Culture de l’estragon aujourd’hui
Culture de l’estragon selon les anciens.
— L’estragon ne produisant pas de graines fertiles, on le multiplie par la séparation des touffes au printemps, ou en juillet. On le dispose généralement en plates-bandes à bonne exposition, préalablement bien labourées, et copieusement fumées. On trace des lignes et l’on plante à 30 ou 35 centimètres en tous sens, on arrose aussitôt la plantation faite et copieusement pendant les chaleurs. En mai, on étend un bon paillis sur les planches, et l’on ameublit la surface du sol par de bons binages.
Quoique originaire des régions sibériennes, l’estragon craint les grands froids de nos hivers, et, pour le conserver à l’approche des gelées, on couvre les touffes de quelques centimètres de terreau, de fumier, de paille ou mieux de feuilles sèches; la plantation doit être renouvelée tous les trois ans.
Pour ne pas manquer d’estragon, pendant l’hiver, on place des coffres sur les planches; on entoure les coffres de réchauds épais, qu’on remanie et qu’on renouvelle souvent.
On peut aussi préparer de bonnes couches, y placer les coffres et panneaux, puis on arrache les touffes d’estragon qu’on place le plus serré possible, on recouvre de 6 centimètres de terreau. Lorsque les tiges commencent à paraître, on donne de l’air souvent. On couvre de paillassons pendant la nuit; par ce moyen, on a des tiges fraîches pendant tout l’hiver.
On trouve dans le commerce les graines d’une plante appelée estragon de Russie (Artemisia Redwskii), qui a le port et l’apparence de l’estragon, mais qui est loin d’en avoir la saveur ; les marchands grainiers peu scrupuleux vendent les graines de cette plante comme celles de l’estragon vrai qui n’en produit pas.
On a également conseillé, comme pouvant remplacer l’estragon, le Tagetes lucida, plante annuelle, dont les feuilles ont à peu près l’odeur et un peu la saveur. Nous doutons qu’à ce point de vue la culture se généralise.
Graines de l’estragon.
— Nous avons déjà dit que l’estragon ne produisait pas de graines. La fleur est cependant bien constituée.
Tous les organes sont parfaits ; d’où vient alors cette infertilité ? Serait-ce la chaleur trop forte, au moment de la floraison qui excite trop certains organes générateurs au détriment des autres ? Nous ne pouvons rien affirmer, mais il y a quelque chose d’anormal qui se produit pour que cette plante reste stérile. Elle devait autrefois donner quelques graines, car tous les anciens auteurs antérieurs à 1800 qui ont écrit sur l’horticulture, la mentionnent comme se multipliant de graines.
D’autre part, il existe une autre espèce d’estragon, l’estragon de Russie, qui lui, porte des graines fertiles. Ce dernier résiste mieux au froid et a une bien plus grande productivité. Mais il n’a pas par contre, le parfum frais et suave de l’estragon français. A ne pas confondre donc.
Maladies de l’estragon, Animaux nuisibles.
– Nous ne connaissons pas de maladie ni d’insecte qui s’attaque à cette plante, probablement à cause de son odeur forte.
Que faire avec de l’estragon.
– L’estragon est d’un usage général, c’est un excellent condiment, on s’en sert comme fourniture de salade.
On en fait des omelettes, on en met dans les cornichons que l’on confit au vinaigre. En le faisant macérer pendant quelques heures dans le vinaigre, il l’aromatise. En Perse, le peuple le mange mêlé avec le pain.