Culture du concombre aujourd’hui :
Culture du concombre comme nos anciens :
On cultive le concombre de trois manières, sous châssis, sous cloche, et enfin en pleine terre, à l’air, suivant l’époque où l’on veut le récolter.
Planter le concombre sous châssis
Les concombres de primeur se sèment sous châssis vers la fin de janvier, pour repiquer en pépinière sur une autre couche, aussitôt qu’ils peuvent être transplantés. On ombre pendant le soleil avec des toiles claires, et l’on couvre la nuit avec des paillassons. Trois semaines environ après, on les met en place sur couches chaudes, quatre pieds par panneau de châssis, et on les enterre jusqu’aux cotylédons pour leur donner plus de vigueur. Le concombre est sensible au froid, il demande à être bien couvert la nuit; on double, on triple la couverture de paillassons suivant la température, comme pour tous les châssis, et l’on donne de l’air toutes les fois que le temps le permet.
Lorsque la tige principale a quatre ou cinq feuilles, on la coupe avec un greffoir ou une serpette sur les deux premières feuilles afin d’obtenir deux branches latérales, que l’on pince à trois ou quatre feuilles. Il est bon de pailler la couche en entier en faisant la première taille. Les nouvelles branches sont pincées à leur tour de trois à cinq yeux. On conserve huit à dix fruits par pied. On choisit les mieux faits, on supprime ceux qui l’environnent, et l’on pince à deux feuilles au-dessus du fruit. Lorsqu’on a choisi les dix concombres à conserver, on pince toutes les branches qui s’allongent trop, et toutes les nouvelles pousses, afin de concentrer toute l’action de la sève sur les fruits. On obtient, par cette culture, des concombres en mai et juin.
Planter le concombre sous cloche
Pour la culture du concombre sous cloche, on sème vers la fin de mars sous châssis, puis on met en place, sur couche sourde et sous cloche, en avril. On donne de l’air toutes les fois que le temps le permet, et l’on couvre soigneusement la nuit avec les cloches, et au besoin on couvre les cloches avec de la litière. L’air est indispensable aux plantes, il est bon de les habituer progressivement à l’air et à la lumière, et de les découvrir entièrement dès qu’elles peuvent supporter le soleil.
On taille de même que sous châssis, mais en allongeant la taille d’un ou deux yeux, suivant la vigueur du plant. Les concombres de cloches donnent depuis juin jusqu’en août.
Plantation de concombre en pleine terre
Pour cultiver en pleine terre et à l’air, on fait un trou de 40 centimètres de profondeur, et de 50 de diamètre que l’on emplit de fumier, on couvre ce fumier de 20 centimètres de terreau, et l’on sème en place, en mai, à l’air libre. On taille comme nous l’avons indiqué, et l’on obtient des concombres en août et septembre.
Les concombres à cornichons se cultivent en pleine terre, comme je viens de l’indiquer, la taille seule diffère. On coupe la tige principale sur trois feuilles pour obtenir trois branches latérales qu’on laisse s’allonger à volonté ; on les étend soigneusement sur le paillis, de manière à ce qu’elles ne s’entrelacent pas. On enlève les cornichons tous les jours, ce qu’il ne faut jamais manquer de faire, car le surlendemain, ils sont trop gros pour pouvoir être employés. Tous les concombres demandent à être copieusement arrosés.
Origine. — Plante annuelle, originaire de l’Inde, où on la cultive depuis plus de trois mille ans; a été introduite en Chine deux siècles avant l’ère chrétienne.
Le concombre est une plante rampante, à tiges anguleuses, rudes au toucher et flexibles; les feuilles alternes sont à angles droits ou découpées peu profondément; les fleurs sont jaunes, monopétales, découpées en cinq divisions à peu près égales, solitaires, ou plus souvent par paquets de sept, huit, ou plus, selon les variétés ; ce sont principalement les fleurs mâles qui se trouvent groupées ainsi et en plus grand nombre; mais il y a toujours une fleur femelle qui se reconnaît à l’ovaire déjà formé avant l’épanouissement de la fleur. Celle-ci est composée d’un style à trois stigmates, de trois à quatre étamines sans anthères. Les fleurs femelles naissent le plus souvent solitaires, quelquefois géminées. Le fruit est cylindrique, oblong, lisse ou garni de protubérances terminées par une épine parfois assez piquante. L’écorce est jaune, verte ou jaunâtre; la chair est ferme, transparente, aqueuse.
