Planter un prunier
Le prunier était connu des anciens; Pline en signale onze variétés. Le type des meilleurs pruniers que nous cultivons aujourd’hui est originaire de la Grèce et de l’Asie. Il croît spontanément dans le bassin méditerranéen. D’autres espèces, moins délicates, poussent naturellement dans les parties tempérées de l’Europe et en Amérique. C’est aux croisés que nous devons l’Introduction du prunier, domestique en France.
L’usage très répandu de ses fruits fait du prunier un de nos principaux arbres fruitiers. On les voit figurer sur toutes les tables, soit frais, soit desséchés sous forme de pruneaux, soit cuits en marmelade, soit confits dans l’eau-de-vie. La quantité de sucre que renferment les prunes a donné l’idée d’en obtenir de l’alcool, et on les distille en Lorraine, en Suisse, en Allemagne.
Climat et sol.
La floraison précoce du prunier lui fait redouter les climats exposés aux gelées tardives: aussi ne peut-il être utilement cultivé sur de grandes surfaces que dans la région de la vigne. Au nord de cette limite on n’obtient une fructification un peu plus abondante que dans quelques localités parfaitement abritées. Dans tous les cas, il faut planter cet arbre sur le penchant des coteaux exposés du sud-est au sud-ouest.
Les terrains les plus favorables sont les sols argilo-calcaires un peu frais. Ses racines, peu pivotantes, n’exigent pas une couche fertile d’une grande profondeur. Les terres siliceuses ne paraissent pas convenir au prunier; il craint également l’humidité surabondante du sol et les lieux ombragés.
Planter un prunier de nos jours:
Multiplication et greffe du prunier
Nous avons déjà indiqué tout ce qui se rattache au mode de multiplication et d’élève des pruniers. Nous avons vu qu’on les greffe soit en écusson, soit en fente ou en couronne, sur des sujets obtenus de semis. Disons seulement ici les procédés a suivre pour élever les pruniers dans le jardin fruitier ou dans les vergers, sans avoir recours aux arbres tout greffés qu’on trouve dans les pépinières.
Le prunier est greffé exclusivement sur des sujets de prunier. On choisit pour cela les variétés les plus vigoureuses et que nous avons indiquées en parlant du pêcher. On se procure ces sujets dans les pépinières et on les place, dans le jardin fruitier ou dans le verger, a chacun des points que doivent occuper les arbres.
Dans certaines localités, on se contente de détacher du pied des arbres les nombreux rejetons qui se développent sur les racines; on les repique en pépinière, puis on les greffe, s’ils n’appartiennent pas à un arbre franc de pied. Ce mode de multiplication doit être abandonné. Il ne donne que des sujets privés de racines pivotantes, mal assurés dans la terre; ils s’épuisent en rejetons qui se développent en bien plus grand nombre sur leurs racines traçantes; ils redoutent davantage la sécheresse et n’acquièrent jamais de grandes dimensions. Il est vrai qu’ils se mettent plutôt a fruit, mais ils vivent moins longtemps. Ces sujets ne devront être réservés que pour les arbres auxquels on ne voudra laisser prendre qu’une faible étendue.
Ces jeunes sujets de prunier sont greffés en écusson à œil dormant, vers la fin de juillet de l’année suivante. Si, au printemps qui suit cette opération, on s’aperçoit que l’écusson n’a pas réussi, on peut recourir à la greffe en couronne perfectionnée ou à la greffe en fente anglaise.
Les pruniers sont cultivés soit dans le jardin fruitier, soit dans les vergers. Les soins qu’ils réclament dans ces diverses positions étant assez différents, nous en étudierons séparément la culture.
