Origine. — Les Chinois l’appellent Sain-in. D’après le docteur Bretschneider, cette plante est indigène en Chine, car elle est mentionnée dans le plus ancien ouvrage de matière médicale, celui de l’empereur Schen Nung. D’après M. de Vilmorin, l’igname a été introduite en France en 1848, par M. de Montigny, consul de France à Shangaï.
Il y a plusieurs races d’igname, toutes cultivées et très estimées dans les pays chauds et particulièrement dans l’Inde, le Japon et la Chine.
Culture de l’igname de Chine.
— L’igname de Chine est peu cultivée en France au moins dans la culture courante, en raison de la grande difficulté qu’on a pour l’arrachage des tubercules qui se trouvent le plus ordinairement entre 60 centimètres et 1 mètre de profondeur.
Cette plante se multiplie de bulbilles qui naissent à l’aisselle des feuilles ; mais ce procédé ne donne pas d’aussi bons résultats que la multiplication par tubercules moyens de la grosseur de l’index environ, que l’on plante en entier; ces tubercules peuvent être mis en végétation, dès le mois de mars, dans des pots de 10 centimètres, qu’on place sur couches. En mai, on dépote et l’on plante en pleine terre ; de cette façon, on obtiendra des produits plus précoces et plus abondants. Autrement, la meilleure époque pour planter les tubercules est la première quinzaine de mai, pour les contrées tempérées, et en avril pour le Midi.
Le terrain où l’on se propose de planter doit être défoncé profondément et d’une bonne composition naturelle : il ne faut pas espérer obtenir de bons résultats dans un sol de mauvaise qualité. L’eau également ne doit pas manquer, et, si c’est possible, on ne devra point négliger d’irriguer, car la plante cesse de pousser quand l’humidité lui manque; cependant cette humidité ne doit pas être stagnante. Le terrain une fois préparé, on plante au cordeau ou l’on trace des lignes espacées de 40 centimètres les unes des autres. On plante à 25 centimètres sur la ligne, plus serré si l’on veut obtenir des tubercules plus petits. Une vingtaine de jours après la plantation, on les rame avec des branches de 1 mètre au moins, cela suffit pour que les tiges s’y enroulent, et, en même
temps, le binage s’effectue bien mieux que si les plantes traînaient sur le sol.
Dans le courant de l’été, on donne plusieurs binages, et en novembre on les arrache. Les tubercules, qui sont parfois très longs et gros, pèsent jusqu’à 1 kilogramme, se conservent très bien, à peu près comme les pommes de terre.
Graines d’igname de Chine.
— Dans nos contrées, les bulbilles qui naissent à l’aisselle des feuilles tiennent lieu de graines. On les récolte à l’automne, avant l’arrachage.
Maladies de l’igname de Chine, Animaux nuisibles.
— L’igname a comme ennemis naturels les escargots et les limaces, qui dévorent les jeunes tiges lorsqu’elles commencent à pousser. Les vers gris rongent quelquefois aussi les tubercules. La plante jaunit quelquefois vers le milieu de l’été, mais cela est occasionné par une humidité trop abondante ou le peu de richesse du sol en matières siliceuses.
Que faire avec l’igname de Chine.
— On consomme les rhizomes comme les pommes de terre, la chair est blanche, légère, farineuse et très agréable au goût.
Technique de paillage des plantations d’ignames en Guadeloupe :
Planter l’igname de Chine.
Les racines tuberculeuses de l’igname de la Chine ont à peu près la saveur de la pomme de terre; elles contiennent tout autant de fécule, et elles peuvent, comme la pomme, de terre, se prêter à toutes sortes de préparations culinaires.On multiplie l’igname de la Chine, en plantant en mars, sans plus de soins que n’en exige la culture bien comprise de la pomme de terre, soit des bulbilles, soit des tronçons de racines, soit enfin, ce qui est préférable, le collet des racines destinées à la consommation.
Les racines de l’igname de la Chine sont annuelles; laissées en terre, elles s’atrophient chaque année, mais seulement après avoir donné naissance à de nouvelles racines, qui prennent un développement d’autant plus considérable que l’on a employé pour la plantation des racines ou des portions de racines d’un plus gros volume. Il n’est pas rare néanmoins que dans les terres sablonneuses la plantation des bulbilles produise dès la première année des racines assez grosses pour pouvoir être arrachées et livrées à la consommation; mais, quelque concluant que puisse être un pareil résultat, comme on ne peut pas compter dans tous les terrains sur des produits bons à récolter la première année, il est prudent, lorsqu’on plante des bulbilles, de ne faire la récolte que la seconde année. Dans tous les cas, le rendement de l’igname de la Chine dépassera de beaucoup, la seconde année, ce que la même étendue de terrain aurait pu produire de pommes de terre.
D’après M. Paillet, en plantant les ignames de la Chine à 25 centimètres les unes des autres en tous sens, un are de terre peut produire 1,200 kilos. de racines; il est vrai que M. Rémont, à qui l’on doit les premières plantations en grand d’igname de la Chine qui aient été faites en Europe, dit n’en avoir récolté que 650 kilogrammes; ce qui, malgré la différence de ce chiffre avec celui de M. Paillet, représente encore plus de deux récoltes de pommes de terre.
L’igname de la Chine est tout à fait rustique et d’une culture facile; après la plantation, il n’y a pour ainsi dire plus à s’en occuper, jusqu’au moment de l’arrachage. Mais cette dernière opération est assez délicate, parce que, d’une part, les racines sont très cassantes, et que, de l’autre, elles plongent perpendiculairement en terre à une profondeur souvent considérable. Ainsi, pour faciliter l’arrachage, il est bon de façonner en billons les planches destinées à cette culture.
Quoique les tiges de l’igname de la Chine soient grimpantes, elles n’ont pas besoin d’être ramées et l’on peut les laisser ramper sur le sol; s’il arrivait même qu’elles prissent un trop grand développement, on pourrait sans inconvénient en donner une partie aux bestiaux, qui les mangent avec plaisir comme fourrage frais.
M. Decaisne ayant reconnu que les racines de l’igname de la Chine végétaient pendant tout l’hiver, même sous le climat de Paris, il vaut mieux ne pas tout arracher à l’automne et ne récolter qu’en proportion des besoins de la consommation.
Si l’on ajoute à tous ces avantages celui de la facile conservation des racines pendant cinq ou six mois hors de terre, sans aucune espèce de soins, on reconnaîtra que parmi les plantes alimentaires aucune ne se recommande par un ensemble de qualités précieuses comme celles qu’on trouve réunies dans l’igname de la Chine.