La culture du melon est possible partout, et par tout le monde, mais on en a tant exagéré les difficultés, on a inventé et propagé des tailles renfermant tant de combinaisons, que les jardiniers de médiocre intelligence y ont renoncé, et les propriétaires, las des insuccès continuels, ne veulent plus en voir dans leurs jardins. Rien n’est plus facile cependant que d’obtenir une grande quantité de melons, à peu de frais et sur un très petit espace.
Nous diviserons la culture du melon en trois séries : la première comprend les melons de primeur élevés sous châssis, et sur couches chaudes; la seconde, les melons de saison, élevés sur couches tièdes et sous cloches; la troisième, les melons d’arrière saison, élevés sur couches sourdes, sous cloche ou sous abri économique.
J’ai dit au potager du propriétaire, que pour être certain d’obtenir d’excellents melons, il fallait s’en tenir à trois variétés au plus. Par exemple :
1° Le petit prescot, pour primeur;
2° Le cantaloup à fond vert, pour saison;
3° Le melon d’Arkangel, pour arrière-saison.
Commençons par les melons de primeur:
Culture du melon de primeur
On sème sur couche chaude, et sous châssis dans les premiers jours de janvier. Si l’on veut obtenir de bon plant, il ne faut semer qu’une graine à la fois, et jamais deux dans le même trou. Le melon n’aime pas la déplantation, la moindre désorganisation dans ses racines amène sa mort. C’est ce qui a fait conseiller de le semer dans des pots, peine inutile, à moins que le plant ne soit destiné à voyager. Les racines sont souvent gênées dans les pots, elles croissent tout à l’entour, et le melon souffre quand on le met en plein terreau; il est préférable de le semer à même la couche, et de l’enlever en motte, avec le déplantoir, pour le mettre en place.
On sème sur couche, en faisant un petit trou avec le doigt, on met une seule graine par trou, et l’on sème en quinconce, à 20 centimètres en tous sens. On couvre soigneusement la nuit et même le jour quand il fait froid, avec un ou plusieurs paillassons, suivant l’état de la température. Il est urgent de maintenir les vitres des châssis très claires, et exemptes d’humidité, que le melon redoute beaucoup. Lorsque les melons sont levés, on veille à maintenir la couche à une température de 25 à 30 dégrés, chose facile, en plaçant des réchauds actifs, montant jusqu’aux châssis; en les maniant et y ajoutant un peu de fumier frais quand ils perdent de leur chaleur. Toutes les fois que la température le permet, on donne un peu d’air en entrouvrant le châssis du côté opposé au vent. L’air et la lumière sont indispensables aux plantes ; c’est pourquoi j’ai proscrit les barbouillages de vitres et de cloches avec du blanc; on préserve, il est vrai, les plantes des coups de soleil, mais on n’obtient que du plant rachitique et étiolé, ne supportant pas la déplantation, et donnant des fruits pitoyables quand il l’a supporté.
Il est urgent d’habituer les melons dès leur naissance à l’air et à la lumière, si l’on veut obtenir des produits remarquables. Cela demande peut être un peu plus de peine, mais, on n’éprouve jamais d’échecs ; quand le soleil est trop ardent, on ombre avec des toiles, ou avec un peu de paille, et l’on donne de l’air, et encore faut-il ombrer le moins possible pour avoir du plant, et des melons d’élite. Le jardinier doit sans-cèsse guetter le temps, veiller à ses châssis, les ouvrir quand il y a du soleil, et les fermer dès qu’il disparaît ou qu’il fait froid.
Lorsque les melons ont quatre feuilles bien développées, sans compter les cotylédons, on leur applique la première taille. On coupe la tige principale avec un greffoir ou une serpette sur les deux premières feuilles. J’ai dit couper, et couper avec un instrument très tranchant, et non pincer avec les doigts. La coupure se cicatrise en quelques jours, tandis que le pincement qui écrase la tige, très tendre, et très aqueuse, détermine sinon la mort, mais au moins une souffrance très prolongée, fort préjudiciable au volume et à la qualité des fruits. Aussitôt l’amputation faite, on cautérise la plaie avec un peu de cendre de bois.
J’ai dit qu’il fallait maintenir les vitres des châssis très claires et exemptes d’humidité; c’est surtout au moment de la première taille que ce soin doit être exécuté. S’il y a de la vapeur d’eau à l’intérieur des vitres, il faut les essuyer, sans cela les melons pourraient pourrir.
Aussitôt la taille opérée, on s’occupe de monter des couches chaudes pour mettre les melons en place. On donne à ces couches une hauteur de 80 centimètres environ; on les recharge de 20 à 25 centimètres de terreau de couche, mêlé avec moitié bonne terre, on pose les coffres et les châssis, et quand la couche a jeté son feu, ce qui demande environ huit jours, on met les melons en place, sur ces nouvelles couches. Les deux tiges latérales commencent alors à se développer; on enlève avec soin les melons en mottes, avec le déplantoir, et on les place sur la nouvelle couche, sur deux rangs à 40 centimètres des bords du coffre, les pieds plantés en quinconce à 70 centimètres environ. La plantation faite, on arrose très légèrement, non au collet de de la racine, mais sur le bord de la motte pour la souder au terreau du châssis. Quand on replante des melons, il faut les enterrer jusqu’aux cotylédons, cela fait naître quelques nouvelles racines et leur donne de la vigueur. Après avoir arrosé on recouvre les châssis avec des paillassons pendant deux jours pour assurer la reprise, ensuite on ne couvre plus que la nuit, et le jour quand il gèle. On donne de l’air et de la lumière le plus possible, toutes les fois que la température le permet.
