Semis de pavot aujourd’hui :
Culture du pavot oléagineux comme nos anciens :
1. Le pavot, papaver somniferum, est, après l’olive, celle de toutes les plantes oléagineuses qui donne la meilleure huile. Il ne souffre point des insectes, qui causent tant de préjudice aux navettes et aux colzas et la maturité ne fait point éclater les capsules qui renferment la graine, et sa fleur fournit aux abeilles une nourriture très abondante.
2. Le pavot réussit dans les mêmes lieux que les céréales.
On le cultive même dans des endroits comme la Carinthie, sur les montagnes les plus élevées, à plus de 1000 mètres au dessus du niveau de la mer. Il y est d’une beauté remarquable.
3. Le pavot demande une terre meuble et très riche.
La terre se prépare pour le pavot, de la même manière que pour le lin, c’est-à dire qu’on la laboure deux fois en automne, et une fois au printemps. Les deux premiers labours, qui remplissent l’objet des jachères, nettoient la terre et la disposent en sillons relevés, pour qu’elle soit mieux exposée à l’action de l’atmosphère pendant l’hiver. Au printemps on fume, et l’on donne un labour profond pour enterrer l’engrais et ramener à la surface une terre neuve. On passe ensuite plusieurs fois la herse avant les semailles, et une ou deux fois la herse et le rouleau le jour même où l’on a semé, en ayant soin de ne recouvrir la graine que d’une couche légère. On répand ensuite l’engrais, qu’on mêle avec la surface au moyen d’une herse légère.
4. Le pavot réussit d’autant mieux qu’il a été semé plus tôt. On peut cependant le semer encore à la fin d’avril.
On peut semer le pavot en mars, sur la neige : on prétend que, si celle-ci couvre la terre uniformément, cette manière de semer réussit à merveille.
5. On le sarcle et on le houe pendant sa végétation.
En Flandre, lorsque les jeunes plants ont atteint 5 cm de hauteur, on les sarcle, on les nettoie avec un instrument nommé rosette, et on les éclaircit de manière qu’ils soient au moins à 20 cm de distance les uns des autres. On les sarcle encore plusieurs fois à des intervalles plus ou moins rapprochés.
Les pavots se récoltent à la fin d’août, un peu avant leur parfaite maturité; on les arrache à la main, et l’on en forme des bottes qu’on range verticalement et en ligne, après en avoir écarté les pieds pour leur donner de la stabilité.
6. Un hectare de pavot donne par la culture ordinaire de 10 à 16 hectolitres de graine.
7. L’hectolitre de graine de pavot pèse de 60 à 76 kilogrammes, et donne de 16 à 27 kilogrammes d’huile.
La graine de pavot donne plus ou moins d’huile, et est plus ou moins lourde, suivant qu’elle fut plus ou moins formée.
Le pavot : variétés et culture
Genre type de la famille des papavéracées, comprenant quelques espèces ornementales remarquables par la grandeur de leurs fleurs ou leur vive coloration. De ce nombre sont le coquelicot ou pavot des moissons ( Papaver Rhœas), plante annuelle, des plus vulgaires, à fleur rouge ponceau, dont la culture a tiré de très belles variétés doubles ou semi-pleines, et dont le coloris varie du rose pâle au rouge foncé.
Le pavot des jardins ou pavot somnifère (Papaver somniferum), annuel, originaire de la Perse ou de l’Inde, haut de 1 m et plus, mais dont certaines variétés naines ne dépassent pas 50 cm, à feuillage glauque et très élégamment lobé et découpé, à fleurs grandes, roses, ardoisées ou violacées, parfois toutes blanches. Cette belle espèce, cultivée en Orient, et même en France, comme plante médicinale ou industrielle, et dont on extrait l’opium du commerce, a aussi donné des variétés doubles recommandables :
le pavot de l’Altaï (Papaver nudicaule), espèce vivace des montagnes de l’Asie centrale, à feuilles finement découpées et à fleurs jaune orangé; la culture florale en a fait naître de très belles variétés à fleurs pleines, et dont la floraison est automnale;
le pavot d’Orient ou de Tournefort (Papaver orientale), espèce vivace, du Caucase, hérissée de gros poils rudes, à fleurs grandes, d’un rouge écarlate vif;
enfin, le pavot de Sibérie ( Papaver bracteatum), vivace et presque semblable au précédent, mais plus fort, à fleur de moitié plus grande et d’un rouge plus foncé.
A ne considérer que le point de vue horticole, on ne doit pas séparer des pavots diverses d’autres papavéracées qui en ont été distinguées génériquement par les botanistes, quoiqu’elles en soient très voisines et qu’elles en aient le port et les fleurs. De ce nombre sont : le pavot jaune des Pyrénées ou pavot cambrique (Papaver cambricum, Meconopsis çambrica), plante indigène, vivace, à fleurs jaune vif, de moyenne grandeur; le pavot de Wallich (Meconopsis Wallichii), de l’Himalaya, analogue au précédent, mais à fleurs bleu d’azur; enfin, le pavot à feuilles simples (Meconopsis simplicifolia), aussi de l’Himalaya et vivace, à feuilles simples, à fleurs d’un bleu foncé qui tourne au violet et au rose près du bord des pétales, avec tout le faisceau des étamines d’un jaune orangé, ce qui produit un contraste des plus agréables à l’œil.
Ces trois espèces, auxquelles on pourrait ajouter le pavot de Cathcart (Cathcarlia villosa), jolie plante des montagnes de l’Inde, à fleurs jaunes et étamines orangées, sont plus propres à décorer les rocailles humides que les plates-bandes d’un parterre, où on peut néanmoins les cultiver avec succès, si la terre en est un peu fraîche et surtout additionnée de terreau végétal.
Malgré l’éclat de leurs fleurs, les pavots ne peuvent être considérés que comme des plantes de second ou de troisième ordre, et cela principalement à cause de leur peu de durée. Les variétés doubles de coquelicot, cultivées en massifs, brillent d’un grand éclat pendant un petit nombre de jours, après quoi elles laissent la planche dégarnie, ce qui est un grave défaut dans la culture d’un parterre; le même inconvénient ne se produirait pas si elles étaient disséminées sur une plate-bande, au milieu d’autres plantes, plus durables. La caducité des pétales du pavot somnifère est encore plus grande; aussi a-t-il été abandonné par beaucoup de fleuristes. Les pavots d’Orient et involucré pèchent de la même manière, mais à un moindre degré, et comme ils sont vivaces et en fortes touffes, il y a une succession de fleurs assez prolongée pour les rendre recommandables; toutefois, à cause de leur développement et de la grandeur de leurs fleurs, ils conviennent mieux, le second surtout, aux grands jardins et aux jardins paysagers qu’aux simples parterres. Le pavot jaune des Pyrénées mérite à peine d’être classé parmi les plantes de troisième ordre.
Semer le pavot
Tous les pavots se multiplient de graines semées au printemps et en place, s’il s’agit des espèces annuelles. Les espèces vivaces se sèment aussi à la même époque, mais ordinairement en pépinière, pour être repiquées en place vers le milieu de l’automne ou au printemps suivant. Elles ne fleurissent d’ordinaire que la seconde année.