Houer, c’est ameublir le terrain autour d’une plante en végétation.
Le houage s’exécute à la main ou à l’aide de bestiaux qui traînent sur les semis des instruments de diverses formes. Ces instruments sont le petit extirpateur, le scarificateur à deux ou trois fers, et la houe à cheval.
Houer à la main
Les plantes peuvent être houées à la main, à quelque degré de grosseur qu’elles soient parvenues, et dans quelque ordre qu’elles soient placées.
Houer à la main ameublit le terrain, non-seulement autour des tiges que l’on cultive, mais encore sous leurs racines; il divise le sol à une assez grande profondeur, ne brise aucune autre plante que celles qui sont superflues ou nuisibles, et n’en recouvre aucune de terre; mais d’un autre côté il est fort dispendieux, et n’est praticable que dans certains cas rares et pour de petites étendues de terrain.
Ainsi le houage ne peut être parfait que lorsqu’il est exécuté à la main; mais, comme il serait presque toujours trop coûteux, et même souvent impossible, de l’opérer de cette manière, on se contente de la houe à cheval, qui atteint le but, sinon d’une manière complète, du moins en grande partie.
Houer à l’aide d’animaux
Le houage à l’aide d’animaux n’est au contraire praticable que lorsque les plants sont espacés d’une distance uniforme. La herse est aussi un instrument propre à houer; mais on ne peut s’en servir sans briser une partie des plantes et sans en endommager une autre…
Les houes traînées par les animaux remuent la terre entre les rangées de plantes, mais ne retournent point celle qui touche immédiatement les tiges : car on a soin de ne point approcher le fer de la houe assez près pour offenser les racines. Ces instruments brisent souvent un grand nombre de plants, malgré l’attention de celui qui les dirige, lorsque la bête qui les traîne fait un faux pas, ou que des obstacles les font dévier. Ils enterrent en outre les petits plants : car toutes les houes à cheval, à l’exception du simple scarificateur, jettent la terre par côté. Enfin le terrain ne peut être remué que très superficiellement, et, comme nous l’avons déjà dit, seulement entre les rangées : il faut alors recourir à la houe à la main pour diviser la terre dans l’autre sens entre les tiges elles-mêmes. Le seul avantage qui doit donc faire donner la préférence aux houes à cheval sur la houe à la main c’est que l’on peut, à l’aide de ces premières, travailler à peu de frais une plus grande étendue de terrain.
Houer : les bénéfices
Le houage produit plusieurs effets avantageux sur les végétaux : il met la matière nutritive que contient le sol en contact avec l’oxygène de l’air, favorise son oxydation, et accélère sa solubilité. Les racines s’étendent avec plus de facilité et s’échauffent plus rapidement lorsque la terre qui les entoure est ameublie; les vapeurs de la nuit pénètrent jusqu’à leur chevelure, et leur procurent une humidité bienfaisante.
Plus l’ameublissement est renouvelé de fois, plus son effet est sensible; il en produit plus dans une terre forte que dans une terre légère, sous une température fraîche et humide que sous une température sèche et chaude.
C’est surtout dans les jardins potagers que l’on peut remarquer combien l’ameublissement du terrain est favorable aux plantes : les laitues et les choux piochés tous les huit jours se développent avec une rapidité étonnante.
Le houage convient à toutes les plantes, dont il accélère également la croissance; cependant on ne le pratique le plus souvent que pour celles qui ont besoin d’être très espacées, que l’herbe envahit, et qu’il faut sarcler : alors une seule opération tient lieu de houage et de sarclage.
Lorsque les plantes ont été semées ou plantées par rayons à une égale distance, et qu’il existe entre les rangées assez d’espace pour que la houe à cheval puisse y passer, il y aura généralement plus d’avantage a se servir de ce dernier instrument que de la houe à la main.
Il résulte de ce que nous venons de dire que l’emploi de la houe à cheval est le complément nécessaire de la culture par rangées.
Cultiver par rangées ou au drill, c’est semer en rayons et travailler les jeunes plants avec la houe à cheval.
Avant que les semoirs ne fussent connus, la houe à cheval ne pouvait être employée à la culture des céréales qui croissent dans des espaces resserrés: l’invention de ces machines a répandu l’usage de la houe à cheval.
