Le genre courge comprend toutes les variétés de cucurbitacées comprises sous les noms de potiron, giraumon, citrouille, gourde.
Malgré la grande quantité de variétés qui existent, il n’y a que trois races principales qui ne peuvent se féconder entre elles; c’est sur ces principes qu’est basée la classification de M. Naudin, à laquelle nous nous conformons.
Culture de la courge aujourd’hui.
Culture de la courge selon nos anciens
— La culture de ces différentes races est à peu près la même.
On sème les courges en pleine terre, à la même époque que les concombres, dans la seconde quinzaine d’avril, ou dans les premiers jours de mai. On creuse des fosses de 45 à 60 centimètres de largeur, sur 15 ou 20 de profondeur. On les remplit de bon fumier de cheval, mélangé à d’autres détritus fermentescibles. On pile fortement en marchant dessus. On recouvre ce fumier avec de la terre bien meuble, ou du terreau mélangé de terre à potager.
On sème trois ou quatre graines par trou ; on recouvre de 4 centimètres et on arrose.
On peut, au lieu de semer en place, semer en pots, qu’on met sur couches chaudes, et, lorsque les cotylédons sont développés, on met en place dans les trous. On fait un petit bassin autour de chaque plant et l’on arrose.
La distance à observer entre chaque trou varie selon la vigueur de la variété qu’on se propose de cultiver. Généralement, on observe 2 mètres pour les petites espèces, et 3 mètres pour les autres.
Lorsque les courges commencent à pousser, on fait choix des deux premières tiges, puis on coupe immédiatement au-dessus ; ces tiges ne tardent pas à pousser avec vigueur.
Lorsqu’elles ont atteint 1m50, on les marcotte, c’est-à-dire qu’on les couche dans une petite rigole. On les maintient dans cet état par un petit crochet, et l’on recouvre de terre.
La partie enterrée ne tarde pas à prendre racine, ce qui provoque une meilleure végétation. Cette opération peut se faire deux ou trois fois sur la même tige.
A chacune de ces tiges, on ne laisse qu’un fruit ; puis on pince l’extrémité de la branche à deux feuilles au-dessus; il faut attendre pour cela que le fruit soit bien noué. Quelques jours après, on pince de nouveau celles qui auraient repoussé dans l’aisselle des feuilles.
En raison de leur croissance très rapide comme de leur constitution herbacée et aqueuse, ces plantes ont besoin de copieux arrosements en été, surtout si l’on tient à avoir des fruits énormes, tels que nous en avons quelquefois obtenu pesant de 80 à 100 kilogrammes, ce qui n’est pas rare, surtout avec le potiron jaune gros.
On donne quelques binages légers au pied, et l’on paille avec du bon fumier gras.
En général, les paysans sèment les courges sur les tas de terreau, ou immondices en décomposition, et les abandonnent à elles-mêmes. Les fruits se développent assez bien, mais ils ne deviennent jamais gros, cela n’est du reste qu’une culture de fantaisie ; ces plantes donnent de meilleurs résultats, cultivées en plein champ. Il y a quelques années, nous en plantâmes parmi nos tomates, comme celles-ci furent attachées assez haut, les courges se développèrent parfaitement sans nuire aux tomates. Nous engageons à essayer ce système, on ne perdra pas de terrain.
Variétés. — Voici la liste des variétés cultivées, d’après la classification de M. Naudin.
1/ Potirons.
Origine. — Race originaire de la Guinée et cultivée depuis moins de 2000 ans.
Variétés. — Potiron blanc gros. — Variété vigoureuse, fruits très gros, écorce lisse d’un blanc sale ou jaunâtre, chair fine peu colorée.
Potiron jaune gros. — Le plus volumineux de tous les potirons ; il n’est pas rare de rencontrer des fruits de 80 à 100 kilogrammes et plus. Chair jaune ferme et très bonne; estimé sur les marchés de Paris et dans le Nord .
Potiron vert d’Espagne. — Variété vigoureuse, fruit de moyenne grosseur, écorce lisse, dure, verte, chair succulente, et de bonne conservation, très estimée dans le Midi.
Potiron vert gros. — Variété ancienne, assez vigoureuse, fruit gros, écorce fendillée ou brodée, assez rustique, et de bonne qualité, peu cultivée aujourd’hui.
Potiron rouge vif d’Êtampes. — Fruit de grosseur couleur jaune orangé vif; chair excellente ferme et succulente, se conserve bien, très rustique, très recommandable.
Potiron gris de Boulogne. — Variété ressemblant au potiron vert d’Espagne, très vigoureuse, écorce d’un vert bronzé, fruits assez gros, chair jaune vif, assez épaisse, de bonne conservation et d’excellente qualité.
Courge de l’Ohio. — Variété américaine, petits fruits, chair jaunâtre très farineuse.
