La culture des fraisiers doit occuper une large place dans le potager; c’est un fruit excellent, très sain que l’on peut facilement récolter toute l’année avec un peu de soin.
Culture des fraisiers aujourd’hui
Planter des fraisiers aujourd’hui – avec plastique :
Plantation des fraisiers aujourd’hui – sans plastique :
Entretien des fraisiers aujourd’hui :
Nettoyage des fraisiers aujourd’hui :
Culture des fraisiers selon nos anciens
Nous diviserons les fraisiers en deux espèces: les grosses fraises qui ne donnent qu’une fois au printemps, et les petites des quatre saisons donnant des fruits toute l’année. Ce sont deux cultures distinctes dans le potager.
Semis de fraisier
Disons tout d’abord, que lorsqu’on veut multiplier n’importe quelle variété de fraisier, il faut le faire par semis et non par coulants. Le plant provenant de semis est robuste, vigoureux, et produit des fruits superbes, tandis que le plant obtenu par coulants, manque de vigueur, est peu fertile, et toujours exposé à une dégénérescence plus ou moins grande.
On trouve de la graine de fraisiers excellente chez tous les grainetiers consciencieux. Quand on veut la récolter soi-même, on choisi les plus belles fraises, les mieux faites, et on les laisse mûrir complètement sur pied. On les écrase dans l’eau, et au moyen de plusieurs lavages successifs, on extrait la graine; on la laisse sécher un peu, on la mêle avec moitié terre et l’on sème.
Les semis de fraisiers présentent quelques difficultés; pour que la graine lève bien, il faut qu’elle soit semée en terre légère, constamment humide et que le semis soit exposé à une grande chaleur, tout en restant ombragé. La réunion indispensable de toutes ces conditions ont fait échouer presque tous les jardiniers inexpérimentés, dans leurs semis de fraisiers. Le bon plant, ne s’obtient que de semis, il fallait trouver un moyen simple et facile pour obtenir la levée des graines, j’ai dû le chercher pour populariser les semis, et les rendre faciles pour tous. Rien n’est plus simple ni plus facile, sans terre de bruyère, sans chassis, sans couches et sans cloches. Voici comment on opère:
En juin et juillet, pendant les plus grandes chaleur, on laboure profondément un bout de planche d’un ou deux mètres, lorsque la terre a été bien divisée par le labour, les mottes bien cassées, quand elle est entièrement meuble enfin, on met sur la place à ensemencer, environ dix centimètres de terreau de couche qu’on amalgame bien avec la terreau moyen d’un bon hersage au crochet. On sème la graine de fraisier très clair, et encore faut-il la mélanger de moitié de terre ; on jette ensuite quelques graines de radis très éloignées parmi la graine de fraisiers, et l’on recouvre le tout d’un millimètre environ de terreau, bien émietté avec les doigts. On arrose deux, trois et quatre fois par jour s’il le faut, avec un arrosoir à pomme très fine pour éviter de battre la terre. Le point capital est de la maintenir constamment humide.
Quatre ou cinq jours après, les radis lèvent; leurs larges feuilles couvrent bientôt le sol, et quelques jours plus tard les fraisiers lèvent ombragés par les feuilles de radis. Dès que les fraisiers ont deux feuilles bien formées on éclaircit un peu les radis, on les supprime progressivement, au fur et à mesure que les fraisiers prennent de la force, et trois semaines après la place semée est couverte de plant de fraisiers de la plus belle venue. Il ne faut jamais cesser d’arroser au moins une fois par jour, jusqu’à ce que le plant soit bon à mettre en pépinière.
Repiquer des fraisiers
On prépare dans le jardin une planche que l’on terreaute fortement comme pour le semis, et l’on y fait un rebord pour retenir l’eau des arrosements. On déplante les fraisiers avec la plus grande précaution pour conserver toutes leurs racines, et on les repique en quinconce à dix centimètres en tout sens. On arrose copieusement tous les jours; on donne de légers binages avec le sarcloir, et six semaines ou deux mois après on a du plant de fraisiers excellent, et pourvu d’abondantes racines, condition indispensable pour obtenir de beaux produits.
Le fraisier demande une terre douce, de consistance moyenne, et fumée de l’année précédente; il redoute les fumures fraîches et exige une humidité constante pour donner de beaux et d’abondants produits. Sa place est en planches bien paillées, et non en bordures comme on le place souvent, et où il donne des résultats presque négatifs, parce qu’il est presque toujours déchaussé, et constamment privé d’eau.
Chacun choisira les variétés qui conviennent à son jardin. Comme fraise perpétuelle, je choisis, à l’exclusion de toute autre, la variété de Gaillon, excellente, très fertile, donnant depuis le mois mai jusqu’aux gelées, et ayant le précieux avantage de ne pas produire de coulants.
Les coulants sont la plaie du fraisier; non-seulement ils produisent de mauvais plant, mais encore, ils épuisent le pied-mère, nuisent à la production, à la qualité et au volume des fruits. Ils doivent être supprimés au fur et à mesure de leur production dans toutes les cultures de fraisiers bien tenues.
