifester aucune végétation.
Pour la mise en place, on opère de plusieurs façons. Quelques maraîchers préparent le terrain à l’avance, sèment des radis, laitues ou autres légumes, et, lorsque le moment est venu de mettre les aubergines en place, ils plantent parmi les autres cultures. La récolte de ces plantes se fait avant qu’elles aient pu nuire aux aubergines. Le meilleur mode de plantation consiste à bêcher et à fumer copieusement le sol qu’on divise ensuite par planches de 1m10 de large. On trace trois rayons à chacune, en observant un sentier de 40 à 50 centimètres, puis on plante en échiquier à 40 ou 45 centimètres sur la ligne, avec la houlette, en conservant une bonne motte à chaque pied, ou avec un fort plantoir. On arrose aussitôt, et, quelques jours plus tard, on étend un bon paillis sur toutes les planches.
Les autres soins consistent en sarclages, binages et surtout en arrosages copieux pendant l’été ; les engrais liquides conviennent particulièrement à cette plante.
On rabat les ramifications les plus basses et on en laisse trois ou quatre des mieux placées qu’il faut pincer lorsqu’elles auront deux ou trois fleurs chacune.
C’est la meilleure taille à leur faire, l’expérience nous l’a prouvé.
Graines de l’aubergine.
— Quelquefois, lorsque l’année est pluvieuse en automne, l’aubergine mûrit difficilement ses fruits. Aussi, lorsqu’on veut en récolter la graine, il faut choisir de bonne heure les plus beaux fruits qu’on laisse bien mûrir sur pied jusqu’aux premières gelées, puis on les cueille, et lorsqu’ils commencent à pourrir, on en sort la graine qu’il faut laver et faire sécher à l’ombre. Elle se conserve bonne pendant quatre ans. D’après Vilmorin, un gramme contient environ 259 graines.
Maladies de l’aubergine, Animaux nuisibles.
— Quelquefois quelques pieds se flétrissent et se dessèchent presque subitement : c’est le blanc ou meunier, maladie cryptogamique, très connue des maraîchers, qui attaque les racines et détruit la plante; on n’a pas trouvé de remède efficace.
Quelquefois aussi l’uredo s’attaque aux feuilles et aux fruits et, sans détruire les plantations, porte un grand préjudice à la plante en arrêtant son développement. La bouillie bordelaise bien dosée est un excellent remède.
Les limaces et les escargots sont très friands des jeunes fruits qu’ils dévorent en partie en formant des arabesques bizarres sur la peau qu’ils semblent préférer à la chair. Il faut leur faire une chasse suivie afin de les détruire.
Usages.
— L’aubergine est un aliment laxatif et peu nourrissant, on ne devrait l’employer que lorsque les fruits sont parfaitement mûrs, sans quoi ils pourraient incommoder par leur âcreté, à cause de lusolanine qu’ils contiennent en assez grande quantité. Dans les pays méridionaux, on fait cuire l’aubergine sur le gril à petit feu, après l’avoir coupée par tranches. On l’imbibe peu à peu d’huile ou de beurre frais avec un peu de poivre et de sel, de l’ail et quelques herbes fines.
On peut aussi la faire cuire au four entre deux plats, c est un mets excellent. Dans nos contrées, on la mange frite à la poêle comme les cèpes, dont elle a, du reste, un arrière-goût, en ragoût, en sauce blanche, etc. On conseille, quelques heures avant de la faire cuire, de la saupoudrer de sel et de poivre afin de lui faire jeter son eau.
On peut aussi la faire sécher; on la coupe par tranches minces, on enlève la peau et la partie spongieuse. On la jette quelques minutes dans l’eau bouillante, puis on la retire pour l’étendre sur des claies ou du linge. On la met sécher au soleil ou à l’étuve, et, lorsque ces morceaux sont bien secs, on les conserve dans un endroit bien sain. Pour s’en servir, on les fait revenir dans l’eau tiède.
Les jeunes fruits peuvent se confire au vinaigre, comme les cornichons.