Courge de Valparaiso. — Variété américaine, fruits allongés en forme de citron, de grosseur moyenne, côtes à peine marquées, d’un gris sale, sillonnées de petites broderies très fines, chair assez sucrée d’un jaune pâle, le fruit se conserve difficilement.
Giraumon turban ou Bonnet turc, Bonnet de prêtre. — Port estimé dans le Midi, on le reconnaît facilement à sa forme en turban ou calotte ; chair très bonne, succulente, farineuse et sucrée. Une des meilleures espèces à cultiver pour les petits ménages.
On cultive aussi les variétés :
Courge marron. — Courge verte de Hubbard. — Courge olive. — Courge de Valence. — Giraumon petit de Chine. — Courge aubergine coureuse.
2/ Citrouille
Origine. — De l’Asie méridionale, d’après Naudin; d’Amérique, selon quelques botanistes ; d’après De Candolle, origine douteuse.
Variétés. — Les variétés appartenant à cette race se développent moins que celles appartenant à la race potiron.
Feuilles moins grandes et à lobes assez prononcés ; tiges ramifiées très grosses, munies de forts poils rudes et parfois épineux; fruit moyen généralement de bonne qualité et de bonne conservation ; pédoncule très dur à la maturité et marqué de cinq angles saillants. Les graines sont plus petites que dans le potiron, et presque toujours tachetées ou marginées.
Courge des Patagons. — Variété anciennement cultivée, vigoureuse et rustique, très productive. Fruits longs de 20 centimètres, marqués longitudinalement de cinq côtes régulières saillantes, bonne qualité.
Courge sucrière du Brésil. — Variété de petite taille, de bonne production, très rustique, fruits courts, oblongs, verruqueux à chair jaune sucrée, de bonne conservation.
Courge à la moelle. — Variété coureuse à tige mince, feuillage profondément lobé, fruits oblongs de petite taille, de couleur jaune ou blanc jaunâtre. Elle n’est qu’une sous-variété de la courge des Patagons. On mange les fruits jeunes lorsqu’ils atteignent à peu près la moitié ou le tiers de leur grosseur. Consommés à la maturité, ils perdent beaucoup de leurs qualités. Ils sont très estimés en Angleterre où il s’en fait une très grande consommation, on les connaît sous le nom de Vegetable marrow.
Courge, blanche non coureuse. — Variété à tige courte et grosse, feuilles profondément lobées, maculées de gris ; fruits allongés légèrement renflés dans la partie inférieure. Chair jaunâtre. On la consomme comme la précédente.
Citrouille de Touraine. — Variété rustique, produisant de très bons fruits énormes, mais de médiocre qualité.
Courge d’Italie ou Coucourzelle. — Non coureuse, productive et rustique, à fruits allongés, maculés ou marbrés de jaune. En Italie, il s’en consomme beaucoup; on l’emploie jeune et aussitôt formée. Dans cet état, elle constitue un excellent légume très fin et apprécié.
Courge cou-tors hâtive. — Courgeron de Genève, etc.
3/ Pâtisson.
Ce genre, bien qu’étant classé dans cette race, se distingue beaucoup des variétés précitées ; c’est surtout comme plante d’ornement qu’on le cultive, et on le connaît généralement sous les synonymes de Bonnet de prêtre, Bonnet d’électeur, Artichaut de Jérusalem, etc., les ménagères les placent habituellement sur les cheminées en guise d’ornements.
Ce sont des plantes non coureuses : feuilles d’un joli vert, peu lobées, fruits très déprimés, larges, divisés en lobes obtus, qui se retournent le plus souvent vers l’ombilic; écorce très dure, d’un jaune vert orange ou flagellé de vert sur fond blanc selon les variétés ; chair blanche et tendre, flasque et peu serrée.
Variétés. — Parmi les meilleures variétés, nous citerons :
Pâtisson jaune. — Pâtisson panaché amélioré. —
Pâtisson galeux. — Pâtisson blanc américain (nouveau).
4/ Coloquinte.
Culture. — Très vigoureuse, mais peu cultivée; même culture que les précédentes variétés.
Usages. — On peut l’employer utilement à cacher quelques vilains coins du potager. En les ramant ou en les faisant grimper à des treillages, on peut même garnir des tonnelles.
Leur croissance rapide en fait des plantes de premier mérite pour cet usage; de plus, les fruits qui sont en général panachés ou striés ajoutent un effet décoratif très agréable. On ne cueille les fruits que lorsqu’une première gelée a passé dessus une fois secs et lorsque l’intérieur est enlevé, ils peuvent être employés à mettre des graines qui s’y conservent mieux que partout ailleurs.
