Le houblon, humulus lupulus, est une plante vivace et grimpante, dont les cônes sont employés pour la fabrication de la bière.
On distingue quatre variétés de houblon :
1/ le houblon sauvage, qui est le type de tous les autres, mais âcre, dont la culture n’offre aucun avantage
2/ le houblon à tiges rouges,
3/ le houblon blanc à tiges courtes
4/ le houblon blanc à longues tiges.
Ces deux dernières espèces sont les plus recherchées, mais elles demandent une terre riche et bien préparée. Le houblon a tiges rouges, étant plus robuste, réussit dans une terre de médiocre qualité.
Culture du houblon
Le climat et le sol de la plus grande partie de la France remplissent les conditions nécessaires à la réussite du houblon.
Le houblon se cultive avec le plus grand succès en Alsace, en Lorraine, dans le département du Nord, sur les bords du Rhin, de la Meuse, et dans la région de la Seine-Inférieure.
Le houblon demande une terre légère, humide, mais riche, et échauffée par la culture et l’engrais.
Le sol qui convient le mieux pour l’établissement d’une houblonnière est un sable glaiseux ou une argile sableuse, un peu humide, ayant au moins 60 cm de profondeur, et reposant, autant que possible, sur un sous-sol imperméable et mélangé de parties calcaires. Le meilleur emplacement est une pente douce exposée au midi, et abritée par des montagnes du côté du nord-est et du nord-ouest. Il faut éviter les positions où les plants seraient exposés à la poussière ou au brouillard, par exemple, le voisinage des grandes routes, des fleuves et des marais.
Le terrain destiné à l’établissement d’une houblonnière doit recevoir plusieurs labours ou être défoncé à une grande profondeur pendant l’été qui précède la plantation.
Lorsque le terrain a reçu cette préparation, on est dans l’usage d’y former des monticules de 30 cm de hauteur sur 45 de largeur, et d’y creuser un trou dans lequel on dépose les plants de houblon. Mais ces monticules préparés d’avance occasionnent beaucoup de dépense, et ne sont réellement pas d’une grande utilité, puisqu’on les détruit en grande partie quand on les creuse. On suit dans quelques localités un procédé bien préférable : on défonce le terrain en septembre, et au mois de mars suivant on y creuse des trous de 60 cm en carré sur 45 de profondeur, et on les remplit jusqu’au niveau du terrain avec du fumier bien consommé. Au moment de procéder à la plantation, on foule le fumier de manière à l’affaisser de 10 à 15 cm, et on le recouvre d’une couche de terre peu épaisse; on dépose alors un pied de houblon à chacun des angles du trou, et on les recouvre d’une petite bulle de terre de 10 cm de hauteur. Dans les terres riches et très substantielles on peut remplacer le fumier par une couche de sable.
On dispose les monticules ordinairement en quinconce, et à 1m50 de distance les uns des autres.
On établit une nouvelle plantation soit avec de jeunes plants enracinés, soit avec de vieux pieds que l’on tire d’une ancienne houblonnière.
Chaque plant doit avoir 15 cm de longueur, et au moins 4 ou 5 boutons. La plantation doit avoir lieu au printemps dans les terrains humides, et en automne dans les terrains de médiocre qualité. Thaer et M. de Dombasle recommandent de planter dans cette dernière saison lorsqu’on met en terre des pieds enracinés tirés d’une vieille houblonnière : car alors on obtient dès l’année suivante une récolte assez considérable.
Un point essentiel, et qu’il ne faut jamais négliger, c’est de ne point mélanger les espèces, mais de les cultiver chacune séparément
A la fin d’avril, lorsque les jeunes plants commencent à pousser, on plante un échalas sur chaque monticule pour soutenir les tiges.
Il faut attendre pour planter les perches que les plants aient percé la superficie du monticule : car sans cette précaution, on risquerait de les blesser. Mais, d’un autre côté, il ne faut pas trop retarder cette opération, car les tiges ne peuvent s’élever sans appui.
Les meilleures perches sont de frêne; elles doivent avoir 3 mètres pour la première et la seconde année, et au moins 6 à 7 pour les années suivantes, surtout si le sol est riche, et par conséquent les plants élancés et vigoureux. Leur grosseur ne doit pas être moins de 15 cm de tour. Il faut, autant que possible, que leur extrémité supérieure se termine en fourche pour mieux, soutenir la tête du houblon.
Lorsque les tiges ont atteint la hauteur de 7 à 10 cm, on choisit les plus vigoureuses, et on les attache à la perche au nombre de 4 ou 5 pour chaque monticule, en ayant soin de les tourner autour de l’échalas en suivant le cours du soleil. Ou coupe ras de terre les tiges les plus faibles que l’on ne juge pas à propos de conserver.