Les grosses fraises ne donnant qu’une fois seront arrachées aussitôt après la récolte. Elles ne peuvent occuper la terre toute l’année pour produire aussi peu. Voici comment il faut opérer:
Vers la fin d’août ou dans les premiers jours de septembre, lorsque les grandes chaleurs sont passées, et que les pluies commencent à tomber, on choisit dans le potager des planches ayant déjà produit au moins deux récoltes; on les laboure profondément ; on les herse énergiquement pour bien ameubler la terre ; on y établit des rebords élevés pour retenir l’eau des pluies et des arrosements; on met un paillis épais fait avec du fumier provenant de la démolition des couches, et l’on repique les fraisiers provenant des pépinières, en quinconce à 20 centimètres en tous sens, et les rangées des bords à 20 centimètres de l’allée.
Pour que le repiquage soit parfait, il est préférable d’enlever les fraisiers en motte; on les place avec précaution dans un panier; on écarte le paillis à chaque place occupée par un fraisier; on fait un trou avec le déplantoir, on plante en motte, on rajuste le paillis, et l’on arrose copieusement après la plantation. Pour utiliser le terrain on peut contreplanter des poireaux entre les fraisiers. Or arrosera copieusement toutes les fois que le temps sera sec, et l’on détruira rigoureusement les coulants dès qu’ils apparaîtront.
L’année suivante cette planche de fraisiers fera partie d’un autre carré; les fraisiers vigoureux et bien enracinés donneront une abondante récolte; aussitôt après, on les arrachera, et l’on sèmera des carottes tardives dans les planches qu’ils occupaient.
Plantation des fraisiers en hiver
Une partie du plant de fraisiers arrachés sera conservée, pour garnir les planches de l’année suivante au mois d’août, et pour être mis en pots, afin d’obtenir des fraises sous chassis pendant l’hiver. Voici comment on opère:
On dédouble les pieds de fraisiers pour choisir les tiges les plus jeunes; il faut qu’elles aient le collet gros, ce sont les plus fertiles. On coupe avec la serpette, les tiges que l’on veut conserver, en ayant soin de les enlever avec une partie de racine, et on les repique en pépinière dans une planche, à 25 centimètres en tous sens, avec les soins indiqués ci-dessus. Au mois d’août ou de septembre ou met en place dans un autre carré, comme nous l’avons dit, et l’on réserve sa provision de plant pour forcer.
S’il y a une serre chaude, on plante les fraisiers dans des pots qu’on place sous chassis froid ou dans l’orangerie à l’approche des gelées, pour les mettre dans la serre chaude en janvier. S’il n’y a pas de serre, on force sur couche chaude et sous chassis; en enterrant les pots sur la couche, dans du terreau. Les couches tièdes sont suffisantes pour forcer les fraisiers; ils ne demandent qu’une chaleur de 15 degrés environ que l’on entretient à l’aide de réchauds. On donne de l’air toutes les fois que le temps le permet, on couvre soigneusement la nuit avec des paillassons, et l’on arrose avec de l’eau à la température de 15 degrés, toutes les fois que le besoin s’en fait sentir. Il est urgent d’enlever les coulants sous chassis, comme en pleine terre, dès qu’ils se montrent.
Les fraisiers de Gaillon donnant des produits pendant toute l’année, resteront deux ans en place; au bout de ce temps, ils seront arrachés, et on créera de nouvelles planches.
Quelque bien soignée que soit une culture de fraisiers, les fruits dégénèrent et la production diminue la troisième année. Les fraisiers de Gaillon de seconde année sont une précieuse ressource pour l’hiver quand on a une serre tempérée. On choisit les pieds les plus vigoureux, pour les mettre en pots au mois d’octobre ; lorsqu’ils sont bien repris, on accroche des pots de fraisiers après les murs de la serre, à l’aide d’un fil de fer, et l’on récolte ainsi des fraises, sans interruption, pendant tout l’hiver, sans avoir d’autre peine que celle d’arroser les pots. A défaut de serre on peut enlever ces fraisiers en mottes, et en garnir deux ou trois panneaux de chassis, et chauffer comme je l’ai indiqué pour les grosses fraises.
La mise en place des fraises de Gaillon a lieu du 25 août au 15 septembre. La préparation du sol et la plantation se font de même que celles des grosses fraises, mais avec cette différence que la distance entre les fraisiers est de 30 centimètres seulement.
Les fraisiers de Gaillon donnant d’une manière continue, demandent plus d’engrais que les autres, et quelques soins particuliers pour soutenir leur production pendant deux années consécutives. Au printemps qui suit la mise en place, on étend une couche de terreau épaisse de trois centimètres environ sur le paillis placé en septembre à l’époque de la plantation, puis on met un nouveau paillis après avoir donné un binage énergique avec les dents de la serfouette.