Quand les melons ont été habitués de bonne heure à l’air et à la lumière, il y a bénéfice à enlever tout à fait les châssis en plein soleil, quand il fait chaud, de midi à deux heures et demi, surtout pendant la floraison. Les fruits noués au grand air sont toujours plus beaux et plus savoureux.
Dès que la température s’adoucit un peu, que l’humidité de l’atmosphère n’est plus à redouter, et avant que les deux bras qui se développent à l’aisselle des deux feuilles sur lesquelles on a taillé, ne soient trop longs, on paille tout l’intérieur du châssis avec soin, pour conserver une chaleur humide dans le terreau. On étale les bras, l’un à droite, l’autre à gauche, de manière à ce qu’ils ne s’enchevêtrent pas, et on les laisse s’allonger librement jusqu’au huitième ou neuvième œil, pour les pincer sur la sixième ou septième feuille. Quelques jours après il se développe des ramifications à l’aisselle des feuilles; sur ces nouvelles ramifications apparaissent les mailles (fleurs femelles); on laisse plusieurs fruits nouer, et lorsqu’ils ont atteint le volume d’une noix, on en choisit un sur chaque bras, on taille deux yeux au dessus, et l’on supprime tous les autres, en taillant les ramifications, à deux ou trois yeux.
Cette taille a pour but de concentrer toute l’action de la sève sur le fruit, et il prend en quelques jours un accroissement sensible. Ce mode de taille, très simple est à la portée de tout le monde, et l’expérience a démontré qu’il produisait des fruits beaucoup plus beaux, plus pleins, et mieux nourris, que ceux obtenus avec des mutilations continuelles. Une fois la taille faite, et les fruits choisis, il n’y a plus qu’à enlever les feuilles qui jaunissent, et à couper de loin en loin les pousses qui s’allongent trop, et menacent de sortir des châssis.
Pour obtenir de très beaux melons, il faut autant que possible les choisir attachés près du bras principal, et sur les premières ramifications, mais ne jamais conserver ceux qui nouent quelquefois au collet, ils viennent toujours mal. On peut encore augmenter le volume et la qualité des fruits en appliquant dans le voisinage de l’extrémité des racines, des engrais très actifs aussitôt que le choix des fruits est fait.
On enlève le paillis, on déchausse les pieds avec précaution, sans cependant mettre les racines à découvert, et l’on étend sur toute la place qu’elles occupent, du crottin de cheval frais, et bien émietté avec les doigts, ou de la colombine, fiente de pigeons ou de poules, mélangée avec le terreau. On recouvre cette fumure de terreau, et l’on replace le paillis aussitôt.
Il est dangereux de trop arroser les melons, surtout au pied, cela produit souvent des chancres au collet, mais cependant, il faut maintenir dans le terreau de la couche une certaine humidité, surtout lorsque les fruits sont formés. On arrose avec le goulot tout autour du pied, mais jamais sur le collet. Lorsque le temps est très-sec, il est bon de mouiller légèrement les feuilles avec un arrosoir à pomme très fine, mais pour arroser les racines et les feuilles, il est urgent de n’employer que de l’eau à la température des châssis. Quand l’eau est froide, les melons sont saisis, ils en souffrent beaucoup, et donnent rarement de bons produits.
Quand les melons ont atteint le volume d’une pomme, on coupe des petites planches de 20 centimètre carrés environ, et l’on en passe une sous chaque melon, afin que son poids ne le fasse pas enfoncer dans le paillis, et pour qu’il puisse mûrir également sur tout son pourtour. Quand on veut prendre la peine de tourner un peu les melons, sur la planchette, quand ils approchent de leur maturité, il est difficile de retrouver le côté qui touchait à la couche.
Les melons de primeur demandent des soins assidus, et une grande surveillance. Le point capital est de les empêcher d’avoir froid, ce dont ils se relèvent difficilement; il faut sans cesse observer le temps, et choisir les bons moments pour leur donner de l’air. Quand on a un peu l’habitude de gouverner des châssis on échoue bien rarement.
Culture du melon de saison
Les melons de saison présentent bien moins de difficultés; leur culture est facile pour tous les jardiniers, et même pour ceux qui ne le sont pas. On sème en mars sur une couche chaude, et au besoin sur une couche tiède; on élève le plant comme pour les melons de primeur, et on lui applique la première taille avant de le mettre en place. On établit une couche tiède de la largeur de 80 centimètres environ; on enlève les melons en motte, dans la seconde quinzaine d’avril pour les mettre en place sur le milieu de la couche, à 60 centimètres de distance. On arrose légèrement, on pose une cloche sur chaque pied; on ombre pendant deux jours pour assurer la reprise; ensuite on donne de l’air toutes les fois que la température le permet, et l’on couvre la nuit, avec de la litière. On nettoie les cloches toutes les fois qu’elles sont sales, afin de laisser pénétrer la lumière, et l’on essuie avec soin la vapeur d’eau qui se forme le matin à l’intérieur.
