L’anémone des fleuristes et l’anémone étoilée ou des jardins sont remarquables par la grande beauté de leurs fleurs assez durables, et par la variété de leurs couleurs, dont les plus estimées sont le bleu céleste, le bleu foncé et le nacarat.

Plantation des anémones

Afin d’obtenir des variétés curieuses, on sème les graines de celles des anémones simples dont les fleurs sont à la fois amples et de riche couleur. Ces graines doivent être semées en mars ou en avril sur une terre très légère et un peu amendée de terreau consommé; on recouvre de sept millimètres de terre légère ou de terre de bruyère, que l’on abrite d’un peu de mousse pour maintenir l’humidité de l’arrosement qui sera rare et peu considérable.
Afin de garantir ce semis délicat de l’ardeur du soleil, il faut étendre dessus des rameaux en feuilles ou une toile fort bien tendue. Ce n’est guère qu’au bout de deux mois qu’on voit lever les jeunes plantes qu’il faut tenir bien propres, en sarclant souvent et en détruisant les limaces. Au bout d’un an, on déplante à la fin de juin les jeunes anémones, on les sèche au grand air pour leur donner, en octobre ou en avril, une nouvelle terre, et on ne conserve que les plus belles variétés.

La terre la plus convenable pour l’anémone se compose de moitié terre franche grasse, d’un quart de terreau provenant de fumier de cheval, d’un demi-quart de terreau de bouse de vaches, et d’un demi-quart de terre de bruyère. Ce mélange doit être bien manié et passé à la claie. On en forme une planche de seize centimètres de profondeur, sur laquelle, soit en octobre, soit en avril, on établit au cordeau les griffes à la distance de vingt centimètres les unes des autres, que l’on ne recouvre de terre qu’autant qu’il en faut pour surpasser à peine l’œil de la plante. Il n’est pas inutile de semer de la suie en poudre sur la platebande, afin d’en écarter les limaces. Si la plantation se fait en octobre, il faut, à l’approche des gelées, jeter un peu de litière sèche, ou des feuilles, ou de la fougère, sur le jeune plant, afin qu’il ne souffre pas. Au printemps, il est à propos de sarcler, de biner et d’arroser fréquemment.

Pour jouir plus longtemps de la beauté de ces fleurs, on les met à l’abri du soleil et de la pluie au moyen d’une bâche ou grosse toile tendue à un mètre au-dessus.

Après la floraison, les feuilles se dessèchent par degrés. Aussitôt que cette dessiccation est complète, on retire de terre les griffes qu’on lave et qu’on nettoie des vieilles feuilles et de la terre ; ensuite on les étend à l’ombre à un grand courant d’air, afin qu’elles ne restent pas longtemps humides. On les laisse ainsi, pour qu’elles soient complètement desséchées et propres à être mises dans des sacs de papier, jusqu’au moment où on doit les remettre en terre. C’est à l’instant où elles viennent d’être lavées qu’il faut séparer les griffes enchevêtrées, pour multiplier cette belle plante.

Aux anémones dont nous venons de parler, il faut joindre l’anémone oeil de paon, de couleur cramoisie; l’anémone hépatique, à fleurs doubles, soit roses, soit bleues, plante charmante et petite qui fleurit à la fin de l’hiver. Il en existe deux variétés très jolies à fleurs simples et d’un effet agréable , dont l’une est bleue et l’autre blanche.

Les Anémones

Outre les espèces de collection, ce genre en contient plusieurs autres, qui sont encore d’agréables plantes de plate-bande ou de rocailles. Toutes sont vivaces comme l’anémone des fleuristes, mais, plus rustiques qu’elle, elles demandent comparativement peu de soins. Aussi ne les déplante-t-on guère que lorsqu’il s’agit de les multiplier par la division des touffes.

Les espèces les plus habituellement cultivées sont:

1° l’anémone hépatique (Anemone hepatica), charmante espèce indigène, commune surtout dans nos montagnes du centre et du midi, acaule, à feuilles trilobées et luisantes, dont les fleurs bleues, violettes, roses ou tout à fait blanches, sortent de terre en touffes serrées, en même temps que les feuilles et dès les premiers jours du printemps. La culture en a obtenu des variétés doubles ou pleines dans toutes les teintes que nous venons d’indiquer, excepté le blanc, ce qui est à regretter.

2° l’anémone pulsatille (Anemone pulsatilla) , plante printanière, commune sur les coteaux secs et rocailleux du centre de la France, à feuilles profondément découpées, velues, dont les tiges se terminent par une seule fleur, un peu grande, dressée, à demi ouverte, d’un violet foncé et velue extérieurement comme les feuilles.

3° l’anémone de printemps (Anemone vernalis ), plante des Alpes, vivace, velue, à fleurs blanches en dedans, violacées à l’extérieur.

4° l’anémone œil de paon (Anemone pavonina), superbe plante de Provence et d’Italie, à fleurs grandes, d’un rouge écarlate très vif.

5° l’anémone étoilée (Anemone stellala), des mêmes lieux que la précédente, en compagnie de laquelle on la trouve souvent, et dont elle diffère par de moindres proportions et par la teinte lilas de ses fleurs.

6° l’anémone de l’Apennin ( Anemone apennina), remarquable surtout par ses jolies corolles bleu d’azur.

7° l’anémone des Alpes (Anemone alpina), plante alpine, à tige dressée, à feuilles découpées, à fleurs grandes, blanches, rosées ou jaune de soufre.

8° l’anémone des bois (Anemone nemorosa), plante vulgaire sur les collines boisées de toute la France, à fleurs blanches, dont une variété pleine est seule estimée.

9° l’anémone du Japon (Anemone japonica), très belle plante exotique dont le nom indique la provenance, à tiges dressées, en touffes, hautes de 0m,50 à 0m,70 ou plus, à fleurs très grandes, simples, doubles ou pleines suivant les variétés, de couleur lilas carminé, quelquefois roses ou blanches, qui s’ouvrent en septembre et en octobre.

10° l’anémone élégante (Anemone hybrida, Anemone elegans), qui diffère de la précédente par une taille plus élevée, un feuillage plus grand et des fleurs moins vivement colorées.

Ces deux dernières anémones, également propres à la décoration des grands jardins fleuristes et des petits parterres, se recommandent surtout par leur floraison automnale.

Plusieurs autres espèces, telles que l’anémone à fleurs de narcisse (Anemone narcissiflora), l’anémone de Virginie (Anemone virginiana), etc., peuvent aussi être introduites dans la culture. Comme quelques-unes des précédentes, cependant, elles conviennent aussi bien à l’ornementation des rocailles et à la culture en pots qu’à celle des plates-bandes du jardin.