La seconde année, à la même époque, la planche de fraisiers se trouve dans un autre carré; on lui donne au printemps un nouveau terreautage et un paillis neuf. Avant de biner et de terreauter, il faut, chaque année, bien nettoyer les fraisiers au moins une fois ; c’est-à-dire enlever avec le plus grand soin les feuilles sèches et toutes les tiges mortes. Si le nettoyage des fraisiers n’est fait qu’une fois par an, il est utile de l’exécuter avant de remettre du terreau. Le fraisier a toujours tendance à se déchausser, et quand le collet est au-dessus du sol, il devient infertile s’il n’est pas réchaussé. N’oublions pas, non plus, que le fraisier demande beaucoup d’eau ; si nous voulons que sa production se soutienne, il faut l’arroser constamment; on peut arroser sans inconvénient sur les fleurs, cela n’empêche pas les fruits de nouer, et attendrit les fraises.
Cette culture demande des soins, mais on en est bien récompensé par l’abondance de la récolte. Il faut avoir cultivé des fraisiers dans de bonnes conditions pour se faire une idée de leur production.
Culture du fraisier quatre saisons ou fraisier des Alpes
Origine. – Cette espèce est originaire des Alpes, où elle croit à des altitudes assez élevées. Elle fut apportée en France en 1754, par Fougeroux de Bondarov, qui l’avait cueillie au mont Cenis
Culture de pleine terre.
– Les fraisiers en général, et particulièrement les espèces à petits fruits, sont peu difficiles sur le choix du sol ; cependant un terrain léger, humide et sain, est préférable. Dans les sols secs, en été, il faut beau coup arroser si l’on veut obtenir une bonne production.
On multiplie le fraisier par ses stolons ou coulants, qu’on plante à deux époques différentes, en mars ou avril, ou à la fin de l’été, en août, en septembre, et même jusqu’en novembre
Les plantations effectuées en août et septembre sont les meilleures, car les jeunes plants, ayant le temps de faire leur reprise avant les froids, résistent mieux à la température basse de l’hiver; et aux premiers beaux jours ils poussent vigoureusement et forment, selon les sols, de bonnes touffes qui produisent abondamment.
Ceux au contraire que l’on plante en avril-mai ne donnent leurs produits que l’année suivante, à part cependant quelques rares fleurs qui naissent par ci par là.
Le fraisier commun et le fraisier des Alpes se reproduisent franchement par les semis; on sème aussitôt la maturité des graines en juin ou juillet, dans une plate-bande un peu ombragée, et dans un sol léger et meuble. On sème par petits rayons et on recouvre légèrement de bon terreau ; en dix ou vingt jours les graines lèvent. Aussitôt que les jeunes plants peuvent supporter le repiquage, on éclaircit et on plante en pépinière, et quand arrive le moment de mettre en place en septembre, on les met à demeure comme on ferait d’un autre coulant. Au printemps, ils donnent une production aussi abondante que ceux qu’on aura multipliés d’une autre façon.
On peut aussi semer en mars-avril, sur couche tiède ; on repique le plant, sur une autre couche froide, ou en pleine terre et on met en place vers la fin de mai ou juin. Ce procédé est en quelque sorte plus sûr, mais aussi il est plus long.
Quel que soit le mode de multiplication que l’on fasse, il faut que le terrain soit au préalable labouré profondément et fumé avec de bons engrais bien décomposés. Le fumier de bêtes à cornes parait bien convenir.
On plante le fraisier par planches larges de 1m20 et on trace quatre rayons à 30 centimètres divisés par des sentiers de 50 centimètres. On plante au plantoir à 30 centimètres sur la ligne et en échiquier. Si le plant est petit, on en met deux ensemble, et, aussitôt la plantation faite, on arrose légèrement chaque pied, afin de tasser la terre autour des racines.
Avant de planter, on rogne l’extrémité des racines et une partie des feuilles autant que possible, on choisit des plants dont les racines sont blanches. Éviter de planter des plants dont les racines sont noires, c’est un signe certain qu’ils sont trop vieux.
Dans les premiers jours de mars, alors que les nouvelles feuilles commencent à se développer, on bine profondément en observant de ne pas les déraciner. On donne un autre binage en avril, puis on étend un bon paillis, sur chaque planche.
Les autres soins consistent en sarclages, et surtout en arrosages fréquents, si l’on veut obtenir une bonne production. Dans les sols secs, l’irrigation produit d’excellents effets. En octobre, on enlève
tous les coulants ainsi que les feuilles mortes ou jaunies. L’année suivante, les mêmes soins de culture sont nécessaires ainsi que la troisième année. Passé ce délai, la plupart des touffes meurent, et pourrissent en hiver; la plantation devient alors irrégulière : il faut la renouveler. De plus, les fruits des vieux pieds sont moins gros et moins parfumés.
Culture forcée.
— Cette espèce de fraisier ne se force guère. Pour cette culture, voir le fraisier ananas plus bas.