Quelques jours après, on paille soigneusement toute la couche; on étale régulièrement les bras, l’un en avant, l’autre en arrière, afin d’éviter la confusion. Pendant la journée tant que le soleil n’est pas trop ardent, on pose la cloche sur trois petites crémaillères, afin de donner à la fois de l’air et de la chaleur. Le soir, on pose la cloche à plat sur le paillis pour garantir de la fraîcheur de la nuit, et cela, tant que le pied du melon peut tenir dessous; quand il dépasse le diamètre de la cloche, on la pose sur le premier cran des crémaillères, c’est-à-dire à un centimètre du sol, pour éviter d’écraser les bras. Lorsque le soleil est ardent, on enlève complètement les cloches, tant qu’il luit, et on les replace quand il est passé.
La taille des melons de saison est la même que celle des melons de primeur, seulement, comme ils sont plus vigoureux, on taille les deux bras sur le septième ou le huitième œil, pour favoriser la fructification. On taille à deux yeux au-dessus des fruits; on place des planches sous les melons, et l’on supprime les pousses trop vigoureuses, comme je l’ai dit précédemment.
Culture du melon de cloches
Les melons de cloches, sont plus faciles à faire que ceux de châssis; ils demandent beaucoup moins de soins; le plus important est de les préserver de la grêle et des grandes pluies, ce dont on n’a pas à se préoccuper dans la culture sous châssis. La grêle fait des ravages effrayants sur le melon : dix minutes de grêle sont suffisantes pour détruire la plus belle melonnière. Lorsque le temps est à l’orage, il faut toujours avoir une provision de paillassons à côté des couches à melons, pour les couvrir, dès que la grêle tombe, et avant si l’on peut, car chaque grain de grêle produit une tache noire qui détermine presque toujours la décomposition du fruit et de la feuille, comme de la tige.
Les pluies continuelles sont également à redouter, la surabondance d’humidité fait naître des chancres sur le collet, et détruit la plante en peu de temps. Dès qu’un chancre apparaît, il faut le convertir en plaie; enlever toute la partie malade avec un instrument bien tranchant, et cautériser la plaie avec un peu de plâtre en poudre. Quand il pleut plusieurs jours de suite, et même toute une journée, on maintient la cloche sur la crémaillière au-dessus du pied de melon.
Quand on veut avancer un melon, on pose une cloche dessus pendant la nuit, et pendant le jour on la suspend au-dessus, avec les crémaillères, quand le soleil n’est pas trop ardent.
Les melons, tout en demandant une somme de chaleur élevée, sont assez sujets aux coups de soleil. Il est prudent de les maintenir ombragés par les feuilles pendant tout le temps de leur accroissement, c’est le meilleur moyen de les obtenir beaux et bons. Les coups de soleil sont encore à redouter après quelques jours d’orage, de temps sombres, suivis d’une grande chaleur, et d’un soleil ardent. Il faut, dans ce cas, si les melons sont trop gros pour rester cachés sous les feuilles, abriter le côté exposé au soleil avec une feuille de chou.
La culture du melon est facile sur couche sourde, sous cloche, et même sous abri économique. On peut obtenir ainsi des melons aussi bons que sur couches chaudes et tièdes, sous châssis et sous cloches, mais plus tard. C’est la culture d’arrière saison, celle des melons mûrissant en août et en septembre. On peut cultiver deux variétés excellentes dans ces conditions:
1° Le cantaloup fond vert, pourvu qu’on ne le sème pas plus tard que le mois d’avril;
2° Le melon d Arkangel, la plus rustique de toutes les variétés, pouvant se semer jusqu’en mai.
On peut cultiver les melons d’arrière-saison de deux manières: les semer sous châssis ou sous cloche, pour les transplanter sur couche sourde, ou les semer en place. On choisira l’un des deux modes de cultures, suivant ses ressources et sa richesse en fumier et en abris.
On peut semer le cantaloup fond vert dans la seconde quinzaine de mars, sur couche tiède, faite avec un tiers de fumier de vache, et deux tiers de feuilles, ou de mousse, sous cloches, ou sous châssis en toile. Dans ce cas on sème les melons, et on les élève comme je l’ai indiqué pour les cultures de primeur et de saison. On les met en place, sur couche sourde, vers la fin d’avril ou dans les premiers jours de mai, lorsqu’ils ont subi la première taille. A cette époque on peut monter une couche sourde avec un quart de fumier de vache, mêlé à trois quarts de matières herbacées, et même rien qu’avec des herbes, pourvu qu’on les emploie fraîches. A défaut de cloches en verre, on peut se servir de cloches économiques, et obtenir encore des melons excellents.
Si on ne veut pas se donner la peine de faire une couche, on peut élever d’excellent plant de melon, en recouvrant un tas de fumier de quinze à vingt centimètres de terre légère, mêlée avec un tiers de crottin de cheval, et en abritant le plant avec des cloches ou des châssis recouverts en toile. Je donne tous ces petits moyens, parce qu’ils sont à la portée de tout le monde, et qu’il est toujours préférable d’élever le plant, et de le transplanter.
On prend le soin d’établir en dos d’âne les couches sourdes, destinées à recevoir les melons à demeure. Le melon redoute l’humidité, il faut, surtout lorsqu’on simplifie sa culture, le placer autant que possible sur une éminence, jamais dans un creux, où il chancrerait infailliblement. On tient compte du tassement des matières employées pour monter la couche, et on l’élève en conséquence.