Greffe en écusson de nos jours :
Culture du prunier dans le jardin fruitier
Dans le jardin fruitier, le prunier est ordinairement soumis à lui même en cône ou en contre-espalier; on le met moins souvent en espalier que les autres espèces, et c’est à tort : car ses fruits, contrairement à ce qui se passe pour l’abricotier, y sont de meilleure qualité que ceux venus en plein vent. On ne choisira que les meilleures variétés pour mettre en espalier, telles que la reine-Claude ordinaire, et on les placera aux expositions de l’est, du sud-est, du sud ou du sud-ouest, pour le Nord et le Centre, et aux expositions plus froides pour le Midi.
Taille du prunier dans le jardin fruitier
Les procédés à l’aide desquels on impose la forme conique au prunier sont les mêmes que pour le poirier. On peut aussi lui appliquer les formes que nous avons décrites pour ce même arbre en espalier ou en contre-espalier. Enfin, le prunier pourra également recevoir les diverses dispositions dont nous ferons l’étude plus loin en examinant en détail toutes les formes propres aux arbres fruitiers soumis à la taille. Faisons seulement observer que les entailles recommandées pour obtenir ou favoriser le développement de certaines branches de la charpente sur la tige des arbres à fruits à pepins pourront être aussi employées pour le prunier. Mais, au lieu de se servir pour cela de la scie à main, on devra se contenter de la serpette, autrement cette opération pourrait produire la maladie de la gomme. Cette observation s’applique également au cerisier et à l’abricotier.
Quant aux rameaux à fruits, ils réclament les soins suivants. Un rameau vigoureux de prunier ne présente sur toute son étendue, au printemps qui suit son développement, que des boutons à bois. Pendant l’été suivant, ce rameau, qui a été taillé afin de faire développer tous ses boutons, y compris ceux de la base, transforme chacun de ces boutons en bourgeons plus ou moins vigoureux, selon qu’ils sont plus ou moins rapprochés du sommet. Ceux de la base, et jusqu’au tiers environ de la longueur du rameau, ne développent qu’un petit prolongement long à peine de 3 à 10 cm; ceux qui sont compris dans le second tiers atteignent une longueur de 5 à 12 cm; enfin, les plus rapprochés du sommet peuvent acquérir une longueur de 20 à 50 cm. Ces derniers, à l’exception du bourgeon terminal, sont pincés lorsqu’ils ont atteint une longueur de 6 cm afin de les transformer en rameaux à fruits, et de favoriser l’allongement du bourgeon terminal qui doit prolonger la branche. Les très petits rameaux de la base supportent un groupe de boutons à fleurs au centre desquels est un bouton à bois destiné à prolonger ce petit rameau à fruit. On laisse intacts ces petits rameaux. Les autres, plus longs, portent aussi un certain nombre de boutons à fleurs vers la partie moyenne, puis des boutons à bois vers le sommet et à la base. Ceux de tes rameaux qui présentent plus de 8 cm sont raccourcis au moyen de la coupe, du cassement
complet ou du cassement partiel, selon leur degré de vigueur. On favorise ainsi le développement de nouveaux rameaux vers la base pour remplacer, l’année suivante, celui qui a fructifié. On voit que les petits rameaux laissés intacts, se sont un peu allongés, et que ceux qui ont été taillés se sont ramifiés. Quelques-uns de ces derniers doivent être un peu raccourcis pour diminuer le nombre des fleurs qui les épuiseraient, et pour les empêcher de s’allonger outre mesure. On répète chaque année la même opération, de façon à forcer les rameaux à fruits à développer, vers leur base, des rameaux de remplacement. Tel est le mode de taille que l’on applique à toutes les branches de la charpente du prunier et à leur prolongement successif, et pour toutes les formes indistinctement.
Culture Du Prunier Dans Les Vergers.
Les pruniers sont surtout cultivés dans les vergers. C’est dans ces conditions qu’ils donnent les produits les plus abondants.