Variétés.
– La Meudonnaise, très estimée autrefois aux environs de Paris; feuilles un peu cloquées, d’un vert blond, fruit conique, gros, rouge foncé, d’une maturité tardive, très parfumé.
Fraise Janus. — Bonne variété améliorée de la fraise des Alpes, très fertile, fruits allongés, rouge vif à la maturité et remontante.
Belle de Meaux — Variété nouvelle ; fruit gros, conique, de couleur rouge carmin foncé, très parfumé. On la dit bien supérieure aux autres variétés en tant que production et finesse de goût.
Fraisier des Alpes sans filets ou fraisier de Gaillon à fruit rouge. — Variété très distincte des précédentes; elle ne produit pas de filets et se multiplie par la division des touffes. Elle convient spécialement pour la formation des bordures ; elle est très rustique et produit abondamment tout l’été.
Fraisier des Alpes sans filets à fruit blanc. — Même culture et même rusticité que la précédente, fruit peu parfumé et peu apprécié sur les marchés.
Culture du fraisier ananas
Culture de pleine terre.
— La culture est à peu près la même que celle que nous avons indiquée pour le fraisier des quatre saisons. On choisira de préférence les coulants qui se développent à l’arrière-saison,et surtout bien observer que les pieds d’où ils proviendront soient productifs, car souvent on choisit les plus beaux coulants qui ne viennent la plupart du temps que de mauvais pieds, vigoureux, il est vrai, mais peu productifs ; de là provient la dégénérescence.
La multiplication par semis ne se fait que pour obtenir de nouvelles variétés : car, dans un semis, il v a toujours peu de sujets qui caractérisent bien l’espèce
Culture forcée au thermosiphon.
– La culture forcée n’est certes pas difficile; mais, pour réussir, il faut une certaine pratique. Il y a plusieurs modes d’opérations.
Dans ce genre de culture, la façon de bien préparer les plants à la fructification est le point capital, car c’est de là et de l’aération des sujets au moment de la floraison que dépend le succès.
Dans le courant de juin ou juillet, on fait choix des plus beaux coulants qu’on plante à 10 centimètres dans une planche bien préparée et surtout copieusement fumée et s’il est possible, à mi-ombre. On arrose souvent.
Dans le courant d’octobre, on arrache les coulants et on les met dans des pots de 15 centimètres qu’on emplit d’un mélange de 1/4 terreau de couche, 1/2 à potager, 1/4 terreau
de feuille. On met trois ou quatre coulants par pot qu’on dépose près des parois et non au milieu ; les plantes se développent beaucoup mieux.
Une fois rempotés, on enterre les pots à moitié dans du sable, du tan, du terreau, etc. On ombre pendant quelques jours pour faciliter la reprise et on les laisse dans cet état jusqu’au moment de les mettre sous bâches ou en serres pour les forcer. On les couvre s’il survient des froids trop vif.
Quand arrive le moment de les forcer, c’est-à-dire vers le 15 décembre, on les nettoie bien, on enlève les feuilles jaunes et mortes et on en met une certaine quantité en place pour être chauffées. On échelonne les plantes de façon à en avoir a forcer jusqu’à ce que celles de pleine terre commencent a produire. On enfonce les pots jusqu’à moitié environ de leur hauteur dans le tan ou l’escarbille et on les distance de 5 à 6 centimètres en tous sens, puis on commence à chauffer. On maintient d’abord une bonne chaleur douce de 12 à 15 degrés centigrades, jour et nuit, jusqu’à ce que les
fruits commencent à nouer, à partir de ce moment on force la chauffe afin d’avoir une chaleur de 20 à 25 degrés.
A partir du moment où l’on commence à chauffer, on veille à l’arrosage qui doit être fait d’une façon suivie afin qu’aucune plante ne se dessèche et se fane, ce qui est leur perte.
On bassine souvent et légèrement, jusqu’à l’apparition des fleurs ; à partir de ce moment on ne bassine plus. Une fois les fruits noués, on continue l’opération jusqu’à maturité.
Chaque fois qu’il sera possible de donner un peu d’air, il faudra le faire, surtout quand arrivent des coups de soleil, qui font rapidement monter la température sous les vitrages; il faut éviter ces excès de chaleur.
Il faut éviter aussi que les fruits touchent le sol. On les maintient élevés par des attaches en jonc soutenues par des petites baguettes placées autour des pots, ou mieux encore on fabrique soi-même des petits ronds de fil de fer qui durent plusieurs années.
Il est un autre très bon moyen pour la préparation des plants à forcer, qui consiste à faire choix en juin et juillet des plus beaux coulants et, sans les déranger de leur attache au pied-mère, on les rempote dans de petits godets qu’on enterre dans le sol. On les maintient fixés au sol par des crochets en bois. Ces jeunes plants, sous l’influence des arrosages qui devront être copieux, se développent rapidement et constituent à la fin de l’été de très beaux sujets parfaitement préparés pour la culture forcée. Au sevrage qui a lieu en octobre, on les empote dans des pots plus grands ; et on peut en mettre trois par pots de pouces.
