Culture du cardon.
— Le cardon se multiplie de graines qu’on sème depuis le 15 avril jusqu’en juin, sur couches tièdes, sous châssis, ou à l’air libre, en mai. On pourrait semer plus tôt sur couches chaudes, mais la majeure partie des sujet montent, et, dans cet état, ils sont impropres à la culture. On sème en pots ou en pépinière. Si on a semé en pépinière sous châssis, on les mettra en place lorsque la troisième feuille commencera à se développer dans des fosses préparées comme nous allons l’indiquer. Pour les semis en place, on met à chaque fosse trois pieds qu’on dispose en triangle. On
arrose aussitôt que la plantation est faite. Pour les semis faits en pots, on les plantera de même en ne laissant que trois des meilleurs sujets.
Pour les semis en place, on creuse des fosses de 40 centimètres carrés, distantes de 1m20. On les remplit de bon fumier bien décomposé qu’on foule bien en piétinant dessus.
Ce fumier est ensuite recouvert de quelques centimètres de terre bien meuble, puis on sème quatre ou six graines par trou , qu’on enfonce avec le doigt. On arrose légèrement avec la pomme, et on n’a plus qu’à surveiller la levée.
Lorsque les sujets sont assez forts, on les éclaircit; on ne laisse que trois pieds par trou. Après ce travail, on bine légèrement et on arrose.
Il est préférable, l’expérience nous l’a prouvé, d’élever les jeunes plants en pépinière, pour les repiquer ensuite en place ; la réussite est aussi bonne et parfois meilleure , mais il faut avoir soin, en plantant, de couper le pivot à chaque plant.
Comme ces plantes n’envahissent pas de quelques mois toute la place qu’on leur a réservée, on y contre-plante des laitues, on y sème des radis, des épinards, do la raiponce, etc.
Dans le courant de l’été, on donne plusieurs binages et on arrose copieusement, surtout pendant les premières chaleurs.
En octobre, on commence à les faire blanchir, et successivement pendant tout l’hiver. On choisit d’abord les plus forts pieds, on attache les feuilles sans trop les comprimer, puis on les entoure de paille qu’on fixe au moyen d’un lien, puis ou butte fortement tout autour. Environ vingt jours après cette opération, les cardons sont suffisamment blancs, et peuvent être consommés ; laissés plus longtemps, ils pourriraient.
Le cardon craint les fortes gelées; aux approches de l’hiver, il faut l’entourer de terre, de fumier neuf ou de fougère, qu’il faut remuer de temps en temps pour les empêcher de pourrir. Par ce moyen, ils se conservent parfaitement.
On peut aussi les arracher et les placer en jauge le long d’un mur bien exposé ; on les couvre chaque soir de paillassons, mais il faut avoir soin de les nettoyer souvent, sans quoi ils pourrissent promptement.
On peut également, après avoir rogné l’extrémité des feuilles, les placer debout dans des coffres, à peu de distance les uns des autres ; on glisse du sable sec dans les intervalles. Par ce moyen, ils blanchissent en peu de temps, avec cet avantage qu’ils ne pourrissent pas. Le sable pourrait être remplacé par de la feuille sèche, et alors ils blanchissent plus vite.
Graines de cardon.
— Le cardon ne monte à graine que la seconde année du semis ; s’il monte avant, c’est qu’il a été semé trop tôt, et les graines qui en proviennent ne valent rien.
Pour récolter de bonnes semences, il faut en choisir quelques pieds des plus beaux comme porte-graines. Il peut durer quinze ans et plus ; au contraire, plus il sera vieux, meilleures les graines seront. Ces porte-graines seront traités comme les artichauts, c’est-à-dire qu’on les buttera de terre chaque hiver, et on œilletonnera au printemps ; il ne faut laisser qu’un seul fruit à chaque tige, celui du milieu. En août, lorsqu’ils sont mûrs, on les coupe, on les réunit par paquets, on les suspend dans un lieu sec à l’abri des rongeurs, et, pendant les soirées d’hiver, on nettoie la graine
qui se conserve bonne pendant sept ans. Un gramme en contient de 25 à 30 ; le poids du litre est de 630 grammes.