Dans les vergers proprement dits, les pruniers sont plantés en quinconce, à la distance de 8 mètres environ les uns des autres. Nous avons parcouru les départements du Lot et de Lot-et-Garonne, si renommés pour leurs pruneaux, et nous y avons remarqué que le prunier d’Agen y est souvent associé à la vigne et aux céréales. Le champ est alors divisé en bandes parallèles de 6 à 7 mètres de largeur chacune, et consacrées à la culture des plantes herbacées. Ces bandes sont séparées par deux rangées de vignes laissant entre elles un nouvel espace d’un mètre. C’est sur ces dernières bandes que sont placés les pruniers, à 12 ou 14 mètres les uns des autres. Les pruniers, ainsi disposés, donnent des produits plus abondants que lorsqu’ils sont plantés dans un champ exclusivement consacré aux céréales; cela vient sans doute à ce que, dans ce dernier cas, le sol est laissé plus longtemps sans culture et qu’il est plus exposé à la sécheresse.
Plantation du prunier dans les vergers
Quant au mode de plantation, il est en tout semblable à celui que nous avons indiqué pour les arbres à fruits à cidre. Nous ajouterons seulement que, le prunier redoutant beaucoup l’humidité surabondante du sol, on doit employer le procédé d’égouttement que nous avons recommandé en traitant de la préparation du sol pour le jardin fruitier. Nous renvoyons également aux arbres à fruits à cidre pour les travaux d’entretien que réclame le sol où l’on a planté les pruniers.
Taille du prunier dans les vergers
Les pruniers cultivés dans les vergers sont le plus souvent disposés à haut vent. Toutefois, dans les environs de Paris, le tronc de la plupart de ces arbres ne dépasse pas50 à 80 cm. On obtient ainsi une maturité plus précoce, et la récolte se fait beaucoup plus facilement. Mais, d’un autre côté, les fleurs sont plus exposées aux gelées blanches, et il devient complétement impossible d’obtenir d’autres produits du sol au-dessous de ces arbres. Élevés à l’avance dans la pépinière, ils sont francs de pied ou greffés en tête. Quelques cultivateurs laissent à la nature le soin de former la tête des arbres ; d’autres leur impriment, dès leur jeune âge, une disposition à peu près symétrique; c’est cette dernière méthode qu’il convient de préférer. On choisira la forme que nous avons décrite pour les arbres à fruits à cidre, et l’on emploiera les mêmes moyens pour l’imposer aux jeunes pruniers. C’est à cela que se borne la taille des pruniers à haut vent, puis à la suppression des branches desséchées. Quant à leurs rameaux à fruits, on les laisse se former et se renouveler d’eux-mêmes.
Restauration des pruniers épuisés par la vieillesse ou par la surabondance des produits. — La durée des pruniers est loin d’être aussi longue que celle des arbres à fruits à pépins. Leur décrépitude s’annonce par le peu de développement des bourgeons annuels, par la dessiccation successive des rameaux à fruits sur les branches principales, par le petit nombre et le petit volume de leurs fruits, enfin par l’aspect languissant de toutes les parties. Cet état se manifeste beaucoup plus tard sur les arbres à haut vent, en grande partie abandonnés à eux-mêmes, que sur ceux qui ont été soumis à une taille annuelle.
Ces arbres peuvent être, jusqu’à un certain point, rajeunis au moyen des procédés indiqués pour les arbres à fruits à pépins; seulement, comme dans le prunier les boutons latents ou adventices percent beaucoup plus difficilement les vieilles écorces, on se contente de ravaler les branches de deuxième ou de troisième ordre à 50 cm environ de leur naissance.
Taille du prunier de nos jours :
Maladies.
Les maladies du prunier sont déterminées soit par les intempéries, soit par la présence des insectes nuisibles.
Les intempéries funestes au prunier sont la grêle, les gelées tardives du printemps, les brouillards prolongés, etc. ; elles déterminent aussi la maladie de la gomme, décrite à l’article du Pêcher.
Insectes nuisibles.