Assurément ce procédé est long et dispendieux ; mais de cette façon les plantes, ne subissant aucun arrêt dans leur développement, poussent vigoureusement et donnent toujours de très bons résultats. C’est un excellent procédé très recommandable pour les amateurs.
Les variétés qui se prêtent le mieux à la culture forcée sont : Docteur Movère. – Docteur Nicaise. – Lucie Flament. – Gloire de Zuidwick. – Duc de Malakoff. – La Chalonnaise. – Marguerite. – Jacunda.
Les jeunes plantations de l’année précédente, qui ont donné une première récolte en pleine terre, peuvent aussi, étant mises en pots de bonne heure, donner de bons résultats, traitées comme nous l’avons indiqué.
Quant à l’installation du chauffage, les meilleurs systèmes sont les petites serres très basses à pignon , larges de 3 mètres a l’intérieur, avec des banquettes de 1m10 de chaque côté et un passage au milieu de 80 centimètres. Les banquettes sont assujetties par des fers à T reposant sur des dés enfoncés dans le sol. Les planchers de ces banquettes sont formés de carreaux de terre cuite également soutenus par des fers à T et des fers cornières : un ou deux tuyaux d’eau chaude longent le dessous de la banquette à 25 ou 30 centimètres. Le dessus des banquettes est rempli de tan, de son de bois ou de sable pour recevoir les pots qu’on enterre à moitié.
On peut aussi se servir de bâches d’une largeur de 1m60 ou 2 mètres où on aura établi un plancher en carreaux comme nous l’avons dit pour la serre, et sous lequel passera un tuyau d’eau chaude, aller et retour, à 25 centimètres des parois du mur. Comme toute la chaleur se trouve concentrée en dessous, il faut ménager des ouvertures qu’on bouche à volonté, pour donner un peu d’air chaud dans la partie du dessus où se trouvent les plantes. Ce système de bâches est très bon, on obtient de très beaux résultats, mais nous préférons la petite serre où il est plus facile de surveiller les plantes.
Culture hâtée sous châssis.
— Dans les premiers jours de janvier, on prépare de bonnes couches d’une épaisseur de 50 ou 60 centimètres au moins, que l’on charge de 10 ou 15 centimètres de résidus de charbon ou de tannée, on laisse jeter les premiers feux et on y place les pots de fraisiers que l’on enterre environ à moitié. On recouvre de châssis. Les autres soins consistent à aérer le plus souvent possible, pour éviter la moisissure, car la chaleur humide de la couche fait souvent périr le fraisier. On arrose peu, juste pour éviter que la plante se fane ; peu de bassinages, la buée qui se dégage suffit, il n’y a que lorsque les fruits sont noués, qu’il faut arroser sérieusement. On verse l’eau au pied sans mouiller les feuilles. On maintient de bons réchauds autour des coffres et on couvre de paillassons pendant la nuit pour concentrer le plus de chaleur possible. Quand les fruits sont noués, on donne beaucoup d’air, et s’il survient quelques rayons de soleil trop chauds, on ombre.
Lorsque la chaleur de la couche diminue, on en prépare une autre, et on les place dessus. On n’a guère de fruits avant douze ou treize semaines, les plantes mises au forçage dans les premiers jours de janvier ne donneront leurs produits que vers la fin de mars, première quinzaine d’avril, encore faut-il que la culture ait été bien conduite.
Un autre moyen, pour avancer de quelques jours la maturité des fraises au printemps, consiste à poser en mars des coffres et leurs panneaux sur les planches en pleine terre ; on creuse les sentiers de 20 centimètres de profondeur, on les remplit de bon fumier chaud, jusqu’à la hauteur des coffres. On remanie de temps en temps ces réchauds pour entretenir la fermentation; on donne de l’air souvent on arrose, on nettoie souvent les plantes ; de cette façon on a des fraises mûres quelques jours avant celles de pleine terre.
Variétés.
– Nous allons donner une liste des bonnes variétés.
Fraises hybrides. _ Carolina superba. – Plante vigoureuse, velue, feuilles d’un vert luisant, fruit gros un peu aplati et court, de couleur vermillon ; demi-tardive
Docteur Morère. – Plante très vigoureuse, velue, feuillage grand, large, d’un vert foncé, fruit très gros, un peu court, élargi ; très productive. Cette variété est cultivée un peu partout ; c’est une des plus recommandables
Docteur Nicaise. – Plante de vigueur moyenne, fertilité relative, fruit très gros, pesant 40 à 50 grammes ; demi-hâtive.
Duc de Malakoff. – Plante très vigoureuse à grandes feuilles d’un vert foncé, fruit gros, élargi, court, chair jaune très juteuse ; excellente variété très recommandable
Marguerite. – Très vigoureuse, feuillage d’un vert foncé fruit très gros allongé, rouge vermillon, chair blanche très sucrée et parfumée ; mûrit tardivement.
