Variétés et culture des Phlox

Genre de polémoniacées du nord de l’Amérique et de l’Asie orientale, composé de plantes la plupart vivaces, rustiques, à fleurs régulières, blanches, roses ou pourpres, souvent rapprochées en panicules ou en corymbes ombelliformes. Plusieurs de ces plantes ont été introduites dans l’horticulture européenne dès le milieu du XVIII ème siècle, et depuis lors elles ont toujours été considérées comme étant de premier ordre. Elles se sont d’ailleurs beaucoup embellies par la culture, et les variétés en sont déjà si nombreuses qu’on pourrait presque les mettre au nombre des plantes de collection.

Parmi ces variétés plusieurs sont d’origine hybride, par conséquent intermédiaires entre les espèces qui leur ont donné le jour, ce qui rend ces dernières souvent difficiles à bien reconnaître. Ces espèces sont principalement:

1° Le phlox acuminé (Phlox acuminata), plus connu dans les jardins sous le nom de Phlox decussala, plante à feuilles lancéolées, à tiges dressées, hautes de 70 cm à 1 m, terminées par un large corymbe arrondi de fleurs rose lilas. Il a produit un très grand nombre de variétés, les unes directement, les autres par voie d’hybridation avec les espèces voisines, et la plupart décorées d’appellations particulières. Ces variétés réunissent tous les tons et toutes les combinaisons de coloris, depuis le blanc pur jusqu’au pourpre foncé et au violet. Très souvent deux couleurs, ou deux teintes prononcées de la même couleur, sont réunies sur la même fleur, en stries, en panachures, et quelquefois en étoile à cinq rayons ou en macules cunéiformes sur chaque lobe de la corolle. Tel est en particulier le phlox Van Houtte, obtenu en Belgique dans ces dernières années.

2° Le phlox pyramidal (Phlox pyramidalis, Phlox maculata), à tiges dressées, presque simples, tachetées de brun, hautes de 80 cm à 1 m et plus, terminées par une panicule oblongue ou pyramidale de fleurs lilas pourpre, très odorantes. Croisé par le phlox acuminé, qui en est d’ailleurs voisin, le phlox pyramidal a, comme lui, donné naissance à beaucoup de variétés, dont une à fleurs blanches a été décrite à tort comme espèce distincte, sous le nom de Ph. suaveolens.

3° Le phlox paniculé (Phlox paniculata), du nord de l’Amérique comme le phlox acuminé, dont il est aussi fort voisin par le port, la taille et l’aspect. Ses tiges, hautes de près d’un mètre, se terminent par un volumineux bouquet, ou panicule ramassée, de fleurs lilas, très odorantes, un peu plus longuement lubuleuses que celles des espèces précédentes, avec lesquelles il a donné aussi de nombreuses variétés hybrides.

4° Le phlox de Drummond ( Phlox Drummondi), du Texas. Plante annuelle, à tiges décombantes, hautes de 30 à 40 cm, à feuilles simplement ovales. Ses fleurs, plus grandes que celles des autres phlox et rapprochées en petits corymbes au sommet de pédoncules axillaires, sont d’une belle teinte rose pourpre, quelquefois rose ou toutes blanches. Par simple variation, et sans croisement avec d’autres espèces, le phlox de Drummond a aussi donné naissance à diverses variétés, les unes unicolores, les autres panachées ou cerclées de deux couleurs, et généralement très belles et très recherchées.

Outre les espèces que nous venons de décrire sommairement, on en trouve encore quelques autres, de moindre importance, dans les jardins fleuristes. Tels sont le phlox à feuilles ovales (Phlox ovata), à fleurs roses; le phlox printanier ( Phlox verna), plante basse, à fleurs rose carmin , qui est particulièrement propre à la plantation en bordures; le phlox à feuilles subulées (Phlox subulata), espèce vivace très florifère et très belle, à tiges décombantes; à feuilles linéaires, étroites, aiguës ou subulées; à fleurs axillaires ou terminales, rose pourpre, souvent étoilées de pourpre foncé au centre; cette espèce, comme la suivante, ne réussit qu’en terre de bruyère; Le phlox à feuilles étroites ( Phlox setacea), très voisin du précédent et presque aussi bas que lui, et s’employant aux mêmes usages; enfin, le phlox suffruliqueux (Phlox suffrulicosa), dont on a obtenu il y a une vingtaine d’années de jolies variétés, devenues aujourd’hui fort rares dans les jardins.

Culture des Phlox

Tous les phlox sont des plantes de parterre, mais ceux de grande taille, comme les variétés vaguement désignées sous le nom de Phlox decussata, et qui, ainsi que nous l’avons dit plus haut, sont la plupart des produits hybrides de deux ou trois espèces, conviennent tout aussi bien aux grands jardins, où on en peut faire des massifs éblouissants.

Leur culture est des plus faciles : ils viennent dans tous les terrains et à toutes les expositions; ils réussissent mieux cependant lorsqu’ils sont en bon sol et dans un site largement ouvert aux rayons du soleil. On les multiplie de graines, de boutures et d’éclats du pied. Les boutures se font au printemps ou en automne; et pour se procurer de jeunes pousses dans cette dernière saison, on retranche, dans le courant du mois d’août, l’extrémité des tiges, qui, ainsi tronquées, ne tardent pas à émettre des bourgeons de l’aisselle de presque toutes leurs feuilles. Ce sont ces bourgeons qui servent de boutures. On les plante soit dans des godets, soit en pleine terre, et on les recouvre d’une cloche. On peut aussi multiplier les phlox par couchage des branches dans le sol, en août et septembre. Moyennant quelques arrosages, ces branches ne tardent pas à s’enraciner à tous les nœuds qui sont en terre. La division des pieds est un moyen du reste presque aussi expéditif de multiplication et tout aussi sûr. Le phlox de Drummond, qui est annuel, ne se multiplie que de graines ou de boutures.

Semis de Phlox

Les semis de phlox se font pour ainsi dire toute l’année : au premier printemps, sur couche chaude et sous châssis; du 15 avril au 15 mai, en pleine terre, et souvent même en place lorsqu’il s’agit des petites espèces ou variétés de plate-bande. Néanmoins l’époque la plus favorable est l’automne, à partir du 1er septembre. Le plant est alors repiqué en pots ou en terrines et hiverné sous châssis dès que les froids commencent à se faire sentir; mais les espèces vivaces passent très bien l’hiver en pleine terre, sous le climat de Paris, avec une couverture de paille ou de feuilles sèches, à la condition toutefois que la terre soit saine et ne retienne pas l’eau des pluies. Les plantes hivernées sous châssis doivent être découvertes toutes les fois que le temps est doux; on les met en place dans le courant d’avril, et on leur donne de copieux arrosages lorsqu’elles sont dans toute la force de leur végétation, et surtout lorsqu’elles s’apprêtent à fleurir.