Semis et culture de la ciboule
Il y a trois espèces de ciboule : la ciboule commune, la ciboule de Saint-Jacques, et la ciboule vivace.
La ciboule commune, qui est annuelle ainsi que la seconde, est là plus généralement cultivée. Elle se sème depuis la fin de février jusqu’au mois d’août; et plus elle est nouvelle, plus elle est délicate: c’est pourquoi on en sème tous les mois pendant la belle saison; il faut néanmoins observer que la première semée est la meilleure pour passer l’hiver; celle qu’on sème en juillet et août est fort sujette à périr si on ne la couvre pas. Elle a, d’un autre côté, l’avantage, lorsqu’elle a résisté aux gelées, de se conserver bonne au printemps beaucoup plus longtemps que celle des premiers semis, qui monte en graine fort promptement.
La meilleure manière de la conserver et de la rendre plus profitable pour l’hiver, c’est d’en repiquer au mois de juin, de la première semence; quand elle est replantée plus tard, les vers en détruisent beaucoup. On dresse des planches, et l’on trace de petits rayons à 20 centimètres de distance; on en joint trois ou quatre pieds ensemble, et l’on espace les touffes d’une quinzaine de centimètres l’une de l’autre; enfoncées de 10 cm, ces petites touffes grossissent considérablement, et fournissent abondamment jusqu’au printemps.
Aux approches des gelées on en arrache une certaine quantité qu’on porte dans la serre, ou, à défaut de serre, on fait dans le jardin une tranchée de 15 à 20 cm de profondeur, et on l’enterre près à près en la couvrant de litière sèche en telle quantité que la gelée ne puisse pas y pénétrer, et qu’on puisse toujours avoir la facilité d’en retirer au besoin.
La ciboule réussit dans toutes sortes de terrains, pourvu qu’ils soient bien préparés. On sème la graine assez épaisse, on la herse bien après, et l’on donne un coup de râteau par-dessus si la terre est forte; on recouvre la planche de 2 à 3 cm de terreau, on l’arrose au besoin, et on la sarcle.
La ciboule replantée est la meilleure pour graine, parce qu’elle a plus de corps, et qu’elle fait sa tête plus grosse et mieux nourrie. Il faut par conséquent en réserver une planche, plus ou moins, qu’on laisse monter au printemps, et lorsque la tige est tout à fait formée, on la soutient avec des échalas. Lorsque la graine est mûre, et qu’elle commence à sortir de sa loge, on la coupe, et on la laisse encore quelques jours sécher au soleil, sur un drap.
La ciboule de Saint-Jacques a un avantage sur la commune : c’est que les vers ne s’y mettent point, et qu’elle supporte les froids les plus rigoureux; la fane seule sèche et périt dès le mois d août; mais elle repousse avec vigueur au printemps, et forme de grosses touffes qui fournissent abondamment. Sa culture est du reste la même que celle de l’espèce précédente, si ce n’est qu’elle ne se sème qu’au printemps.
La ciboule vivace ne porte point de graine, et ne se multiplie que de ses rejetons, qu’on détache des vieilles touffes, et qu’on replante de même au printemps ou en automne; elle se conserve bonne pendant dix ans. On la plante à 15 ou 20 cm de distance en tous sens, dans des planches préparées; un seul pied suffit, et en produit, dans le courant de l’année, dix à douze qu’on détache à mesure qu’on en a besoin, sans détruire la touffe en entier. Le peu qu’on laisse reproduit de nouveau; on peut en planter tous les ans de nouveaux pieds.
Outre ce mérite, elle a celui de pousser plus promptement que l’autre au printemps, quoiqu’elle se dépouille dans l’hiver. Pendant les fortes chaleurs de l’été sa fane se dessèche si on ne l’arrose pas exactement; mais elle reverdit en automne. Elle résiste enfin à toutes les intempéries des saisons, et fournirait sans discontinuation toute l’année, si on voulait y donner quelques soins pour l’entretenir en vigueur. Elle demande du reste la même culture que les espèces précédentes; on la serfouit de temps en temps, et on la nettoie de ses mauvaises feuilles, particulièrement à l’entrée du printemps. Ceux qui n’ont que cette espèce en arrachent aux approches des gelées, et la mettent à couvert soit dans la serre, soit dans une tranchée, comme je l’ai expliqué pour la ciboule commune.
Graine de ciboule
La ciboule est bisannuelle; la graine ne se récolte par conséquent que sur les plantes de deux ans; elle doit se garder dans les capsules; elle y conserve pendant trois ans ses facultés germinatives.
Culture de la ciboule.
— On multiplie la ciboule de graines que l’on sème en mars ou avril et en août, en place ou en pépinière dans une bonne terre, bien fumée et récemment labourée ; on recouvre peu la graine qu’on foule légèrement.
Si l’on a semé en pépinière, lorsque les jeunes pieds sont assez forts, on les repique en place soit par planches, soit en bordures, après toutefois en avoir rogné les racines, comme
on fait de l’oignon. On arrose légèrement pour faciliter la reprise ; les autres soins consistent en sarclages et binages, et en bons arrosages pendant l’été.
On peut aussi multiplier cette plante pour la division des tiges, qu’on conserve l’hiver sous un abri de feuilles, pour être plantée au printemps, mais comme elle monte à graine chaque année, et qu’elle en fournit beaucoup, il est préférable de la semer, elle est plus vigoureuse.
Dans les hivers rigoureux, on devra la couvrir de feuilles sèches ou de terre, et, si l’on veut ne pas en manquer, on placera les touffes sous châssis.
Variétés.
— Ciboule commune. — La plus générale- ment cultivée, rustique, à renflements allongés, d’un rouge cuivré, très productive, se développant rapidement.
Ciboule blanche hâtive. — Variété plus petite que la précédente dans toutes ses parties, à renflements plus courts, d’un blanc rosé; feuilles raides, courtes, d’un vert foncé et glauque. Elle est moins forte, et possède une saveur plus fine que la ciboule commune ; plus sensible aux froids.
Graines de la ciboule.
— La plante monte à graine la seconde année, et c’est en août qu’il faut la récolter; on la recueille et on la traite comme celle d’oignon. Elle se conserve bonne pendant trois ans; 30 grammes contiennent environ 9000 graines.
Maladies de la ciboule.
— La ciboule, quand elle se développe rapidement, est quelquefois sujette à s’échauffer comme l’échalote ; cette maladie est due au développement d’un champignon souterrain (Rhizoctonia) qui s’attaque aux racines et fait mourir les plantes. Il y a peu de remèdes à lui opposer; il faut arracher les touffes malades lorsqu’on s’en aperçoit.
Que faire avec la ciboule.
— La ciboule est d’un usage fréquent en cuisine, les feuilles sont employées comme condiments dans les salades, et dans les omelettes. Dans le Midi, les habitants des campagnes les mangent crues avec le pain.