Gloire de Zuidwick. – Excessivement vigoureuse, feuilles d’un beau vert grisâtre, fruit gros, conique, demi-hâtif, de couleur écarlate vif, chair fondante.
Fraise Lucas. – Plante vigoureuse, feuille d’un vert franc, fruit oblong, assez gros, d’un rouge foncé, chair rose pâle, juteuse, parfumée.
Culture du fraisier Capron
Origine. — Plante vivace, indigène. Autrefois cette espèce était en honneur, on la cultivait partout ; aujourd’hui elle n’est guère cultivée que dans les jardins botaniques, on préfère les fraises hybrides.
Culture.
— Ce genre de fraisier est très rustique, il se multiplie aisément par ses coulants, qui sont nombreux, mais comme il y a des individus mâles et femelles, il est essentiel de planter des deux pour que la fécondation s’opère, et, lorsque l’on aura l’intention de planter, il faudra au moment de la production étiqueter les uns et les autres.
Comme la fraise des bois, cette espèce ne donne qu’une récolte au printemps, elle ne remonte pas.
Variétés.
— Fraise Capron framboisée. — La plus connue et celle que l’on cultivait le plus autrefois. La plante est très haute, feuillage d’un vert blond, fruits nombreux, sphériques, de couleur violacée ou lie de vin, chair blanche légèrement jaunâtre et d’un goût framboise.
Belle Bordelaise. — Plante plus trapue que la précédente, feuillage d’un vert blond, un peu grisâtre, fruit gros. allongé parfois, très parfumé, framboise, remonte quelque-fois. On la cultive encore aux environs de Bordeaux
Culture du fraisier du Chili
Origine. — Plante vivace du Chili, fut rapportée en 1714, par Frézier. Très commune dans les Andes, on la rencontre partout. On assure qu’en certains endroits du Chili elle est tellement envahissante qu’on est obligé de la détruire.
Culture.
— Les plantes appartenant à cette espèce sont vigoureuses, trapues, à feuillage d’un vert sombre, les fruits sont très gros, de forme irrégulière, d’une couleur orangé vif. C’est de cette espèce fécondée avec le fraisier ananas, qu’on a obtenu les variétés dites hybrides ou anglaises, dont quelques fruits pèsent jusqu’à 70 grammes, et certes on ne s’arrêtera point là : les semis et les fécondations se continuent et il n’y a pas à douter qu’avant peu on arrive à mieux.
Le fraisier du Chili est un peu délicat ; il craint le froid et surtout l’humidité de l’hiver.
En Bretagne, il s’en fait de grandes cultures, mais dans des terres sablonneuses et saines.
Même culture que les variétés hybrides.
Graines de fraise.
— Pour extraire la graine de fraise, on choisit les fruits les plus mûrs et les plus beaux ; on les place sur une planche à l’ombre; lorsque la décomposition commence à se produire, on les écrase dans un récipient plein d’eau ; les graines se précipitent au fond, on les ramasse pour les semer aussitôt, ou les faire sécher. Il n’est pas nécessaire d’attendre que les fruits soient en décomposition. Aussitôt ramassé, si le fruit est suffisamment mûr, on peut en extirper les graines. Elles se conservent bonnes pendant trois ans. Dans un gramme, il y a de 800 à 2500 graines, selon les espèces.
Maladies du fraisier, Animaux nuisibles.
— Il n’y a guère que le blanc ou meunier, qui attaque cette plante et qui semble principalement se développer sur des plantations effectuées dans des terrains rapportés et là où le fraisier est depuis
longtemps cultivé ; le meilleur remède à employer consiste à arroser les pieds atteints avec un lait de chaux très clair.
Nous avons essayé le sulfate de fer, dissous dans beaucoup d’eau, mais les résultats n’ont pas été satisfaisants.
Si peu de maladies attaquent le fraisier, en revanche les animaux nuisibles sont très nombreux.
Le ver blanc ou larve du hanneton est très friand de sa racine ; dans les sols où ils pullulent, il n’est pas rare de voir des planches entières détruites en peu de temps ; jusqu’à présent le moyen de destruction a été de le tuer.
Le ver gris est encore un terrible ennemi, il y a certains sols où on ne peut pas en cultiver à cause de ce ver. Si le Botrytis tenella peut détruire le ver blanc et le ver gris, les cultivateurs s’en réjouiront.
La fourmi attaque quelquefois les fraises, mais le plus souvent elle établit domicile au pied des fraisiers et creuse des galeries, ou elle couvre presque le pied de terre, pour les détruire, on place des assiettes enduites de miel ; elles y vont et ne peuvent plus sortir, on plonge alors l’assiette dans l’eau bouillante.