Maladies du cardon, Animaux nuisibles.
— Le cardon est sujet aux mêmes maladies que l’artichaut.
Usages.
— On mange les côtes blanchies après les avoir fait bouillir dans l’eau pour en enlever l’amertume; on les prépare ensuite avec une sauce blanche, ou avec les rôtis quels qu’ils soient, c’est toujours un mets délicieux.
La fleur, que l’on connaît généralement sous le nom de Cardonnette ou Chardonnette , est fréquemment employée dans la campagne pour faire cailler le lait ; on assure qu’elle remplace avantageusement la présure.
Le cardon est apéritif, nourrissant, mais très échauffant.
Les Romains mangeaient le réceptacle qui porte les fleurs, et les Italiens le mangent aussi sous le nom de Girello. Les modernes cultivent le cardon pour la partie charnue des feuilles.
Variétés.
— On cultive plusieurs variétés :
Cardons de Tours. — C’est la variété la plus estimée, les côtes sont épaisses, très pleines, et blanchissent bien sans trop se détériorer ; mais elle est garnie de nombreuses épines.
Malgré cela, on la cultive et on l’apprécie beaucoup.
Cardon d’Espagne. — Variété très vigoureuse, à larges côtes demi-pleines, sans épines, très cultivée dans le midi de la France et en Espagne.
Cardon plein inerme. — Autre variété très vigoureuse, et, malgré son nom, les côtes sont moins pleines que celles des variétés précédentes ; très ample dans toutes ses parties, blanchit bien et rapidement.
Cardon Puvis. — Autre variété très vigoureuse sans épines, les côtes sont très larges, demi-pleines, les feuilles sont amples, de bonne qualité.
Cardon à côtes rouges. — Variété peu ancienne et très cultivée, ne diffère du cardon d’Espagne que par ses côtes teintées de rouge, demi-pleines.
On cultive deux variétés de cette plante : le cardon d’Espagne, qui n’est pas épineux , et le cardon de Tours qui l’est, mais qui, plus charnu , mérite la préférence.
Culture du cardon au potager
Pour obtenir des cardons de primeur, bons à manger dès le mois de mai, il faut, en janvier, semer la graine de cette plante sur couche, sous châssis ou sous cloche; on peut en semer encore dans le courant de mars sur couche, pour repiquer en pleine terre aussitôt que la température le permet. Alors, pour économiser le fumier, on fait, de mètre en mètre, des trous profonds et larges de trente-deux centimètres; on les emplit aux deux tiers de bon fumier consommé, que l’on recouvre de terreau dans lequel on établit les jeunes plants de cardons.
Dans chaque trou on transplante deux ou trois pieds, mais on ne laisse que le plus vigoureux, s’il en reprend plusieurs. Il faut les arroser soigneusement et les couvrir d’abord pour les mettre à l’abri du grand hâle ou du soleil, et en même temps pour les préserver du froid des nuits. On joint à ces soins celui de serfouir, et de tenir le terrain frais.
En pleine terre, on ne peut semer les cardons qu’en avril, et, si le temps est froid, seulement en mai.
Lorsque les cardons sont parvenus à leur complet accroissement, on choisit un beau jour pour les lier avec précaution au moyen de trois ou quatre liens de laîche, et on les empaille avec de la litière sèche, de manière à ne laisser exposé à l’air que l’extrémité des feuilles. Si le temps reste sec, on jette tous les deux jours de l’eau sur cet empaillement, vers le centre de la plante, afin de la disposer plus promptement à blanchir. Elle acquiert la blancheur convenable en une vingtaine de jours, au bout desquels elle est bonne à couper.
C’est ordinairement dans le mois de juillet que l’on peut lier les cardons de pleine terre, qui ont été semés de bonne heure; on ne peut lier les cardons tardifs que dans le courant d’octobre. Pour prévenir l’effet de la gelée, il n’est pas nécessaire de les empailler, mais on les butte; puis, aussitôt qu’il gèle, on les entoure de litière jusqu’à ce que le froid, devenu rigoureux, force de recourir à de plus grandes précautions. A cette époque, il est indispensable de les arracher en motte pour les déposer dans la serre ou bien dans une cave, ou tout au moins dans une rigole creusée en terrain sec. Cette rigole doit avoir un mètre de profondeur sur un mètre vingt centimètres de largeur.
