Plante en pot – généralités

Planter en pot : apprendre les bases

Presque toutes les plantes d’agrément peuvent se cultiver en pots ou en caisses, à la condition qu’on observe les règles que nous avons tracées pour cette méthode de culture.

Cependant dans la pratique, il y a des plantes qui réussissent mieux en pots que dans les plates-bandes des jardins, la plupart des plantes alpines par exemple. Il en est aussi qui, s’accommodant également des deux modes de culture, sont appelées plus directement que d’autres à orner les appartements , les terrasses, les fenêtres et les balcons. Pour ce double motif, la culture en pots devient une véritable spécialité. En traitant des plantes de serre tempérée et de serre chaude, nous verrons que la culture en pots y joue un rôle plus considérable encore que dans le jardinage ordinaire.

plante en pot

Drainage des pots

Rappelons sommairement les conditions essentielles du succès dans ce genre de culture. La première, celle qui domine presque toutes les autres, est le drainage des pots. C’est ce que savent tous les jardiniers expérimentés, mais, il faut bien le dire, ce qu’on n’observe généralement pas assez en France, où les bénéfices de cette pratique ne sont pas appréciés comme ils devraient l’être. Le drainage dont nous parlons ici ne consiste pas à mettre un tesson sur les trous dont les pots sont percés, mais à couvrir le fond du pot de tessons empilés avec un certain art, de manière à laisser entre eux beaucoup de vides, et cela sur une épaisseur qui peut aller au sixième, au quart et quelquefois au tiers de la hauteur totale du pot.

Le but qu’on se propose en agissant ainsi est non-seulement de faciliter la sortie de l’eau des arrosages, mais aussi d’empêcher cette eau de rester stagnante un seul instant autour des racines. Beaucoup de plantes périssent par cette seule raison que leurs racines ont été quelque temps baignées dans l’eau accumulée au fond des pots et qu’elles y ont été atteintes de pourriture. Cet effet est d’autant plus à craindre, dans les pots mal drainés, qu’on fait un plus fréquent usage des engrais liquides.




Choix de la terre

Une seconde condition, très importante aussi, est le choix de la terre. Excepté le cas des plantes dites de terre de bruyère, la terre employée pour la culture en pots doit être substantielle, c’est-à-dire contenir dans les proportions convenables les éléments calcaire et argileux. Mais, à cause de la spécialité de la circonstance, c’est-à-dire afin d’assurer un rapide écoulement à l’eau, cette terre doit être mélangée, dans des proportions qui varient d’ailleurs suivant la nature des espèces, de sable siliceux ou de terre de bruyère, à moins qu’elle ne soit déjà par elle-même suffisamment légère et perméable. Dans bien des cas le terreau de feuilles, et même le terreau de couches décomposé, supplée avantageusement au sable siliceux. Pour certaines plantes fortes et de croissance rapide la terre franche pure, substantielle et longtemps reposée, vaut mieux que tous les composts, mais toujours à la condition que les pots soient parfaitement drainés.

Quelque terre que l’on emploie, il est bon qu’elle soit assez fortement tassée au moment de la plantation pour que son niveau ne s’abaisse pas sensiblement à la suite des arrosages. Ce tassement a pour effet non-seulement de faire entrer dans les pots toute la quantité de terre qu’ils peuvent contenir, et par là de fournir à la plante la plus grande quantité possible de matières alimentaires sous un volume donné, mais encore d’empêcher la motte de terre de se réduire insensiblement et de diminuer l’espace laissé aux racines. Toute culture en pots dans laquelle la terre subit avec le temps un retrait considérable, doit être considérée comme une culture mal entendue ou négligée.

plantes en pot

Changement de terre et rempotage

Les changements de terre sont une autre condition non moins indispensable de la culture en pots, et ils doivent être d’autant plus fréquents que la motte de terre accordée à la plante est moindre relativement à sa taille et au développement de ses racines. Lorsque la terre est épuisée la plante ne fait plus qu’y vivre misérablement : il faut donc la renouveler au fur et à mesure de ses besoins. Mais comme les rempotages ne peuvent pas se faire avec le même succès dans toutes les périodes de la végétation, on choisit pour y procéder les époques où la plante est à l’état de repos, c’est-à-dire l’entrée de l’hiver ou les derniers jours de cette saison.