Si l’on ne veut pas prendre la peine d’élever du plant par les moyens que je viens d’indiquer, on peut encore obtenir des melons, en semant sur place la variété d’Arkangel, vers la fin d’avril ou dans les premiers jours de mai. On monte une couche sourde, avec un quart de fumier de vache, ou de cheval, et trois quarts d’herbes quelconques; on recouvre avec 20 centimètres de bonne terre, mêlée d’un tiers de crottin de cheval, et l’on sème, deux graines ensemble, tous les 60 centimètres. On abrite avec des cloches en verre, et à leur défaut, avec des cloches économiques.
Lorsque le plant est levé, on conserve le plus fort, et l’on arrache, ou ce qui vaut mieux, on coupe le plus faible entre deux terres pour éviter d’ébranler la racine de celui que l’on conserve. On applique la première taille lorsque les quatre premières feuilles sont bien formées, mais comme ce plant a été semé en place, et qu’il ne sera pas rechaussé à la déplantation, on le déchausse avec précaution avant la taille, et l’on recouvre tout l’emplacement occupé par les racines, de crottin de cheval frais, bien écrasé avec les doigts, et l’on rechausse les melons avec le terreau de la couche, jusqu’aux cotylédons, pour leur donner plus de vigueur.
La taille à appliquer, et les soins à donner aux melons d’arrière-saison, sont exactement les mêmes que pour les melons de saison. Les abris sont moins efficaces, mais la saison étant plus douce, on arrive à peu près au même résultat six semaines plus tard, en prenant les mêmes précautions.
Vouloir, c’est pouvoir ! Celui qui voudra sérieusement essayer réussira, obtiendra des melons très passables avec la plus mauvaise de toutes les couches, et aura en outre une certaine quantité de terreau qui sera une ressource, dont il ne soupçonne pas la richesse, pour les semis, et les cultures de pleine terre.
Taille des melons
On sème ordinairement les graines de melon au commencement de mars pour avoir des fruits mûrs en juillet; au commencement d’avril pour en avoir en août, et enfin dans les premiers jours de mai pour en avoir en septembre. Pour activer la germination des graines, il faut les faire tremper dans l’eau pendant vingt-quatre heures, et dans un endroit dont la température est à 26 ou 30 degrés.
Les graines étant ainsi traitées, lèveront au bout de cinq ou six jours, surtout si on a soin d’entretenir la terre légèrement humide et de l’arroser avec de l’eau qui soit autant que possible à la même température que celle de la couche.
Douze ou quinze jours après que les graines ont levé, les jeunes plants sont en état d’être taillés. Il ne faut pas attendre qu’ils soient trop avancés pour faire cette opération, car c’est principalement de la taille faite à propos et en temps opportun que dépend un résultat parfait.
Voici les détails de cette opération:
Première taille du melon
A mesure que les jeunes pieds de melons ont quatre feuilles, non compris les deux cotylédons, il faut leur couper la tige au dessus de la quatrième feuille, et faire attention que ces sortes d’opérations doivent se faire avec une lame de couteau très étroite, très mince et bien effilée, afin de ne pas meurtrir l’extrémité de la tige ou des branches que l’on doit supprimer. Ces meurtrissures sont pernicieuses, et on ne peut pas les éviter en les coupant avec l’ongle, comme le font beaucoup de personnes, qui mutilent ainsi leurs melons par ce procédé.
Deuxième taille du melon
La sève qui tend toujours à monter étant arrêtée par la première opération, donne naissance, trois ou quatre jours après, à deux branches qui se trouvent placées dans l’aine de chaque cotylédon. Pendant que ces deux branches sont encore à l’état de boutons et lorsqu’ils ont atteints la grosseur d’un gros pois, on les supprime en passant la pointe arrondie d’un canif à côté du bouton que l’on pousse légèrement pour le faire tomber. Il faut avoir bien soin de ne pas toucher la tige ni le cotylédon pour ne pas les blesser ni les meurtrir.
Il est essentiel d’enlever ces deux branches, par la raison qu’elles deviendraient trop fortes, qu’elles pousseraient une quantité prodigieuse d’autres branches avant de donner aucun fruit, et le pied serait épuisé lorsque viendraient à paraître quelques rares et chétifs melons. Ces branches sont ce que les jardiniers appellent vulgairement bois gourmand; elles viennent presque toujours plates et larges de deux ou trois centimètres; elles poussent si vigoureusement, que la plante est bien vite épuisée : alors il se forme à la naissance de ces deux branches une espèce de chancre qui fait périr la plante sans qu’on puisse y porter aucun remède.
Troisième taille du melon
La seconde opération fait développer immédiatement deux autres branches qui se trouvent placées dans l’aîne des deux premières feuilles situées au-dessus des cotylédons; ce sont ces deux branches qui prennent le nom de branches mères et qu’il faut conserver. Lorsque les jeunes plantes sont arrivées à cette période, on procède à leur transplantation; c’est-à-dire de quatre à dix jours après la seconde taille ; il ne faut pas attendre que les deux branches mères soient en état d’être mouchées à leur tour, parce que le pied serait trop fort, la transplantation serait plus difficile, et la reprise moins sûre. D’une autre part, il faut éviter de faire subir à la plante deux opérations, ce qui la fatiguerait et lui serait nuisible. Dans cette hypothèse il vaut beaucoup mieux avancer la transplantation que de retarder la taille d’un seul jour.