La limace aime beaucoup la fraise qu’elle ronge entièrement. Il n’y a que celles qui touchent le sol qui sont endommagées. Détruire ces bêtes est difficile, en ce sens qu’on en trouve toujours. On leur fait une chasse suivie matin et soir on les embroche avec un fil de fer pointu, on les jette dans un peu de chaux délavée. On peut encore placer distance en distance des feuilles de choux ou des morceaux de carottes ou de raves, elles se réfugient dessous pour les dévorer alors on les prend aisément.
L’escargot s’attaque rarement à la fraise. La chenille verte et grise dévore quelquefois les feuilles au printemps, on la cherche et on l’écrase, c’est le seul moyen de s’en débarrasser.
La taupe porte un tort considérable aux plantations, elle les culbute, et les déracine en formant des galeries souterraines. Il faut chercher à la détruire, soit en lui tendant des pièges, soit en la guettant pour la tuer. Les piègees en bois sont ceux dont nous nous servons, ils sont meilleurs et plus sûrs que ceux en fer.
Le mille-pattes est un petit ver très long d’une souplesse extraordinaire, qui marche aussi bien en avant qu’en arrière il s’introduit dans les fraises qui touchent le sol, en très grand nombre, et l’intérieur du fruit est entièrement dévoré. On ne connaît guère de moyen pour le détruire.
La courtilière fait quelques ravages dans les jeunes plantations ; c’est surtout dans les terrains sablonneux où elles pullulent qu’on devra y prendre garde.
Que faire avec la fraise.
— On accommode les fraises de plusieurs façons, au vin, au cognac, au kirsch, au rhum, au madère et mieux encore au Champagne. On les mange seules, accommodées au sucre ou mélangées aux framboises.
On prétend qu’en lavant les fraises elles perdent de leurs parfums, c’est un tort, si on a le soin de les laver une demi-heure avant de les consommer, elles recouvrent leur odeur, et elles sont plus propres et plus appétissantes.
La fraise est très digestive.
Dissoute dans l’eau, elle forme une boisson agréable et adoucissante.
On en fait des conserves sous forme de confitures, de gelées. On en fait même une très bonne liqueur en mélange avec des framboises.
Les fraises servent à la préparation d’un sirop que l’on emploie pour aromatiser les crèmes et les gelées.
Les fraises passent rapidement à la fermentation vineuse, alcoolique et acétique ; aussi peut-on en faire du vin, de l’eau-de-vie et du vinaigre.
Les fraises sont balsamiques et rafraîchissantes, on ne peut leur reprocher que leurs vertus légèrement laxatives que l’on corrige avec du sucre et un peu de vin. Cependant, comme elles sont en général assez froides, il serait peut-être imprudent d’en faire excès, surtout à la suite d’un grand dîner ; mais le matin à jeun, ou lorsque le travail de la digestion est terminé, c’est un mets des plus salutaires.
Les parfumeurs obtiennent par la distillation des odeurs à la fraise qui sont très agréables et auxquelles ils attribuent la propriété de faire disparaître les taches de rousseur.
Dans quelques pays, les habitants se servent des feuilles en place de thé.
Planter des fraisiers
Il y a plusieurs sortes de fraisier; les plus estimées sont : le fraisier des Alpes, qui a l’avantage de fournir jusqu’aux gelées, tant qu’il reste assez de soleil pour mûrir et colorer les fruits, le fraisier de Bargemont, qui produit au printemps et en automne; le fraisier de caperons et de Chili, dont le fruit est très gros et sucré, mais moins parfumé que ceux des espèces précédentes; le fraisier écarlate ou de Virginie, dont le fruit est assez médiocre, mais hâtif, et peut se cultiver sous châssis; enfin le fraisier commun, qui donne des fruits petits, mais très parfumés.
Le fraisier se multiplie par les semences, les œilletons éclatés et les jeunes pieds produits par les filets.
Les graines doivent être recueillies sur les fraises les plus belles et les mieux conformées, parvenues à une parfaite maturité, ou même passées et séchées sur pied. Lorsqu’on veut les semer, ce qui se peut faire depuis le mois de mars jusqu’au commencement d’août (en semant plus tard, la plupart des pépins ne lèvent qu’après l’hiver, ou le jeune plant ne devient pas assez fort pour résister aux grands froids), on laboure un petit espace de terre meuble et légère; on unit la superficie, et l’on donne une ample mouillure; aussitôt on répand les graines, et l’on passe au tamis de crin de la terre meuble réduite en poussière, en quantité suffisante pour les recouvrir d’environ une demi-ligne. Cette poussière tamisée sur la terre mouillée, s’humecte suffisamment, et s’attache aux graines. On couvre le tout d’un paillasson ou de grande paille, et de temps en temps on donne par dessus des arrosements légers pour entretenir l’humidité nécessaire à la germination des graines.