Là, sur un chevet de paille, on adosse trois pieds de cardons que l’on recouvre d’un autre chevet de paille, puis on établit trois autres pieds, et ainsi de suite, de sorte qu’il se trouve alternativement une couche de paille et une couche de légumes. On couvre le tout avec de la litière pressée; mais on laisse à l’air l’extrémité des feuilles, jusqu’à ce que les gelées, acquérant de l’intensité, forcent à recouvrir soigneusement même cette pointe de feuillages. Il faut tâcher que la pluie et l’humiditê ne pénètrent pas dans les cardons, qu’elles feraient pourrir.
Si l’on n’avait pas facilement la paille à sa disposition, on pourrait faire blanchir les cardons en les liant comme nous avons prescrit plus haut, et en les buttant très haut avec la terre de la planche où ils ont poussé. En moins de vingt jours ces cardons blanchissent; il faut se hâter d’en faire usage, parce qu’ils ne tarderaient pas à pourrir.
C’est pourquoi, lorsqu’on les cultive pour son usage, on en butte une certaine quantité tous les quinze jours, afin d’en avoir plus souvent et plus longtemps à sa disposition.
Les cardons porte-graines sont coupés à quinze centimètres au-dessus de terre, à l’approche des gelées, et traités comme les artichauts, c’est-à-dire un peu buttés et bien couverts de litière assujettie suffisamment contre les efforts des vents pendant la saison rigoureuse.
Culture des cardons
Il y a deux espèces de cardon, le cardon commun ou cardon d’Espagne, et le cardon piquant ou cardon de Tours. Cette dernière espèce est hérissée de piquants, dont le cardon commun est dépourvu; sa côte est aussi plus pleine, un peu rougeâtre; elle est moins sujette à monter, et en même temps plus tendre et plus délicate à manger.
L’une et l’autre de ces espèces se multiplient de graine, et se cultivent de la même manière; les premiers cardons, qui se mangent en mai, s’élèvent sur couche; on les sème sous cloche au mois de janvier; et quand ils ont deux bonnes feuilles, on les repique plus à l’aise sous d’autres cloches, et sur une couche neuve qui ait au moins huit à neuf pouces de terreau; si l’on veut les avancer, on les laisse sous cette seconde cloche jusqu’à ce qu’ils soient bons à replanter en place sur une troisième couche, à laquelle il faut employer des fumiers courts et à demi consommés; on la charge d’un pied environ de terreau mêlé d’un tiers de terre; et quand son plus grand feu est passé, on y range le plant en échiquier, à deux pieds et demi ou trois pieds de distance; on met une cloche sur chaque pied, jusqu’à ce qu’il soit bien repris, et l’on bâtit un petit treillage sur les deux bords pour soutenir des paillassons, dont on les couvre pendant les nuits et les journées fâcheuses.
Pour tirer plus de profit de ces couches, on sème, ordinairement entre les pieds de cardon des raves et des radis, ou telle autre plante de courte durée.
Lorsqu’ils ont atteint leurs plus fortes dimensions, on les lie par un beau temps, quant les plantes sont bien sèches, avec trois ou quatre liens de paille bien serrés, et on les empaille avec de la grande litière secouée, qui vaut mieux que de la paille neuve, en laissant seulement à découvert l’extrémité des feuilles. On les arrose en versant l’eau dans le cœur de la plante, au milieu de l’empaillage. Trois semaines après, ils sont blancs et bons à couper; on retire alors toute la paille, qui sert à en faire blanchir d’autres après l’avoir fait sécher.
Pour en avoir qui succèdent à ce premier semis, on en replante en pleine terre au mois de mars, du même plant qu’on a élevé sur couche; on prépare la place en fouillant des trous d’un pied en tout sens, espacés de trois, qu’on remplit de fumier bien consommé et de quelques pouces de terrain par dessus; un plant suffit pour chaque trou; on les arrose aussitôt plantés, et on les couvre soit avec des pots renversés, soit avec quelque feuillage, jusqu’à ce qu’ils soient bien repris; on leur donne ensuite un petit binage au pied, et on les arrose de deux en deux jours, plus ou moins, suivant leur force.