Aussitôt que les deux branches auxquelles nous avons donné le nom de branches mères auront atteint six ou sept boutons (qui sont les parties d’où sortent les branches), on les arrête à leur tour, c’est-à-dire qu’on les coupe immédiatement au-dessus du septième bouton si la plante est bien vigoureuse, car si on les arrêtait plus tôt, la fructification serait retardée par la surabondance de végétation; si au contraire la plante n’est pas trop vigoureuse, on arrête les branches mères au sixième et même quelquefois au cinquième bouton, lorsque la plante est un peu faible, afin de lui donner de la force. De même qu’on taille court et on élague les arbres à fruits qui sont fatigués ou épuisés, pour leur donner de la force et rétablir l’équilibre. Au contraire, si un arbre pousse trop, on le taille plus long, on le charge en bois, afin de l’empêcher de trop pousser et l’obliger à donner du fruit.
Quatrième taille du melon
Les deux branches mères étant arrêtées par cette troisième opération, la séve se porte aussitôt dans les cinq, six ou sept boutons de chacune de ces deux branches, desquels sortent des branches latérales, que nous appellerons branches secondaires; ce sont ces dernières qui donnent les fruits : on ne doit plus rien couper ou supprimer, jusqu’à ce qu’elles aient des melons de formés : alors on choisit sur chaque branche mère la branche secondaire dont le melon promet le plus. Il se trouve ordinairement sur la troisième branche en partant du pied, quelquefois sur la seconde, mais jamais sur la première.
Après qu’on a fait ce choix, on supprime la branche ou les deux branches qui se trouvent entre le pied et celle que l’on veut conserver, afin de ne pas intercepter la sève à la branche qui porte le fruit et à laquelle il ne faut jamais rien couper ni supprimer; car la moindre petite partie qu’on lui enlèverait empêcherait le melon qu’elle porte de grossir ou de se développer régulièrement; il n’aurait de chair que d’un seul côté et serait nécessairement très inférieur en qualité.
Il faut au contraire favoriser le développement de cette branche qui porte le melon, ainsi que celui des branches qui tiennent à elle, en leur donnant de l’air et en détournant ce qui pourrait les gêner.
Cinquième taille du melon
Quatre ou cinq jours après cette quatrième opération, les plaies étant alors bien cicatrisées, on arrête toutes les branches secondaires qui se trouvent sur la branche mère au-dessus de celle dont on a fait choix; on les mouche en leur coupant la pointe ou le dernier bouton qui forme le prolongement de la branche.
Après cette cinquième opération, il n’y a plus que la branche qui porte le melon qui reçoive la sève, et par ce moyen on l’oblige à passer directement dans le melon qui est placé à la base de cette branche.
A partir de ce moment-là, il ne faut pas oublier de visiter sa melonnière tous les deux jours, pour enlever sur toutes les branches indistinctement les petits melons qui viennent en foule et qui nuiraient à celui dont on a fait choix : quoique ceux-ci soient moins bien placés pour recevoir la nourriture, il n’en est pas moins vrai que ce serait toujours au détriment du premier, qui serait privé d’une partie de l’alimentation; il viendrait moins gros, moins bon, si toutefois cela ne le faisait pas périr, ce qui arrive souvent en pareil cas.
Les branches supérieures qui viennent d’être arrêtées ou mouchées par la cinquième opération restent trois semaines dans l’inaction la plus complète; pendant ce temps, toute la sève se porte dans la seule branche qui est restée intacte; elle la fait pousser avec une vigueur extraordinaire et fait grossir le melon à vue d’œil. Si, au bout de ce temps, ces branches supérieures recommençaient à pousser avec un peu d’activité, on les moucherait de nouveau; car si on les laissait pousser, ce serait au préjudice du melon; il est évident que la sève qui alimenterait les branches supérieures ne s’arrêterait pas vers lui, et qu’il en éprouverait une perte sensible.
Cette sixième opération a rarement lieu, par la raison que la branche privilégiée ayant acquis une grande force attire toute la séve à elle. De ce moment on peut laisser aller la plante à son gré ; elle n’a plus besoin que d’être sarclée, binée et arrosée. Une melonnière ayant été dirigée de cette manière, on obtiendra quatre melons par capot, d’une grosseur prodigieuse et d’une qualité parfaite. (Ainsi, dans un espace de dix mètres carrés, on aura trente-six capots qui donneront cent quarante-quatre melons.) En ne laissant qu’un seul melon par pied, on les obtiendra d’une grosseur toute exceptionnelle, sans nuire en rien à la qualité. Lors donc qu’on voudra avoir un seul melon par plante, il faudra choisir une branche secondaire sur l’une des deux branches mères, puis la traiter comme nous l’avons indiqué ci-dessus, et arrêter toutes les branches secondaires qui tiennent à l’autre branche mère. De plus, il faut avoir soin de les tenir continuellement mouchées et d’enlever tous les petits melons aussitôt qu’ils paraissent. De cette façon, il n’y a que le côté de la plante où se trouve le melon qui pousse : aussi vient-il énorme et réunit-il toutes les qualités désirables.