Culture du concombre.
— La culture du concombre est à peu près la même que celle du melon auquel il ressemble par ses caractères botaniques. Il réussit dans les divers sols bien préparés et riches en engrais, mais il semble se plaire mieux dans les terres douces et légèrement humides.
On commence à semer les premiers concombres en pleine terre, depuis la fin de mars jusqu’en juin dans une terre préalablement bien préparée. Cette terre se prépare de plusieurs façons. Certains cultivateurs font des trous de 30 à 40 centimètres carrés, autant de profondeur, et à 1m20 de distance. Ces trous sont remplis de bon fumier chaud qu’on foule fortement, on recouvre ce fumier de quelques centimètres de terre et on sème. Ce procédé n’est pas nouveau, mais il donne d’assez bons résultats surtout dans les terres un peu fortes, car par ce moyen on ne remue que peu de terre à la fois.
Le procédé le plus généralement employé consiste à ouvrir des tranchées, larges de 25 à 40 centimètres, profondes de 20 centimètres. On les remplit de fumier frais ou demi-consommé, on le tasse bien et on recouvre ensuite avec la terre la plus meuble qu’on aura sortie de la tranchée; on la remue et on l’écrase de nouveau avec la bêche. On passe le râteau sur le tout pour former une sorte d’ados, et on sème sur le sommet de cet ados, après toutefois avoir formé une petite cuvette à l’endroit où devront être placées les graines; mieux encore on y trace un petit rayon avec la binette, on sème sur toute la ligne et on recouvre avec du terreau tamisé mélangé de moitié de terre, cette précaution est indispensable pour les terres fortes si l’on veut avoir de bons résultats.
On peut aussi semer en pots de 10 centimètres qu’on place sur couches chaudes et sans châssis; lorsque les sujets ont développé leurs deux premières feuilles, ont met en place dans un terrain bien préparé. Ce moyen est bon : les plantes, ainsi élevées, produisent plus tôt que les semis faits en place, mais elles produisent moins : nous en avons fait les essais comparatifs.
Quand on a de bons sols à sa disposition, c’est-à-dire suffisamment fumés et frais, on opère d’une autre façon. Une fois que le terrain a été bien labouré et fumé, on trace avec la binette des rayons profonds de 8 à 10 centimètres et à 1m50 les uns des autres, on ramène la terre du bord des rayons sur le milieu, où doit se trouver le sentier, de façon à ce que celui-ci soit élevé; en passant le râteau, on brise les mottes; à 50 centimètres de chaque côté du rayon principal, on trace une petite ligne pour y planter des Romaines qui seront enlevées avant de nuire aux concombres; on sème,
sur la ligne, les graines à 10 centimètres les unes des autres, on recouvre avec le mélange indiqué plus haut, ou la terre si elle est suffisamment fine, et on arrose. Vers la fin d’avril on peut tenter avec succès cette façon d’opérer.
Lorsque les jeunes sujets auront développé leur quatrième feuille, nous conseillons de les pincer, car ce premier pincement ne tarde pas à provoquer l’émission de quatre nouvelles branches, qui s’allongeront sensiblement avec la vigueur qui leur est propre. Ces bourgeons eux-mêmes seront pincés à leur troisième feuille, il en résultera une nouvelle série de branches qui seront abandonnées à elles-mêmes, on rognera cependant l’extrémité de celles qui se développeraient outre mesure.
Les autres soins consistent à arroser, pendant la période des chaleurs ; on bine, on sarcle et on étend un bon paillis sur la surface des planches ou tout au moins autour des pieds.
Quand on cultive les concombres pour en faire des conserves, il faut qu’ils soient cueillis petits et verts. On doit faire la cueillette tous les deux jours, et ne jamais laisser grossir les fruits si l’on a l’intention d’en cueillir de petits, parce que la récolte serait vite épuisée; il vaut mieux en marquer quelques pieds dont on laisse grossir tous les fruits.
