Planter un Yucca
Les yuccas (Yucca), originaires des contrées tempérées chaudes de l’Amérique du Nord, sont en quelque sorte les diminutifs des palmiers. Comme eux, quelques-uns s’élèvent sur une tige ligneuse, simple ou peu ramifiée, et couronnée à son sommet d’une abondante chevelure de feuilles. Ces feuilles toutefois ne sont pas découpées en lanières comme celles des palmiers; elles sont simples, longuement lancéolées ou ensiformes, aiguës, roides, plus ou moins dressées ou divergentes. Ce qui donne aux yuccas une certaine supériorité sur les palmiers ce sont leurs gigantesques panicules de fleurs blanches, qui sortent du cœur de la tige et des rameaux. Cette splendide floraison place les yuccas dans les premiers rangs de la flore décorative.
Tous les yuccas ne sont pas caulescents; quelques-uns, semblables encore par là à beaucoup de palmiers, restent acaules, leurs feuilles se réunissant toutes sur une souche plus ou moins renflée et bulbiforme. Ceux qui ont une tige distincte ne sont pas non plus caulescents au même degré; quelques-uns, du moins dans nos jardins, restent toujours très bas, tandis que d’autres, sous le climat méridional surtout, s’élèvent à plusieurs mètres, car une même tige peut durer bien des années.
Chez les yuccas l’inflorescence est essentiellement terminale, de telle sorte que la plante cesserait de s’accroitre après une première floraison si un ou plusieurs bourgeons latéraux, situés près du point de départ de l’inflorescence, ne se développaient pour se substituer à la tige première et en quelque sorte la continuer. Il en résulte une certaine irrégularité sur les tiges des plantes déjà vieilles et qui ont eu plusieurs floraisons. Si deux ou trois bourgeons latéraux se développent en même temps, la tige devient bi ou trifurquée de simple qu’elle était auparavant. Ce n’est guère que dans la région méridionale qu’on voit les yuccas s’élever à 4 ou 5 mètres, comme aussi n’est-ce guère que là qu’ils fructilient. A Paris, et plus au nord, leur floraison est irrégulière; elle arrive quelquefois dans la seconde moitié du printemps, plus ordinairement dans le courant de l’été, mais souvent aussi elle s’attarde jusqu’aux gelées de la fin de l’automne, et alors l’inflorescence périt sans donner une seule fleur.
Yuccas dans le jardin
L’emploi horticole des yuccas est naturellement en relation avec leur taille et leur port. Les espèces acaules, qui sont d’ailleurs de jolies plantes, et dont la hampe florale dépasse souvent un mètre, peuvent fort bien prendre rang dans les plates-bandes d’un parterre, et mieux encore au centre des corbeilles; elles peuvent figurer avec non moins d’avantage, en touffes ou en massifs, au milieu des gazons. Les grandes espèces caulescentes sont mieux appropriées aux pelouses d’une certaine étendue, soit qu’on les plante isolément, soit qu’on les réunisse en groupes ou en massifs. Il sera bon, dans tous les cas, de mettre les yuccas à des expositions qui les abritent du côté du nord, mais leur laissent la pleine lumière du soleil, leur floraison étant d’autant plus régulière et plus fournie qu’ils ont éprouvé une plus vive insolation dans le cours de l’année précédente.
Planter un yucca d’extérieur de nos jours :
Culture du yucca
Toutes ces belles plantes sont d’ailleurs de culture facile partout où la température moyenne annuelle n’est pas inférieure à 12 degrés. Sous le climat de Paris elles ne sont pas entièrement rustiques, et elles y sont quelquefois atteintes grièvement par le froid; aussi est-il prudent de les couvrir de paille ou de feuilles sèches, surtout si elles sont jeunes ou acaules. Là où la chaleur est suffisante, dans les climats de l’ouest et du midi particulièrement, elles s’accommodent de toutes les terres saines, pourvu qu’on les irrigue fortement pendant l’été. A Paris, et en général dans tout le nord, où la terre reste imbibée d’eau pendant une grande partie de l’hiver, et souvent encore dans les autres saisons, on trouve avantageux de mettre les yuccas en terre de bruyère, principalement pendant leur jeunesse. Ce soin serait moins nécessaire si on plantait sur un terrain en pente ou sur les flancs d’une colline artificielle.
Multiplication du yucca
La multiplication des yuccas se fait de graines, qu’on tire de chez les horticulteurs méridionaux, mais plus souvent de turions ou de bourgeons aériens. Ces derniers ne sont autre chose que des boutures, qu’on plante dans des pots remplis de terre siliceuse fortement tassée, et qu’on tient à l’abri de l’air sous des châssis ou des coffres vitrés, où la température peut varier de 18 à 25 degrés. Les turions, qui ne sont eux-mêmes que des bourgeons moins avancés, se traitent de la même manière, avec cette différence qu’il est moins nécessaire de les étouffer sous des cloches ou des châssis fermés; l’essentiel est qu’ils trouvent là où on les met une température et une humidité suffisante. Le spécialiste des jardins M. Carrière fait observer que les turions bouturés étant beaucoup plus lents à s’enraciner que les bourgeons pourvus de feuilles, il y a avantage à les laisser se développer en bourgeons feuillus sur la plante mère, avant de les en détacher. Les vieilles tiges d’yuccas, dépouillées de leurs bourgeons, nous dit encore le même auteur, lorsqu’elles sont enterrées horizontalement à quelques centimètres de profondeur, donnent naissance spontanément à de nouveaux turions, qui, bientôt développés en bourgeons feuillus, deviennent autant de nouvelles boutures entre les mains de l’horticulteur.
La vie d’un Yucca en vidéo