Le second semis de cardons se fait à la mi-avril, et ceux-ci servent pour l’automne et l’hiver; on dresse des planches de six pieds de largeur, et l’on prépare des trous disposés et espacés comme nous l’avons dit plus haut. On y met trois ou quatre grains à deux pouces de distance l’un de l’autre, qu’on enfonce un peu avec le doigt; quinze jours ou trois semaines après, ils lèvent; et quand ils sont un peu forts, on choisit les plus vigoureux pour demeurer en place, et l’on arrache les autres; on les serfouit, et on les arrose amplement pendant tout l’été, et on commence à les faire blanchir en octobre.
Aux approches de l’hiver on les butte, et on les recouvre de litière; mais aux premières gelées on les arrache en motte, et on les range, l’extrémité des feuilles en dehors, et séparés par une couche de paille, dans une tranchée de trois pieds de profondeur sur quatre de largeur, et d’une longueur proportionnée à la quantité de cardons qu’on veut enterrer; on recouvre ensuite la tranchée avec de la grande litière et des paillassons disposés en talus, pour empêcher que la pluie ne pénètre dans le cœur des plants et ne les fasse pourrir.
Pour recueillir la graine de cardon, on laisse quelques pieds en place; on les coupe à quelques pouces de terre aux approches des gelées, et on les couvre comme les artichauts; ils passent fort bien l’hiver, pourvu qu’on leur donne un peu d’air quand il fait doux. On les découvre tout-à-fait au mois de mars; on renverse la tige du côté du nord lorsqu’elle est formée, et on la lie à des échalas. Pour avoir de la graine mieux nourrie, on ne laisse qu’une tête sur chaque rameau, et l’on coupe toutes les autres qui naissent en abondance. Les pieds qui ont porté graine peuvent, avec des soins, se conserver pendant huit ou dix ans.
Cette plante porte les noms d’Artichaut sylvestre, Carde, cardonnette, Chardonnette et Chardonnerette. .
La terre favorable à la culture de l’artichaut convient également à la culture du cardon. La culture du cardon est des plus faciles; au besoin on le sème en pleine terre en avril, et il donne encore de bons résultats.
Après avoir préparé le terrain par un bon labour, on trace, au milieu d’une planche de 1 mètre 30 de largeur, une ligne sur laquelle on pratique à la bêche des trous espacés entre eux de 1 mètre, qu’on remplit de bon terreau; puis on sème dans chacun deux ou trois graines de cardon. Lorsque le jeune plant est bien sorti, l’on réserve le pied le mieux venu; les autres sont supprimés.
Pour tirer parti du terrain vacant pendant la croissance des cardons, on couvre le sol d’un bon paillis et l’on repique dans les intervalles de la laitue romaine ou de la chicorée. Les jeunes cardons profitent des arrosages que doivent recevoir ces salades; lorsqu’elles ont été récoltées, on donne au sol un bon binage, et l’on a soin d’arroser fréquemment au pied les cardons pour favoriser leur développement.
Quand les cardons ont pris toute leur croissance, on doit les faire blanchir en les buttant, après avoir réuni les feuilles en un long faisceau au moyen de plusieurs liens de paille. Dans les marais de Paris, au lieu de butter les cardons pour les faire blanchir, on les entoure de litière longue assujettie par des liens de paille; au bout d’environ trois semaines, les côtes des cardons devenues blanches peuvent être livrées à la consommation. On récolte les premiers cardons en octobre, et les autres successivement jusqu’aux fortes gelées..
Graines de cardon
On réserve pour porte-graines quelques pieds de cardon qui passent l’hiver en place moyennant un fort buttage et une couverture de litière ou de feuilles, comme pour les artichauts. Ces pieds fleurissent l’été suivant; leur graine, mûre en septembre, conserve ses facultés germinatives pendant trois ou quatre ans.
Comment protéger le cardon en hiver contre la gelée :