On peut, avec quelques soins et du temps, ramer les concombres comme on rame les pois; mais avec des branches garnies de nombreuses ramifications. On facilite la première ascension des tiges en les attachant avec du jonc, elles se cramponnent ensuite d’elles-mêmes par leurs vrilles.
On peut aussi les dresser en espalier, comme cela se pratique en Angleterre et en Russie et les diriger comme on le veut, car ils se prêtent bien à toutes sortes de formes, pourvu qu’on ait le temps de souvent les visiter. En effet, toutes ces méthodes sont plutôt pour un amateur que pour un maraîcher, qui, à cette époque, est accablé de travaux.
En Angleterre où l’on cultive beaucoup le concombre, on y consacre des serres spéciales, les tiges sont attachées à quelques centimètres du verre sur des treillages, et lorsque toute la serre est garnie, l’effet produit par les fruits qui pendent de tous côtés est tout à fait original.
Taille du concombre
Quand le concombre a pris quatre ou cinq feuilles, on pince sa tige au sommet, au-dessus de la seconde feuille. Ce pincement provoque la naissance de deux branches latérales qui, lorsqu’elles sont à leur tour suffisamment développées, sont taillées au-dessus de leur quatrième ou cinquième feuille. Toutes les branches qui naissent après la deuxième taille sont également taillées plus tard à la même longueur. Alors, les fruits étant noués en nombre plus que suffisant, on fait choix des plus beaux et des mieux placés, et l’on supprime le reste.
Dans les jardins au sol naturellement humide, il est utile de donner aux concombres des rames pour soutien, comme on en donne habituellement aux pois et aux haricots, afin que les fruits ne posent pas sur la terre.
On peut également cultiver les concombres et les cornichons au pied d’un mur, à l’exposition du midi, comme des plantes d’espalier; pourvu que le fumier et l’eau ne leur manquent pas, ils y végéteront rapidement et donneront de meilleurs produits que si les tiges, selon l’usage ordinaire, s’étendaient dans tous les sens, en rampant sur le sol.
On cultive généralement trois variétés de concombres, connues sous les noms de Concombre blanc, Concombre vert long et Cornichon. Ce dernier, plus rustique que les autres, n’a pas besoin d’être taillé. Ses fruits devant être cueillis presque aussitôt qu’ils sont noués, il importe que les branches de la plante s’allongent librement pour qu’elles portent le plus grand nombre possible de fruits. Du reste, la culture du concombre-cornichon est la même que celle des autres concombres.
Graines de concombre.
— Pour avoir de bonnes graines on fait choix de quelques pieds. Quand les fruits caractérisent bien la variété, on marque avec des tuteurs, on y ajoute des étiquettes
On laisse ces fruits sur pieds, jusqu’à ce qu’ils commencent à pourrir, on en sort la graine qu’on met dans un linge et qu’on lave à grande eau. On met sécher à l’ombre. Elle se conserve bonne pendant huit années. 30 grammes contiennent environ 1500 graines, le litre pèse 500 grammes.
Maladies du concombre, Animaux nuisibles.
— Outre les limaces et escargots qui en sont avides, surtout lorsqu’ils commencent à pousser et auxquels il faut faire la chasse, les concombres sont atteints d’une maladie parasitaire, une espèce de meunier. C’est un petit champignon microscopique qui se développe à la face inférieure des feuilles et qui les couvre de poussière blanche ou jaunâtre. Les plantes atteintes de cette maladie seront arrosées pendant quelques jours avec une dissolution de chaux et de sulfate de cuivre ; si la maladie persiste, on enlève les feuilles les plus malades et on les brûle. Cette maladie s’attaque de préférence aux plantes étiolées et chétives, et surtout à celles qui manquent d’eau.
Que faire avec le concombre.
— Le concombre est depuis longtemps employé comme aliment : sa chair est blanche, peu sapide, peu nutritive, et ne convient qu’aux estomacs robustes. On en fait une grande consommation dans les pays chauds, à cause de ses propriétés rafraîchissantes, mais un peu laxatives.