C’est à cette dernière époque qu’on doit, autant que possible, donner la préférence, quand on se contente d’un seul rempotage par an, et cela parce que la plante étant sur le point de commencer un nouveau cycle de végétation, il importe que ses racines trouvent dans la terre ambiante toute la dose de nourriture dont elles vont avoir besoin. On profite de l’occasion pour lui donner un pot plus grand, si le développement auquel elle est arrivée le fait juger nécessaire. Il est très essentiel, en effet, que la grandeur des pots soit proportionnée à la taille que la plante doit acquérir, et c’est parce qu’on n’accorde pas à ce point de la culture l’attention qu’il demande qu’on voit tant de plantes chétives et difformes dans les collections, surtout parmi les espèces ligneuses, dont les racines se contournent en tire-bouchon faute d’assez d’espace pour s’étendre.

Les rempotages successifs, en commençant par les plus petits pots pour finir par les plus grands, sont encore généralement en usage dans l’horticulture française. Si ces rempotages sont faits adroitement, que les plantes enlevées en motte soient remises dans les nouveaux pots sans rupture et sans dérangement notable de leurs racines, ils n’ont d’autre inconvénient que de retarder quelque peu la végétation de la plante. Nous nous sommes déjà expliqué sur la valeur de ces rempotages, utiles dans quelques cas particuliers, nécessaires lorsque le drainage des pots est mal établi, mais dont l’usage tend à diminuer de plus en plus dans l’horticulture anglaise, où le système de l’empotage unique est chaque jour mieux apprécié.

L’expérience démontre en effet que les plantes les plus jeunes peuvent être mises avec avantage, une fois pour toutes, dans les pots où elles doivent parfaire toute leur végétation, mais à la condition que la terre soit substantielle et que le drainage ne laisse rien à désirer. Leurs racines trouvant dès le principe l’espace nécessaire pour s’étendre librement, elles en deviennent plus fortes et plus vigoureuses, et on évite du même coup les petits accidents qui peuvent survenir dans une transplantation trop fréquemment renouvelée. Jamais, dans notre pratique particulière, nous n’avons vu périr les plantes, si jeunes qu’elles fussent, dans de telles conditions. Nous pouvons même ajouter que le système de l’empotage unique est à peu près le seul praticable pour les plantes de croissance rapide et dont le feuillage très développé offre une large surface évaporatoire aux sucs contenus dans leurs tissus. Pour toutes celles-là le système des rempotages fréquents serait plein de dangers. Son moindre inconvénient serait de retarder périodiquement la végétation, et c’est là encore ce qu’il faut éviter, surtout lorsqu’il s’agit d’espèces exotiques, dont la chaleur de nos climats tempérés suffit à peine à assurer le complet développement.

fleur en pot

Ce que nous venons de dire du drainage des pots et des changements de terre s’applique de tous points à la culture en caisses, aussi bien des arbres et arbustes d’orangerie que des simples plantes herbacées qui serviront à orner les fenêtres ou les balcons. Il suffit que la terre soit emprisonnée dans un vase quelconque, et que l’eau des arrosages n’ait d’issue que par le bas, pour qu’on doive favoriser le plus possible l’issue de cette eau, et ici, comme nous l’avons dit tout à l’heure, il n’existe qu’un seul moyen, le drainage parfait. Il est rare cependant que le drainage des caisses soit fait comme il devrait l’être. Presque jamais il n’a une épaisseur suffisante, et les matériaux qu’on y emploie (graviers, tessons de briques concassées, etc.), forment trop souvent au fond des caisses une couche compacte, dont les lacunes se remplissent graduellement de terre, et qui finit à la longue par former un véritable obstacle au passage de l’eau.

A défaut d’une quantité suffisante de grands tessons de pots, qui seraient ici la meilleure matière pour drainer, on devrait y employer des tuiles creuses, déposées sur le fond des caisses, la convexité en haut, et sur trois à quatre rangs d’épaisseur, de manière à ce qu’au-dessous de la motte de terre il y eût toujours un vide suffisant pour contenir la masse entière de l’eau des arrosages et empêcher les racines d’y baigner. Cette précaution d’un bon drainage, comme aussi celle de donner aux arbres des caisses d’une grandeur suffisante et une terre plus nutritive que celle qu’on leur accorde généralement, transformerait en peu d’années l’aspect de nos orangeries, où les plantes appauvries et sans figure sont la règle, et celles qui viennent d’une manière satisfaisante l’exception.

Les plantes qui se cultivent habituellement en pots peuvent se répartir assez naturellement en deux classes, à savoir : celles qui n’exigent pas de chaleur artificielle sous nos climats, bien qu’un certain nombre d’entre elles doivent être mises en hiver à l’abri de la gelée, et celles auxquelles la chaleur de la serre chaude ou de la serre tempérée est plus ou moins nécessaire. Nous n’aurons à nous occuper ici que de celles qu’on peut considérer comme rustiques ou demi-rustiques, et qui, pour la plupart, le seraient effectivement si, au lieu d’être tenues en pots, elles croissaient simplement en pleine terre.