On a proposé divers moyens pour remplacer les perches dont l’achat, l’entretien et la plantation tout très dispendieux : par exemple, de faire grimper le houblon sur des peupliers émondés, comme on le pratique pour la vigne dans quelques parties de l’Italie; mais on a reconnu que le houblon cultivé de cette manière est moins productif, d’une qualité bien inférieure, et plus exposé aux maladies que celui qu’on a soutenu avec des perches.
On a introduit depuis quelque temps, en Angleterre, une manière de cultiver le houblon, dite en palissade, dont on a obtenu les résultats les plus favorables. Elle consiste à disposer les monticules sur une même ligne droite, exposée au midi, à la distance de 3 mètres les uns des autres, et à y planter des perches de 5 m de hauteur, liées entre elles par trois rangées d’autres perches horizontales Cette méthode favorise le développement du houblon, et lui donne le moyen de recevoir plus abondamment l’influence bénigne des rayons du soleil.
Lorsque les tiges ont 3 à 3m50 de hauteur, on enlève les feuilles inférieures jusqu’à la hauteur de 1m50. Cette opération permet à l’air et à la chaleur de circuler entre les plantes, facilite la culture, et dirige la sève vers les sommités des tiges où se forment les fleurs.
On entretient la houblonnière par des labours et des buttages plus ou moins multipliés, suivant la nature du terrain et l’âge de la plantation.
Les monticules se fument chaque année, après la récolte. On les abat pour déposer le fumier à la portée des racines, et on les rétablit au moyen d’un huilage.
Les pucerons occasionnent souvent de grands dégâts dans les houblonnières. En Alsace, on s’en débarrasse en jetant au pied de la perche du houblon cuit sortant de la brasserie.
Le houblon est en pleine maturité 6 à 8 semaines après sa floraison.
Récolte du houblon
Le houblon est mûr et propre à être récolté lorsqu’il brunit, prend de la consistance, et exhale une odeur aromatique agréable. Cet instant demande à être saisi avec beaucoup de sagacité : car il se flétrit très promptement, et le moindre retard peut causer un préjudice considérable.
Voici la manière de procéder à la récolte, qui a ordinairement lieu en France entre le 1er aout et le 15 septembre: un ouvrier parcourt la houblonnière, et coupe avec une serpe emmanchée d’un long bâton toutes les sommités des tiges qui se trouvent attachées et entortillées sur les tiges voisines; sans cette précaution, leur enlèvement occasionnerait des secousses qui détacheraient le fruit. On coupe ensuite les tiges à 90 cm du sol, et non à ras de terre, parce que la sève, étant encore en mouvement, s’épancherait par une blessure faite aussi près des racines, ou ferait pousser de nouveaux rejetons qui épuiseraient le pied, et nuiraient considérablement aux récoltes suivantes.
On enlève ces tiges avec les perches; on émonde avec une serpe bien tranchante les branches qui portent des fleurs, et on les met dans des paniers pour les transporter dans l’endroit ou elles doivent être cueillies.
Le houblon une fois cueilli, on le fait sécher dans de vastes greniers bien âcres ou dans des fours construits exprès pour cet usage : car sa dessiccation ne saurait s’opérer trop promptement. On reconnaît qu’elle est complète lorsque les follicules se détachent, et que les pédoncules se rompent facilement. On met alors le houblon dans des sacs où on le comprime fortement à l’aide des pieds ou d’un pilon, et dont on coud l’ouverture lorsqu’ils sont remplis. On donne ordinairement au sac un poids déterminé de 150 à 200 livres. Le houblon ainsi emballé conserve pendant plusieurs années son gluant et ses principes aromatiques.
Le produit du houblon est très variable. Une bonne houblonnière peut rendre en moyenne 7 à 9 quintaux métriques par hectare.
Suivant Schubarth, il faut compter, en 12 ans, sur 2 bonnes récoltes, 6 médiocres et 4 mauvaises. M. de Reider admet au contraire, dans le même espace de temps, 4 bonnes récoltes, 6 médiocres et 2 mauvaises, regardant comme récolte médiocre celle qui s’élève à la moitié d’une bonne, et comme mauvaise celle qui, comparée également à une bonne récolte, n’en produit que le cinquième.
Une houblonnière bien entretenue peut durer 10 à 12 ans.
Les feuilles du houblon fournissent au bétail une nourriture saine, et qu’il mange avec plaisir.
Dans quelques pays on fait rouir les tiges du houblon, et on en retire une filasse grossière, mais de bonne qualité. Ou peut aussi les brûler pour en extraire de la potasse.
La culture du houblon aujourd’hui :