On le mange cru, en salade, fortement assaisonné, ou bien cuit au maigre ou au gras, et arrosé de jus de viandes rôties : cru, il est indigeste ; cuit, il rafraîchit.
Les premiers fruits, cueillis avant leur maturité et confits dans le vinaigre avec divers aromates, sont connus sous le nom de cornichons, et fréquemment servis sur les tables pour exciter l’appétit.
La pulpe du concombre entre dans la composition de la pommade de concombre, cosmétique qui passe pour avoir la propriété d’adoucir la peau. On les associe aux amandes douces pour faire des émulsions calmantes et rafraîchissantes.
Variétés.
— Concombre vert, petit de Paris. — Plante vigoureuse, produisant beaucoup, très appréciée des confiseurs, petits fruits d’un beau vert. Excellente variété pour la cueillette en vert. Cultivée généralement partout.
Concombre jaune gros. — Variété rustique, productive, donnant de beaux fruits, bonne pour la cueillette en vert, généralement cultivée un peu partout.
Concombre vert très long de Chine. — Variété encore peu connue, nouvelle, assez productive. Cueilli jeune, le fruit est long, vert, portant quelques épines. Convient particulièrement pour confire.
Concombre vert long ordinaire. — Très bonne variété pour la pleine terre, donnant un assez bon rendement, fruit long, vert et de bonne qualité.
Concombre blanc très gros de Bonneuil. — Ancienne variété à fruit très gros, très productive, peut-être la plus rustique, cultivée en grand aux environs de Paris pour la parfumerie. Convient peu pour la cueillette en vert, en raison de la couleur jaune de ses fruits.
Concombre brodé de Russie. — Variété hâtive, donnant des petits fruits de couleur jaune terne, parsemés de petites lignes grisâtres, ce qui leur donne un aspect sale; peut se cultiver pour la cueillette en vert.
Concombre vert long d’ Athènes. — Vigoureux, trapu, fruits longs, gros, se conservant bien, très rustique et assez productif.
Concombre Rollisons telegraph. — Variété obtenue par un jardinier anglais, M. Walkelni, jardinier-chef du Manor-house à Tooting, très estimée en Angleterre où elle est le plus généralement cultivée ; fruits longs, hâtifs, croquants; convient pour la culture forcée.
Concombre Fournier, vert long, fin hâtif. — Variété nouvelle, très vigoureuse et assez précoce; fruit long, peu épineux, vert, très bon pour la pleine terre et pour confire.
Concombre à cornichon fin de Meaux . — Variété nouvelle, encore peu répandue, très productive, hâtive, très bonne pour confire.
Concombre à cornichon amélioré de Bourbonne. — Variété nouvelle, très productive, fruits longs, fermes, verts, très bons pour confire.
Cornichon gros, vert, hâtif. – Variété nouvelle, de grande production, fruits verts, oblongs, un peu allonge, très bons pour confiseurs.
On cultive également les variétés suivantes :
Concombre jaune hâtif de Hollande. — Concombre blanc hâtif. — Concombre blanc long parisien.
Parmi les meilleures variétés anglaises, nous mentionnerons :
Concombre vert long (Gladiateur). — Concombre vert long de Munroë. — Concombre vert demi-long de Bedfordshire. — Concombre vert long duc de Bedfort. — Concombre Pikes défiance. — Concombre vert long Man-of-Kant. — Concombre vert Duke of Edinburgh. — Concombre vert long Docteur Livingstone. — Concombre vert long Marquis of Lomé. — Concombre vert Tender and True.
Nous citerons quelques autres variétés d’origine diverse.
Concombre vert long géant de Quedlembourg. — Variété qui en pleine terre ne nous a pas donné de bien beaux résultats.
Concombre vert plein de Toscane. —Variété très bonne pour le Midi.
Concombre vert Goliath. —Concombre Boston pickling. — Concombre vert long de Cardiff. — Nouvelle variété encore peu connue, produisant des fruits de 30 à 40 centimètres de longueur.
Presque toutes ces variétés ne donnent pas de bons résultats dans le nord de la France, cultivées en pleine terre.