Pour cultiver les céréales par rangées, on les sème par rayons espacés de 20 cm, suivant la qualité du terrain. Lorsque les plants sont parvenus à une certaine hauteur, on promène la houe à cheval entre les rangées, et l’on renouvelle cette opération une seconde fois si elle est nécessaire. Cette méthode offre les avantages de l’emploi du semoir, et celui que l’on trouve à ameublir la terre et à extirper les mauvaises herbes.
Il y a une autre manière d’ameublir le terrain qui porte des céréales : c’est de le herser à l’époque où les plantes ont le plus besoin d’être houées et supportent le mieux cette opération.
L’époque la plus favorable pour herser les grains d’hiver, c’est lorsque la terre, soulevée par la gelée, commence à s’affaisser, et que les plants se sont consolidés en poussant de nouvelles feuilles et de nouvelles racines.
Pour les grains d’été, c’est lorsque les racines ont pris assez de développement pour que les plants ne soient point arrachés et entraînés par la herse.
Le hersage des semis offre les mêmes avantages que le houage, seulement il ameublit la terre d’une manière moins complète, détruit beaucoup de plants mal enracinés, et, sous ce point de vue, il faut avoir soin de semer plus épais, mais, d’un autre coté le hersage coûte moins que le houage, ne nécessite pas d’instruments dispendieux et spéciaux, et peut, enfin, être exécuté par des manœuvres ordinaires.
On est dans l’usage, dans plusieurs contrées de l’Allemagne, de l’Angleterre et de la Suisse, de herser le froment d’hiver au printemps. Dans quelques pays cette opération ne sort pas des bornes d’une culture ordinaire. Il en est d’autres, enfin, ou l’on ne connaît point ce procédé, et où les cultivateurs craindraient, en le pratiquant, de bouleverser toutes leurs récoltes. En Carinthie on herse les champs de millet une ou deux fois, et tout le monde est d’accord que cette méthode offre beaucoup d’avantages. Le hersage est principalement utile aux froments d’hiver : il contribue essentiellement à favoriser la croissance de cette plante dans les terres fortes, en divisant la croûte du terrain et en ameublissant sa surface. Le préjudice qui résulte de ce que les dents de la herse arrachent un certain nombre de tiges est moindre qu’on se l’imagine généralement.
J’ai hersé du froment, du seigle, de l’orge, de l’avoine, du millet, du foin, des haricots, des pois, des pommes de terre, du sarrasin et des raves, et j’ai toujours trouvé que ces deux dernières espèces sont les seules dont la herse arrache un grand nombre de plants lorsqu’elles sont très jeunes, et que les dégâts qu’elle produit dans les autres céréales et les plantes à siliques sont de très peu d’importance. Les blessures que la herse fait aux feuilles se guérissent en peu de temps, et cet inconvénient n’est jamais assez grave pour contre-balancer les grands avantages qu’offre le hersage dans la culture de presque tous les végétaux agricoles.
« Je crois nécessaire, dit M. Wheatcroft, de recommander la pratique que j’ai employée depuis plus de trente ans pour mes récoltes de blé. La voici : dans le mois d’avril, quand le blé est un peu sec, et quand je m’aperçois que la plante a besoin de nourriture, qu’elle est jaune et souffrante, ce qui arrive fréquemment dans cette saison, je fais par deux fois passer une paire de petites herses dans mon champ, ce qui peut se faire sans crainte d’endommager la plante : car je n’ai jamais trouvé que cela l’ait déracinée.
Quelques jours après cette opération, j’ai toujours remarqué que mon blé commençait à changer de couleur; que, de jaune et languissant, il devenait d’un beau vert. La plante commençait à pousser de nouvelles tiges, et au bout de quinze jours ou trois semaines ou aurait eu peine à croire que c’était la même plante. Trois semaines ou un mois après, ou au commencement de mai, la même opération peut être répétée avec succès, et l’on sera bien dédommagé de sa peine au moment de la récolte par une augmentation considérable de paille et de grain.»
En général les fermiers craignent d’arracher leur blé en le hersant; mais il n’y aura jamais plus d’une plante d’arrachée sur mille; et si quelques tiges sont déracinées, le reste y suppléera au centuple : une tige saine vaut mieux que cinq faibles, et produit plus de grain.
En agissant d’après ces principes, je sème toujours mon blé au moins un tiers plus clair que n’ont coutume de le faire en général les cultivateurs, et aussi un peu plus tôt; et quand mon blé paraît clairsemé au printemps, pourvu qu’il soit planté régulièrement, je suis très satisfait car je peux toujours le faire épaissir avec le secours de la herse. Par ce moyen la paille devient assez forte, et le blé verse rarement.