Variétés de Violettes
( Viola). Plantes indigènes et souvent montagnardes, vivaces, constituant le genre type de la famille des violacées; à tiges ordinairement courtes et à demi enfouies dans la terre, quelquefois sous-frutescentes; à feuilles cordiformes ou ovales, formant des touffes plus ou moins fournies. Les fleurs, solitaires au sommet de pédoncules nus et grêles, souvent moins longs que les feuilles, sont irrégulières, un peu en forme de capuchon, petites ou tout au plus moyennes. Leur couleur dominante est le violet, quelquefois affaibli jusqu’au bleu pâle et au rose; mais il y a aussi des violettes blanches par décoloration et des espèces à fleurs jaune vif.
Une espèce est célèbre dans ce genre, c’est la violette proprement dite ou violette odorante (Viola odorata), la rivale du réséda et aussi populaire que lui. Indigène de toutes les provinces de la France, on la trouve le long des haies, au pied des vieux murs et à la lisière des bois, fleurissant aux premiers rayons du soleil printanier et embaumant l’air de son parfum. Trop modeste d’aspect pour pouvoir prendre rang sur les plates-bandes du parterre, elle est ordinairement reléguée dans les coins négligés, où on ne la visite que pour cueillir ses fleurs. Ces dernières n’ont en effet d’autre usage que d’entrer dans la confection des bouquets. Mais sous ce rapport aucune autre plante ne l’égale, et ses fleurs coupées sont dans toute l’Europe l’objet d’un actif commerce.
La violette a produit naturellement une variété blanche, qu’on rencontre dans les mêmes lieux et presque aussi fréquemment que la variété ordinaire. Soumise depuis longtemps à la culture et dans des pays très différents de climat, elle a donné naissance à des variétés horticoles plus remarquables que la forme sauvage, blanches, bleues ou roses, les unes simples, les autres doubles.
Une des plus intéressantes est la violette des quatre saisons, dont le grand mérite est de fleurir d’une manière presque continue et en toute saison, mais surtout en automne et en hiver, à la condition d’être mise à l’abri du froid. Elle a donné des sous-variétés doubles, blanches et violettes, tout aussi parfumées qu’elle et aussi florifères.
On considère encore comme variété de la violette ordinaire la violette de Parme, à fleurs un peu plus grandes, mais caractérisées surtout par leur couleur qui est le bleu pâle un peu gris. Il en existe des sous-variétés doubles, plus habituellement cultivées que les simples. Cette belle race, à floraison hivernale et très parfumée, fournit une large part des bouquets d’hiver qui s’exportent en si grand nombre de Provence et de la riviera de Gènes dans toutes les parties de l’Europe. Peut-être faudra-t’il considérer comme différente spécifiquement de la violette de Parme la violette parfumée ( Viola suavissima), des horticulteurs de Grasse et de Nice, qu’on dit très supérieure à cette dernière et à toutes les violettes connues par l’excellence de son parfum.
Après la violette et la pensée on ne trouve plus dans ce genre que des espèces très secondaires, mais qui ont encore une certaine utilité comme plantes d’agrément. Nous nous bornerons à en citer deux : la violette de l’Altaï. ( Viola altaica), espèce voisine de la pensée des jardins, à fleurs un peu grandes, d’un violet bleuâtre, avec une macule jaune dans la gorge; et la violette bigarrée ( Viola cucullata), espèce américaine, dont les fleurs bleues sont rayées de blanc. Ces deux plantes font quelque effet sur les plates-bandes, plantées en lignes ou en bordures, mais, comme elles sont en définitive inférieures aux pensées communes, elles sont peut-être encore mieux à leur place sur les rocailles.
Culture de la violette
Toutes les violettes peuvent se multiplier de graines, et comme elles se ressèment d’elles-mêmes là où elles sont cultivées, on peut se borner à prendre les pieds qui ont levé spontanément autour des plantes mères.
Cependant, plus habituellement on procède à la multiplication par divisions des souches, lorsque celles-ci sont assez vigoureuses pour endurer cette mutilation, ou par la séparation des coulants sur les espèces qui en produisent. Ces opérations peuvent se faire pour ainsi dire en toute saison, mais avec plus d’avantage au premier printemps que dans le reste de l’année. La culture ordinaire n’offre d’ailleurs aucune difficulté. Les violettes une fois plantées et reprises, il devient presque superflu de s’en occuper.
Il en est autrement dans la culture commerciale, car les violettes, celle des quatre saisons surtout, qui fournit la majeure partie des bouquets d’hiver, ont été soumises au forçage, pratiqué en grand par quelques horticulteurs. Ici il s’agit d’obtenir des plantes fleurissant tout l’hiver, et assez abondamment pour fournir à la consommation des grandes villes. On y parvient à l’aide de châssis dont on couvre les planches de violettes, et sous lesquels on entretient une chaleur modérée, en ayant soin d’aérer toutes les fois que le temps est doux, afin d’éviter l’excès d’humidité et la pourriture. Sous le climat du midi, et jusque dans le centre de la France, quand les hivers sont peu rigoureux, on cueille des violettes de Parme en décembre et janvier sans l’adjonction d’aucun moyen artificiel.