J’engage les amateurs à diriger de cette manière quelques capots : seulement je dois dire qu’il est bon de n’employer ce système que pour ceux qui sont semés au mois de mars ou dans les premiers jours d’avril; plus tard ils pourraient ne pas avoir le temps de mûrir, par la raison que plus un melon vient gros, plus il lui faut de temps pour arriver à maturité.
Lorsque les melons ont atteint à peu près la moitié de leur grosseur, on les place sur de petites planches un peu épaisses; on les fixe sur ces planches avec trois ou quatre petits piquets que l’on enfonce dans la terre autour des melons, et à mesure qu’ils grossissent, on éloigne ces piquets pour ne pas gêner leur développement. Sans cette précaution, entraînés par leur poids, ils se renverseraient, et les branches ou les tiges venant à se casser les melons seraient perdus.
Voici une observation très importante qu’il ne faut pas perdre de vue. Lorsqu’il fait chaud, les différentes opérations de la taille, du binage, sarclage et les arrosements doivent être faits le soir, une demi-heure avant le coucher du soleil. Les branches de melons sont si tendres, si délicates, que les moindres meurtrissures peuvent faire périr la plante ou la rendre malade. Comme on ne peut pas les garantir du contact des pieds, des mains et de l’outil dont on se sert pour biner, il est donc urgent de n’entrer dans une melonnière qu’au moment où le soleil n’a plus d’action ; la fraîcheur et la rosée de la nuit guérissent les meurtrissures, et les plantes peuvent alors supporter les rayons du soleil sans éprouver la moindre altération.
Il faut observer de plus que les melons doivent rester sous cloches jusqu’à l’époque des fortes chaleurs; et lorsque celles-ci ne peuvent plus contenir les rameaux sans les froisser, on les tient soulevées au moyen de trois ou quatre petits piquets que l’on enfonce dans la terre. Dans les fortes chaleurs les cloches sont plus nuisibles qu’utiles, par la raison que le jour elles attirent trop de chaleur sur la plante, et la nuit elles les privent de la rosée qui leur est très salutaire.
Le melon est une plante beaucoup moins délicate que l’on n’est généralement disposé a le croire; il a seulement besoin d’un certain degré de chaleur souterraine; dans les pays où le soleil n’échauffe pas suffisamment la terre, le melon doit par conséquent être cultivé sur couche. On en cultive un grand nombre de variétés; les plus estimées sont généralement les Cantaloups prescott.
Culture du melon sur couche.
Les premiers melons peuvent être semés dès le mois de janvier; mais, comme à cette époque cette culture exige, outre de grands frais, une habileté toute spéciale pour la faire réussir, ce n’est qu’au mois de mars que les melons peuvent être semés avec chances de succès, sous le climat du centre de la France.
Comme il est important que la chaleur se prolonge le plus longtemps possible dans la couche sur laquelle sont semées les graines de melon, quelques soins particuliers sont nécessaires pour la préparation de cette couche. On choisit, pour la construire, du fumier de cheval bien imbibé d’urine, on le mouille au degré convenable s’il ne semble pas suffisamment humide ; on y ajoute un peu de vieux fumier ou une certaine quantité de feuilles. Ces précautions ont pour but d’empêcher le fumier de fermenter trop fort et trop vite, et d’en obtenir une chaleur aussi douce que possible. A défaut de fumier, on peut faire de bonne couche avec des feuilles ou du marc de raisin. On donne à la couche la forme d’un carré de 65 centimètres de côté; à mesure qu’on la monte, elle doit être fortement comprimée sous les pieds. Lorsqu’elle a environ 65 centimètres de hauteur, on l’entoure d’un cadre formé de quatre planches jointes à angle droit, sur lequel on pose un châssis vitré.
La surface supérieure de la couche est alors garnie d’un mélange de terreau et de bonne terre de jardin, d’une épaisseur de 1 décimètre; c’est dans cette terre qu’on sème les graines de melon, sous châssis. Ces graines doivent être semées au centre de la couche, afin qu’elles profitent le plus complètement possible de sa chaleur, qui ne doit pas dépasser 35 degrés. Tant que les graines ne sont pas levées, on tient le châssis couvert de paillassons, qu’on enlève quand le plant est bien sorti de terre. On donne aussitôt un peu d’air en soulevant le châssis pendant les heures les plus chaudes de la journée; cette aération est continuée pendant les jours suivants, afin d’empêcher le plant de s’étioler. Lorsque les cotylédons ou feuilles séminales sont bien développés, le plant de melons doit être repiqué, soit sur la couche qui a servi à faire le semis, si elle a conservé assez de chaleur, soit sur une couche nouvelle disposée comme la première pour le recevoir. On l’y repique à 12 centimètres en tous sens; il est important que, soit dans les pots, soit sur la couche, le plant, au moment du requipage, soit enterré jusqu’à la naissance des feuilles séminales.
Aussitôt après le repiquage, pour faciliter la reprise du plant, on couvre le châssis d’un paillis de fumier court; cette précaution n’est nécessaire que quand le plant se fane après sa mise en place. Au bout de quelques jours, on tient la couche découverte toute la journée, et l’on donne un peu d’air chaque fois que la température extérieure le permet.