Variétés. — Ces plantes sont très sujettes à se croiser entre elles, c’est ce qui explique le nombre indéfini de variétés ; les plus généralement cultivées sont :
Coloquinte poire rayée. — Coloquinte galeuse. — Coloquinte plate rayée. — Coloquinte poire. — Coloquinte ovi forme. — Coloquinte pomme hâtive. — Coloquinte mali forme. — Coloquinte miniature.
5/ Courge bouteille, Calebasse, gourde.
Origine. — De l’Amérique méridionale.
Culture. — Mêmes cultures que les précédentes races de coloquintes. Ces plantes doivent être attachées à quelques tuteurs, treillages ou rames, sans quoi les fruits se développeraient mal et n’atteindraient pas leurs formes normales.
Variétés. — Parmi les meilleures à cultiver, nous citerons :
Courge pèlerins. — Répandu j partout, surtout dans la Saintonge et l’Angournois ; après en avoir vidé l’intérieur, les paysans les mettent dans la vendange lorsqu’elle est en fermentation, ils s’en servent ensuite comme d’une bouteille, et y mettent du vin qui s’y conserve très frais.
Courge siphon. — Autre variété, très cultivée dans le Bordelais, et un peu partout, lorsqu’on fait grimper la plante, les fruits qui présentent un renflement terminal très accentué deviennent très lourds ; alors le col s’allonge et s’amincit, et le fruit dans ces conditions est mieux apprécié; il n’est pas rare d’en trouver qui contiennent de 7 à 8 litres. Dans les chais, on s’en sert comme d’une sonde.
Courge massue. — Dans le genre de la précédente, mais beaucoup plus grosse et moins régulière.
Courge plate de Corse. — Variété différente des précédentes, à fruits arrondis déprimés.
Courge poire à poudre. — Variété ayant la forme d’une poire, assez grosse, servant aux mêmes usages que la courge pèlerine.
6/ Courge musquée.
Origine. — D’après M. Coignaux, ce genre serait originaire du midi de l’Asie. Le nom de musc ou moschata vient de ce que ces plantes ont la chair quelque peu musquée.
Culture. — Les plantes sont en général très coureuses, les feuilles d’un vert foncé sont peu lobées et tachetées de blanc, elles se reconnaissent également à la façon dont le pédoncule s’écarte à son point d’insertion sur le fruit, il se divise en cinq lobes, et devient très dur à la maturité.
Variétés. — Parmi les variétés les plus estimées, citons :
Courge pleine de Naples. — Courge cou-tors du Canada. — Courge melonnèe de Bordeaux. — Courge porte-manteau hâtive. — Courge pascale. — Courge muscade de Provence. — Courge Yokohama, etc.
Parmi les variétés nouvelles que nous n’avons pas cultivées, nous citerons :
Courge des missions. — Courge prolifique très hâtive.— Courge brodée de Thoumain, près Guitres (Gironde).— Courge de Portugal. — Courge potiron de Corfou.
Graines de courge.
— Pour récolter la graine des différentes variétés de courges, giraumons, coloquintes, etc., on choisit les sujets les mieux faits, les mieux caractérisés, on en sort la graine qu’on étend sur un linge, on la laisse sécher à l’ombre; une fois bien sèche, on l’enferme dans des sacs de toile ou de papier. Elle se conserve bonne pendant cinq ans.
Maladies de la courge, Animaux nuisibles.
— Les courges sont quelquefois atteintes d’une maladie qui ressemble à l’uredo du céleri; c’est une poussière jaunâtre qui se tient à la face inférieure des feuilles et qui agit sur elles comme le mildiou sur la vigne. Le lait de chaux et le sulfate de cuivre dans les mêmes proportions que pour la vigne sont d’excellents remèdes.
Quelquefois, après avoir végété quelque temps, la plante jaunit et devient chlorotique; le seul remède, c’est de l’arracher. Dans bien des cas, cette chlorose n’est que factice et est due aux ravages du ver blanc qui ronge les racines ; il faut donc bien s’assurer, avant d’arracher, de quelle cause provient la maladie.
Quelquefois encore des champignons souterrains se développent sur les racines principales, à la naissance du collet, et en peu de temps le sujet est perdu.
Lorsqu’elles sont jeunes, les plantes sont sujettes à être dévorées par les limaçons et les loches qui en sont friands.
Que faire avec la courge.
— Les courges sont d’un usage fréquent, sur- tout dans les classes pauvres. On les accommode de différentes manières ; c’est ordinairement cuites qu’elles se mangent, on en fait d’excellentes soupes maigres ou des purées. En les mélangeant au lait auquel elles s’allient très bien, on fait d’excellents potages, mais qui ne conviennent pas aux estomacs faibles.
On en fait des confitures, des marmelades, des conserves analogues à la choucroute.
Données aux vaches, elles augmentent la sécrétion du lait.
Les fruits cueillis très jeunes et petits se confisent au vinaigre comme les cornichons.
On s’en sert également pour la composition de l’orgeat