Les larves d’un certain nombre d’insectes dévorent les feuilles du prunier. Les plus redoutables sont les chenilles des bomlyces livrée et cul doré. Dans les environs de Paris, les cultivateurs détruisent ces insectes sur les pruniers à haut vent en secouant vivement chaque branche, l’une après l’autre, à l’aide d’un fort crochet garni d’étoupe, après avoir préalablement enduit la tige d’une zone de goudron à 40 cm environ du sol, pour que les insectes tombés ne puissent pas remonter sur les arbres. Une mèche de soufre allumée, présentée au-dessous des amas de chenilles, les fait aussi se détacher immédiatement.
Récolte des prunes
La récolte des belles espèces de prunes doit être effectuée avec précaution; on attend que le soleil ait absorbé l’humidité; on les prend une à une par la queue et on les détache par un mouvement de torsion. On les place ensuite dans des corbeilles plates et on les porte à la fruiterie; abandonnées pendant deux ou trois jours, elles y conservent toutes leurs qualités et en acquièrent même de nouvelles : on a remarqué qu’elles étaient alors plus agréables et plus sapides que lorsqu’on les mangeait au moment même de la cueillette.
Conservation des pruneaux.
La prune a le grand avantage de pouvoir, sans exiger beaucoup de soins, être conservée pendant l’hiver. La simple dessiccation, opérée successivement au soleil et au four, suffit pour la convertir en pruneau. Elle forme, dans cet état, un aliment d’autant plus précieux, qu’il s’approprie à tous les régimes et qu’il est l’objet d’un commerce important pour plusieurs de nos départements. Nous avons indiqué, dans la liste précédente, les variétés de prunes particulièrement employées à cet usage; nous avons étudié dans la vallée de Villeneuve-sur-Lot les procédés employés pour transformer en pruneaux la prune d’Agen. Pour faire de bons pruneaux, les fruits doivent être bien mûrs; on attend donc qu’ils se détachent d’eux-mêmes de l’arbre, et on les ramasse sur la terre; ce n’est que vers la fin de la saison qu’on imprime à l’arbre quelques légères secousses pour achever d’en détacher les derniers fruits. Dans les champs qui ont porté du blé, pour éviter que les prunes ne se détériorent en tombant sur la terre durcie ou sur la pointe des chaumes, on donne un léger labour, quelquefois même on étend de la paille sous les arbres.
Les prunes que l’on ramasse tous les jours ou tous les deux jours, et que l’on a soin de laver si l’humidité de la nuit ou les pluies les ont tachées de boue, sont rangées sur des claies d’osier et exposées au soleil. La, on les retourne plusieurs fois afin d’en présenter successivement toutes les faces à l’action du soleil, qui leur enlève ainsi une partie de leur humidité, et les empêche de se déchirer à la cuisson.
Pour opérer cette cuisson, on fait usage soit des fours à cuire le pain, soit d’étuves spéciales. Les claies qui servent à mettre les prunes dans le four sont les mêmes que celles sur lesquelles ou les a d’abord étendues. Elles sont construites avec des baguettes liées entre elles par des osiers, des ronces ou des sarments de clématite, et entourées d’une autre baguette qui fait saillie et retient les prunes. Ces claies sont le plus ordinairement rondes ou coniques. Les premières ont
10 cm de diamètre, les secondes présentent une longueur d’un mètre sur 50 cm dans leur plus grande largeur.
Le but de la cuisson est d’enlever à la prune l’excès d’humidité qu’elle renferme, sans agir d’une manière sensible sur les autres parties constituantes, et sans provoquer la rupture de la peau qui permettrait au sirop de s’extravaser. Trois cuissons sont ordinairement nécessaires, pour la première, le four présente une chaleur de 75 à 90°; pour la seconde, la température est élevée de 100 à 112° ; pour la troisième, on porte la chaleur à 125°. Le four est chauffé soit avec de menu bois, soit avec du chaume, et l’on a soin de fermer hermétiquement l’ouverture aussitôt que les prunes y ont été introduites. Après chaque passage au four, la prune est exposée à l’air, où elle se refroidit, et ce n’est qu’après le refroidissement complet qu’on la retourne sur la claie, pour que toutes les parties reçoivent également l’action de la chaleur L’opération est terminée lorsque la prune conserve une certaine élasticité, qu’elle cède et résiste à la fois à une légère pression des doigts. L’opération a été bien faite si la prune n’est pas brûlée; si sa peau est intacte, luisante, et comme recouverte d’un vernis de couleur foncée. C’est dans cet état et sans avoir subi les différents choix qui servent aux classifications du commerce que les cultivateurs vendent leurs pruneaux.