Lorsqu’on a employé du bon fumier pour monter la couche, et qu’elle a été bien construite, c’est-à-dire soigneusement mélangée et mouillée au degré convenable, le plant de melons, placé dans de bonnes conditions, a ses premières feuilles larges et d’un beau vert. Si ces feuilles sont au contraire faibles et jaunes, il faut réchauffer la couche en l’entourant de fumier en fermentation, non pas tout frais tiré de l’écurie, mais ayant déjà dégagé une partie des gaz à odeur ammoniacale qui s’en exhalent. On ramène ainsi la chaleur dans la couche, et le plant de melon reprend sa vigueur.
Première taille du melon
Quand le plant n’a pas souffert, un mois après le semis des graines, il est bon à mettre en place; il doit auparavant recevoir sa première taille; elle consiste à retrancher le sommet de la tige primitive au-dessus de la seconde feuille.
La plantation définitive du melon à la place où il doit croître, fleurir et fructifier, se fait sur une nouvelle couche dont l’emplacement doit avoir été déterminé huit ou dix jours d’avance. Dans le nord de la France, il importe que cette couche soit établie dans un lieu bien à l’abri des vents froids et bien exposé au plein soleil.
On ouvre, alors une tranchée de 65 centimètres de largeur sur 40 de profondeur; on en remplace la terre par du fumier préparé et foulé comme celui de la couche sur laquelle on a semé la graine de melons. Lorsque la nouvelle couche a 75 centimètres d’épaisseur, on frappe sur ses bords avec le revers de la fourche, de manière à lui donner une forme bombée. Cela fait, la surface de la couche est garnie d’un mélange de terreau et de bonne terre d’une épaisseur de 20 à 25 centimètres, selon la force des racines des espèces adoptées. Alors on établit sur le milieu de la couche une rangée de cloches sous lesquelles on plante les melons à 65 centimètres les uns des autres, dès que la température de la couche est au degré convenable, c’est-à-dire à 30 degrés environ. Aussitôt après la plantation définitive, on couvre la couche, et les cloches par conséquent, avec de la litière ou des paillassons. Cette couverture est enlevée au bout de trois ou quatre jours.
Dès qu’on reconnaît que les melons sont rentrés en végétation, on commence à leur donner un peu d’air en soulevant les cloches pendant le jour, pour finir par les enlever tout à fait quand les tiges se sont allongées de manière à ne pouvoir plus y être contenues. Il est indispensable que le temps soit beau et chaud le jour où l’on enlève définitivement les cloches; plutôt que de les enlever par un temps humide et pluvieux, il vaudrait mieux les laisser en place quelques jours de plus.
On voit que des soins assidus sont nécessaires pour élever le plant, monter la couche, planter les melons dans les meilleures conditions; il ne faut pas moins d’attention pour la taille et les arrosements que réclame ultérieurement cette culture. Chacune de ces opérations doit être faite précisément en son temps; les arrosements surtout, lorsqu’ils sont nécessaires, ne peuvent être retardés sans que ce retard ne porte un grave préjudice à la beauté des fruits.
On ne peut déterminer avec précision la quantité d’eau qu’il convient de donner aux melons; on doit les arroser dans la même proportion que les autres plantes potagères, mais seulement par un temps chaud ; quand le temps est froid, l’excès de l’humidité peut causer la perte des melons.
Deuxième taille du melon
L’effet de la première taille, c’est-à-dire du retranchement de la tige primitive de la plante, a été de faire développer deux tiges latérales en regard l’une de l’autre. Lorsque ces tiges ont environ 50 centimètres de longueur, on les taille en retranchant leurs extrémités au-dessus de la troisième ou de la quatrième feuille, selon la vigueur des pieds.
Troisième taille du melon
Après la seconde taille, on étend un bon paillis de fumier à demi consommé sur toute la surface de la couche à melons, afin d’y maintenir une bonne fraîcheur en prévenant l’évaporation. De nouvelles branches ne tardent pas à se développer; on a soin, à mesure qu’elles s’allongent, de les diriger de manière à empêcher qu’elles ne se croisent les unes les autres. Quand elle ont environ 30 centimètres de longueur, on les taille uniformément au-dessus de leur troisième feuille, sans s’occuper des fleurs qui peuvent être sacrifiées par cette taille. En effet, les melons, à cette période de leur végétation, n’ont pas encore acquis assez de vigueur; le fruit que pourraient donner les fleurs supprimées à la troisième taille serait très inférieur à ceux que les mêmes plantes produiront plus tard.
Après la troisième taille, les nouvelles branches dont cette opération a provoqué la formation doivent être l’objet d’une surveillance assidue. Dès que l’une d’elles porte des fruits bien noués, on choisit le mieux conformé, puis la branche est pincée à deux yeux au-dessus du fruit; toutes les branches sont soumises à la même taille. On doit garantir le fruit de l’action directe des rayons solaires, qui le ferait durcir, en le couvrant au moyen des feuilles environnantes. On retranche immédiatement tous les autres fruits, afin que toute la sève profite aux melons réservés sur chaque branche. Quelquefois un fruit d’une très bonne forme au moment où il a été choisi se déforme en grossissant; il ne faut pas hésiter dans ce cas à le supprimer, car un melon d’une forme défectueuse est rarement de bonne qualité. Lorsque le premier fruit est parvenu aux trois quarts de sa grosseur, on peut, si la plante est vigoureuse, lui en laisser encore un ou deux autres, chaque pied ne devant pas porter plus de trois ou quatre fruits.