De dix à vingt jours après, lorsqu’on voit les plants sortir de terre, on retire le paillasson, et on l’élève devant, afin de préserver le plant naissant de l’action du soleil, qui le dessécherait. On sarcle, on arrose, et on laisse les jeunes fraisiers se fortifier. S’ils ont cinq ou six feuilles avant le mois de novembre, on les transplante en pépinière, en mettant chaque pied séparément à dix ou quinze centimètres de distance l’un de l’autre, ou trois ou quatre pieds ensemble à 20 ou 25 centimètres de distance entre chaque touffe. S’ils sont trop faibles, on remet la transplantation au mois de mars ou avril suivant. Ce plant demeure en pépinière jusqu’au mois d’octobre ou de novembre. Pendant l’été il faut le sarcler, biner , arroser, etc.
Les filets produisent de jeunes pieds propres à multiplier le fraisier. Si l’on n’a besoin que de peu de plant, on pince les filets au delà du second œilleton qui en est sorti, afin que ces deux œilletons profitent davantage. Si l’on a besoin de beaucoup de plant, on abandonne les filets à la force de leur végétation et à leur fécondité. Ils donneront un grand nombre de jeunes pieds qu’on arrachera vers la mi-novembre pour les planter sur le champ en place aux distances convenables; mais il vaut mieux les planter fort prés les uns des autres dans des rayons d’où on les tire vers le commencement d’avril pour en former des planches. Il vaudrait encore mieux les mettre pendant un an en pépinière dans un terrain de moindre qualité que celui qu’on destine à leur culture. Si l’on perdait sur la grosseur du fruit, on gagnerait sur son parfum.
On peut, après la récolte des fraises, rechausser le pied des fraisiers pour faire enraciner les œilletons; au mois de novembre ces œilletons, éclatés et mis aussitôt en place, forment un très bon plant, préférable à celui qui vient des filets. C’est le moyen ordinaire de multiplier le fraisier sans coulant.
Plantation des fraisiers
Une bonne terre franche, meuble, légère sans être sèche, est celle qui convient le mieux au fraisier. Il réussit plus ou moins bien dans toutes sortes de terre, à proportion qu’elles approchent plus ou moins de celle-ci. Un pareil terrain n’a besoin d’aucun engrais. On fume et l’on amende les terres de moindre qualité, lorsqu’on préfère la grosseur du fruit à son parfum. On sait que les fraises de bois sont les meilleures, et qu’elles dégénèrent de qualité en raison de la grosseur qu’elles acquièrent par la culture.
Dans les terres fortes et compactes, où les fraisiers ne peuvent subsister, on laboure et on dresse les planches ou plates-bandes; ensuite on creuse, suivant leur longueur, autant de petites tranchées parallèles larges de 15 centimètres sur une égale profondeur, qu’on se propose de planter de rangs de fraisiers, et on les remplit de bonne terre légère et sablonneuse.
Les fraisiers se plantent à la cheville en échiquier après en avoir retranché les vieilles feuilles et rafraîchi la pointe des racines s’ils ne sont pas récemment déplantés.
Lorsqu’une planche est garnie de plant, on l’arrose largement, à moins que le temps ne soit pluvieux, afin de plomber et joindre la terre aux racines.
Cette plantation peut se faire dans toutes les saisons de l’année, même dans les grandes chaleurs, pourvu qu’alors on préserve les plants du soleil et de la sécheresse. Le meilleur temps est depuis la mi-mars jusqu’à la mi-avril, et même plus tard.
On n’exige des fraisiers plantés au printemps que de multiplier leurs œilletons, prendre de la vigueur, et se préparer à donner l’année suivante des fruits abondants. C’est dans cette vue qu’on les traite la première année, ayant soin de les sarcler, biner, arroser, etc., et supprimer les montants s’il en paraît quelques-uns. Vers la fin du printemps, lorsque le grand mouvement de la sève est ralenti, il faut retrancher tous les filets qu’ils ont produits ou ne réserver que les plus forts, et les pincer au deuxième œilleton, si l’on veut en retirer du plant; ou, remplacer quelques pieds qui ont péri.
Au printemps, lorsque les montants commencent à se montrer, il faut avoir soin d’élever des paillassons le long des planches du côté du midi pour défendre de l’action continuelle du soleil le fraisier, qui aime l’ombre et l’abri des bois; couvrir la terre de litière, de paille courte, ou mieux encore de mousse, pour entretenir la fraîcheur et l’humidité, et par là soutenir la végétation sans multiplier les arrosements, dont l’usage trop fréquent diminue beaucoup le parfum du fruit.
Après la récolte des fraises on effile les fraisiers, on leur donne un serfouissage,et on rechausse le pied, dont ordinairement les tiges se sont fort alongées; et le reste de l’été on leur donne des arrosements nécessaires pour entretenir leur végétation. Lorsqu’on a fait deux récoltes sur les fraisiers, on les arrache, et le terrain qu’ils ont occupé ne pourra servir au même usage avant douze ou treize ans, à moins qu’on n’y rapporte ou qu’on n’y mêle des terres neuves , ou qu’on n’y creuse de petites tranchées, comme nous l’avons expliqué plus haut.
Pour avoir des fraises en automne, on coupe les premières fleurs qui paraissent au printemps.