Espèces et variétés de pruniers
Prune De Monsieur. L’arbre est grand, vigoureux, et produit beaucoup de fruit. Ses bourgeons sont gros et forts, semés de très petits points jaunes du côté de l’ombre; ses boutons très pointus, et faisant avec la branche un angle très ouvert; ses fleurs bien ouvertes; et ses feuilles grandes, d’un beau vert, elliptiques. Le fruit est gros, presque rond, bien fleuri; sa peau d’un beau violet, fine, se détache aisément de la chair; quelquefois elle se fend, et le fruit n’en est que meilleur; sa chair est jaune, assez fine,et fondante lorsque le fruit a acquis une parfaite maturité; son eau est un peu fade, à moins que le prunier ne soit planté dans une terre chaude et légère. Le noyau est un peu raboteux, aplati vers l’extrémité qui répond à la tête du fruit, et ne lient pas à la chair.
Cette prune est estimable non seulement par sa beauté, mais encore parce qu’elle mûrit de bonne heure, vers la fin de juillet.
Monsieur Hatif. Ce prunier est une variété du précédent, qui lui ressemble beaucoup sous tous les rapports, excepté sous celui de l’époque de la maturité du fruit, qui mûrit à la mi-juillet.
Royale De Tours. Ce prunier est fort et vigoureux; il fleurit beaucoup, et noue assez bien son fruit. Ses bourgeons sont très gros, courts, d’un vert brun, tiquetés de petits points gris; ses boutons sont gros, en grand nombre, écartés de la branche; les pétales de la fleur ont un peu plus de longueur que de largeur; ses feuilles se terminent en pointe presque égale par les deux extrémités; les petites feuilles ont presque la forme d’une raquette.
Le fruit est gros, divise suivant sa hauteur par une gouttière bien marquée, quoique peu profonde, qui aplatit son diamètre; sa peau est d’un violet peu foncé, très fleurie, semée de très petits points d’un jaune presque doré; du côté de l’ombre, elle est plutôt rouge clair que violette; la chair est d’un jaune tirant sur le vert, fine et très bonne; l’eau est abondante, sucrée, plus relevée que celle de la prune monsieur; le noyau est grand, plat, raboteux.
Cette prune mûrit vers la fin de juillet. C’est un fort bon fruit. Lorsqu’il n’a pas acquis toute sa maturité sur l’arbre, ou que l’arbre n’est pas planté à une bonne exposition, sa peau est d’un rouge assez clair, et non pas violette.
Perdrigon Blanc. Ce prunier étant sujet à couler, il convient de le planter en espalier. Ses bourgeons sont gros, courts, bruns, violets à la cime, couverts d’une poussière ou duvet blanchâtre; ses boutons sont gros, peu écartés de la branche; ses fleurs s’ouvrent bien, et ont le pétale plat et rond. Ses feuilles sont dentelées régulièrement, beaucoup plus étroites vers la queue, ou elles se terminent régulièrement en pointe aiguë, que vers l’autre extrémité, qui se termine en pointe obtuse.
Le fruit est petit, un peu long; sa peau est coriace, d’un vert blanchâtre, tiquetée de rouge du côté du soleil, chargée d’une fleur très blanche; sa chair est de la même couleur, transparente, fine et fondante quoique ferme; son eau a un petit parfum qui lui est propre; elle est si sucrée que lorsque le fruit est très mur, il paraît au goût comme confit. Le noyau n’est point adhérent à la chair.
Cette bonne prune mûrit au commencement de septembre.