Les melons étant parvenus à ce point de leur développement, on doit s’abstenir de tout retranchement ultérieur, qui pourrait, en arrêtant la séve, empêcher le fruit de grossir, ou le faire mûrir imparfaitement et prématurément.
Les principes qui viennent d’être exposés sont applicables à la culture du melon partout où elle peut être pratiquée; dans le Midi, la végétation étant plus vigoureuse qu’elle ne l’est dans le centre et dans le Nord, on taille plus long et l’on peut laisser quelques fruits de plus sur chaque pied.
A moins que la température du printemps et de l’été ne soit très favorable, les melons semés en mars donnent des fruits bons à récolter en juillet et août. A partir du mois de mars, on peut continuer à semer successivement des melons jusqu’en mai.
Pendant la croissance des melons, les bords des couches peuvent être occupés par une ligne d’aubergines, de piments ou de laitues.
Culture des melons sur buttes.
A Honfleur, près de l’embouchure de la Seine, on cultive en grand les melons d’après une méthode particulière nommée culture sur buttes. On sème sur couche, sous cloche ou sous châssis, dans la première quinzaine d’avril; sous un climat un peu plus méridional que celui de Honfleur, les melons pourraient être semés immédiatement en place. A la même époque, on ouvre sur le même terrain consacré à la culture des melons des trous de 60 à 70 centimètres de diamètre sur 30 à 40 de profondeur.
Ces trous doivent être espacés entre eux de 2 mètres 30 en tous sens, en mesurant à partir du centre des trous. On les laisse ouverts pendant une huitaine de jours, au bout desquels on les remplit de fumier ou de bruyère. On mélange ensuite la terre retirée des trous avec partie égale de bon terreau; puis on la dispose en un tas de forme conique par-dessus le fumier. Cinq à six jours avant la plantation, on place sur ces cônes ou buttes une cloche, afin que la terre puisse être bien échauffée par le soleil. Le plant, devenu bon à mettre en place, est levé en motte avec précaution; on choisit, autant que possible, un temps doux et couvert; on plante sur chaque butte un pied de melon, avec la précaution de bien l’enfoncer en terre jusqu’à la naissance des cotylédons. Aussitôt après la plantation, on procure au plant de melon l’ombre dont il a besoin sous la cloche, en posant près de lui une tuile verticalement, du côté du midi; le sol est arrosé selon le besoin. Au bout de quelque temps, le plant étant bien établi dans sa nouvelle situation, on pince le sommet de la tige centrale. On ne doit commencer à donner un peu d’air que quand les branches latérales sont suffisamment développées.
Lorsque les cloches ne peuvent plus contenir les branches, on les soulève en posant leurs bords sur trois demi-briques, ce qui permet aux branches de s’allonger librement; plus tard, quand la température le permet, les cloches sont définitivement enlevées. Avant d’ôter les cloches, on fume le terrain autour des buttes; cela fait, il n’y a plus à toucher aux melons. Si la température est favorable, les premiers fruits mûrissent dans la première quinzaine de juillet; les autres sont bons à récolter successivement jusqu’en octobre. Les cloches de verre, pour la culture des melons, peuvent être remplacées par des cloches en papier huilé. Ce genre de cloches, qui ne coûte presque rien et que chacun peut faire soi-même, remplit très bien la destination des cloches de verre dans la culture des melons sur buttes.
Culture du melon en pleine terre
Dans le midi de la France, les melons sont cultivés en pleine terre. Au mois d’avril, on les sème en place en lignes espacées entre elles de 1 mètre 30. Environ un mois plus tard, le plant est éclairci une première fois; on fait une seconde éclaircie quinze jours après, de sorte que les pieds conservés doivent se trouver à 45 ou 50 centimètres les uns des autres sur les lignes. Dans quelques localités seulement, on arrose les melons soumis à ce genre de culture; quand ils ont reçu la seconde taille, on se borne à couper avec le tranchant de la bêche toutes les branches qui s’allongent au delà des bords de la planche. Malgré les avantages du climat méridional, les melons obtenus d’un mode de culture si défectueux sont le plus souvent fort inférieurs aux melons de même race provenant de la culture intelligente et soignée des maraîchers des environs de Paris.
Ainsi que je l’ai indiqué pour les concombres, on peut palisser le long d’un mur au midi les tiges des melons. Ceux qu’on se propose de traiter ainsi sont semés en place, si le climat local le permet; sinon, ils sont semés sur couche et transplantés selon la méthode ordinaire; en les soignant et ne laissant pas trop de fruits à chaque plante, on obtiendra ainsi en espalier des melons fort présentables, souvent même excellents, si la race en est bien choisie. Dans tous les cas, leurs produits vaudront toujours bien les courges ordinairement cultivées de cette manière en qualité de plantes grimpantes.
Graines du melon
On marque comme porte-graines les fruits les mieux conformés de chaque variété de melons; lorsqu’ils sont parvenus à leur complète maturité, on en recueille la graine, qui conserve ses propriétés germinatives pendant dix à douze ans et même au delà.
Culture du melon aujourd’hui :