Espèces de Sauges (Salvia).
Genre immense de labiées, contenant plus de cinq cents espèces répandues sur l’ancien et le nouveau continent, les unes annuelles, les autres vivaces, souvent aromatiques; à fleurs blanches, bleues, roses ou rouge vif, plus rarement jaunes, quelquefois bicolores. L’Europe en contient plusieurs espèces, la plupart réputées médicinales, dont quelques-unes, malgré leur peu de beauté, sont employées à la décoration des grands jardins, des rocailles ou des collines artificielles. De ce nombre sont : la sclarée ( S. Sclarea) à fleurs lilas clair, la sauge ormin (S. Horminum) à fleurs bleu violacé, la sauge des prés (S. pratensis) et la sauge officinale (S. officinalis), à grandes fleurs bleues ou mi-parties de blanc et de bleu, qui se plaisent dans les terres pierreuses, un peu sèches et exposées au grand soleil.
Les espèces vraiment ornementales de ce genre sont toutes exotiques et appartiennent pour la plupart à la serre chaude ou à la serre tempérée sous nos climats; quelques-unes cependant prospèrent encore dans les plates-bandes de nos jardins pendant la belle saison, à la condition d’être rentrées sous les abris avant la fin de l’automne. Il en est aussi qui, bien que vivaces, fleurissent la première ou la deuxième année du semis, et sont en conséquence traitées comme plantes annuelles ou bisannuelles. Parmi ces dernières on peut citer: la sauge de flolirie (S. boliviana ), la sauge écarlate (S. coccinea ), de la Floride , la sauge de Kœzl ( S. Kœzln ), du Mexique, et la sauge de Roemer ou sauge porphyroide (S. Rœmeriana, S. porphyrantha), du Texas, toutes quatre à fleurs rouge vif; la sauge bicolore (S. albo-coerulea), du Mexique, à fleurs blanches, avec la lèvre inférieure d’un bleu vif; la sauge tricolore (S. tricolor ), du même pays, à fleurs blanches comme la précédente, mais avec la lèvre inférieure rose carmin; la sauge violette ( S. ianthina), du Pérou, à grandes fleurs violet foncé; la sauge éclatante (S. splendens), du Brésil, dont les fleurs, y compris le calice et même les bractées sous-jacentes, sont du plus bel écarlate; et la sauge bleue du Népaul (S. patens), à fleurs bleu de cobalt, toutes deux de tempérament plus délicat que les précédentes, mais en même temps plus grandes et plus belles, et pouvant encore vivre assez bien en plein air, pendant la belle saison, pour qu’on s’en serve à orner les jardins dans le nord pendant trois ou quatre mois de l’année. Nous n’avons pas besoin d’ajouter qu’elle réussissent beaucoup mieux dans le midi et le sud ouest que sous la latitude de Paris.
Culture de la sauge
Cette plante pourrait se multiplier de graines, mais, comme il est plus facile de la multiplier de bouture ou de pieds enracinés, et qu’on en jouit plus tôt, on préfère ce dernier mode de multiplication pour les espèces qui peuvent passer l’hiver en pleine terre. Un vieux pied séparé en fournit une douzaine, plus ou moins, qu’on replante au printemps ou en automne; et, comme l’usage le plus ordinaire est d’en former des bordures autour des carrés de potager, soit en dehors, soit en dedans, on tend un cordeau, et l’on ouvre une petite tranchée de sept à huit pouces de profondeur sur même largeur, et on l’enterre près à près jusqu’à l’extrémité de ses tiges, c’est-à-dire à quatre pouces près, en foulant la terre avec le pied après que la tranchée est comblée. Il est bien entendu qu’il faut raccourcir préalablement les racines; on n’y fait pas d’autre préparation, et il n’en manque pas, pour peu que les plants aient des racines. Cette plante n’est nullement délicate; elle ne craint ni la gelée, ni la sécheresse, ni l’humidité; cependant elle a plus de vertu dans les terrains secs que dans les sols aquatiques ; elle se soutient à la même place aussi longtemps qu’on le veut ; mais, comme elle s’élève et s’écarte beaucoup passé trois ans, et qu’elle produit un mauvais effet à l’œil, il convient de la détruire à cet âge et de la renouveler.
Lorsqu’on replante la sauge de bouture, il faut un peu plus de précaution; et c’est an printemps qu’on doit la planter, pour qu’elle ait le temps de s’enraciner pendant la belle saison. L’attention qu’il faut avoir, c’est de coucher les brins, d’appuyer le pied ferme dessus après qu’ils sont recouverts de terre, et d’arroser souvent jusqu’à ce qu’ils soient bien repris; mais le plus sûr est de leur faire prendre racine sur couche et, au bout de six semaines, on peut les retirer avec un peu de motte, et les placer où l’on veut.
Ce que nous venons de dire ne s’applique qu’à la grande sauge, à la sauge franche, à la sauge d’Espagne, etc… car la sauge d’Afrique, la frisée et celle qui porte des baies ne passent pas l’hiver en pleine terre; il faut les mettre dans des pots et les enfermer dans une serre à l’approche des gelées; au printemps suivant on les enterre avec les pots à une bonne exposition : car elles demandent beaucoup de chaleur.