La culture sur rocailles, et même sur buttes ou collines artificielles, a les plus grandes analogies avec la culture en pots, et il est à remarquer que c’est précisément aux plantes qui à l’état de nature croissent dans ces conditions que s’applique le mieux ce mode de culture. Toutes, ou presque toutes les espèces herbacées ou frutescentes qui vivent sur les talus des montagnes, sur les flancs ou dans les anfractuosités des rochers, sur les murs, en un mot partout où le sol est naturellement très drainé, soit par sa pente, soit par sa constitution minéralogique, sont ce qu’on peut appeler, dans la pratique, des plantes de pots. Nous ne séparerons donc pas ces deux catégories de plantes, puisque les principes qui régissent leur culture sont les mêmes, et que les différences qui les séparent sont plus apparentes que réelles. Un pot bien drainé n’est véritablement qu’une rocaille en diminutif. Il faut reconnaitre cependant que les plantes, quoique assujetties dans la nature aux conditions générales que nous venons d’indiquer, présentent encore dans leur ensemble d’assez grandes diversités de tempérament. Telle espèce préfère les sols siliceux aux sols calcaires ou argileux, et réciproquement; telle autre recherche les expositions sèches et aérées ou ne se plait que dans celles qui sont ombragées et humides.

plante en pot extérieur

Enfin, relativement à la température il y a aussi, suivant les espèces, des exigences bien différentes, ce qui s’explique par ce fait que la nature a créé des plantes de rocailles pour tous les climats, pour le midi comme pour le nord, pour les plages les plus brûlantes, comme pour les pentes les plus rafraichies des montagnes, depuis leur base jusqu’au point où les neiges éternelles mettent obstacle à toute végétation.

Il résulte de là que, dans la pratique horticole , où il faut reproduire aussi fidèlement que possible les conditions naturelles, les rocailles doivent être construites de différentes manières pour s’adapter aux tempéraments divers des plantes, et en effet il en existe de plusieurs sortes. On peut les ramener à deux types principaux : les rocailles sèches et les rocailles humides, entre lesquelles on trouverait facilement tous les intermédiaires. Les rocailles sèches sont celles qui, couronnant une colline artificielle, un exhaussement quelconque du sol, ou se trouvant du moins sur un terrain sec, ne reçoivent d’autre eau que celle des pluies. Même dans ces circonstances elles sont sèches à divers degrés, suivant les proportions relatives de la pierre et de la terre qui entrent dans leur construction, celles-là étant les moins sèches qui contiennent le plus de terre, ou une terre plus argileuse , puisque ce sont elles qui s’imbibent le mieux des eaux pluviales et les conservent le plus longtemps.

Les rocailles humides sont plus variées d’aspect et de composition, et leurs degrés d’humidité sont aussi fort différents. Il en est, par exemple, dont le pied baigne perpétuellement dans l’eau stagnante d’un étang ou d’une mare, ou qui sont côtoyées par un cours d’eau naturel ou artificiel. D’autres, représentant un vallon encaissé ou un cirque de rochers à parois abruptes, ont leur fond occupé par un réservoir d’eau qui entretient une continuelle humidité dans leur enceinte ; il en est, enfin, et ce sont les plus parfaites, dont les parois sont sans cesse humectées par le suintement d’un filet d’eau qu’on fait circuler à leur sommet dans des tuyaux dissimulés sous la verdure ou sous la pierre, et percés de distance en distance de très petits trous. Nous n’avons pas besoin d’insister pour faire comprendre que la construction de ces rocailles humides, qui sont particulièrement propres à la culture des fougères, est grandement aidée par des accidents de terrain, dont il faut savoir profiter, et que, sur un sol entièrement plat, les travaux de terrassement qu’il faudrait exécuter pourraient la rendre fort dispendieuse.
Toutes les terres usitées dans le jardinage ordinaire, les terres fortes et les terres légères, le sable siliceux, la terre de bruyère, le terreau de feuilles, plus rarement le terreau d’origine animale qu’on tire des vieilles couches, trouvent leur emploi sur les rocailles et les collines artificielles. Ces différentes terres, toutefois, ne doivent point être mélangées, mais distribuées séparément sur des rocailles et des collines distinctes, ou du moins sur des régions différentes du même monticule. On devra surtout éviter le mélange du terreau de couche avec les autres terres, et si on l’emploie, il serait bon de le réserver pour les points les plus bas, afin que l’eau ne puisse pas l’entrainer hors de la place qu’on lui destine.




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