Perdrigon Violet. Cette prune qui noue difficilement en plein-vent, est une variété de la précédente, dont elle ne diffère presque que par l’adhérence du noyau et par la couleur de sa peau, qui est d’un beau violet tirant sur le rouge, semée d’une fleur blanche et comme argentée, tiquetée de très petits points d’un jaune doré. Elle mûrit vers la fin d’août.
Grosse Reine-Claude. L’arbre est assez vigoureux et charge bien. Les bourgeons sont forts et très gros; leur écorce est brune et lisse, ordinairement rougeâtre du côté du soleil; les boutons sont médiocrement gros et peu éloignés les uns des autres. Les fleurs ont 1 pouce de diamètre; les pétales sont ovales; souvent deux pédicules sont collés ensemble dans toute ou presque toute leur longueur, ce qui fait paraître beaucoup de fleurs jumelles. Les feuilles sont d’un vert luisant, foncé, larges, grandes, dentelées profondément et régulièrement.
Le fruit est gros, un peu aplati par les deux bouts, et divisé par une gouttière peu sensible; il se fend lorsqu’il vient des pluies au temps de sa maturité, mais il n’en est que meilleur. Sa peau est adhérente à la chair, fine, verte, marquée de taches grises, frappée de rouge du côté du soleil, et couverte d’une fleur très légère; sa chair est d’un vert jaunâtre, très fine; son eau abondante et d’un goût excellent. Le noyau est adhérent à la chair par l’arête et par un endroit de 2 ou 3 lignes sur chaque côté de son plat.
Cette prune, la meilleure de toutes pour être mangée crue, mûrit au mois d’août.
Petite Reine-claude. Ce prunier produit beaucoup de fleurs et de fruits. Ses bourgeons et ses feuilles sont moindres que ceux du précédent; ces dernières sont d’un vert luisant, un peu farineuses par dessous. Les pétales des fleurs sont un peu plus longs que larges et creusés en cuilleron.
Le fruit est de moyenne grosseur, rond, aplati, surtout du côté de la queue, et divisé par une gouttière plus profonde que la grosse reine-claude; sa peau est coriace, d’un vert tirant sur le blanc très chargée d’une fleur très blanche; sa chair est blanche, ferme, un peu sèche, quelquefois pâteuse; le noyau n’est pas adhérent à la chair.
Celle prune mûrit au commencement de septembre. Quoique beaucoup inférieure à la précédente, elle peut être mise au rang des meilleures prunes.
Sainte-Catherine. L’arbre est vigoureux, et produit beaucoup de fruit. Les bourgeons sont gros, longs, bien arrondis, d’un brun clair tirant sur le violet, tiquetés de très petits points gris; les boutons sont de grosseur moyenne, pointus, écartés de la branche; les feuilles, dentelées finement et profondément, se terminent en pointe; les pétales des fleurs sont de figure ovale, aplatie par les côtés.
Le fruit est de moyenne grosseur, allongé, un peu plus renflé du côté de la tête que du côté de la queue, qui est menue et plantée dans une cavité étroite. Sa peau est d’un vert tirant sur le jaune, bien fleurie; elle devient ombrée dans la parfaite maturité du fruit, et même tiquetée de rouge lorsque l’arbre est en espalier; elle est toujours un peu coriace et adhérente à la chair, qui est jaune, fondante et délicate lorsque le fruit est bien mûr; l’eau est alors très sucrée et d’un goût excellent. Le noyau ne tient point du tout à la chair.
Cette prune excellente mûrit vers la mi-septembre; elle est un peu sujette aux vers.
Impératrice Violette. Ce prunier a quelque ressemblance avec celui de perdrigon. Les bourgeons sont médiocrement forts; les boutons gros, pointus, peu éloignés les uns des autres, et souvent doubles ou triples; les fleurs petites, bien ouvertes; les feuilles dentelées profondément, et se terminant en pointe aux deux extrémités.
Le fruit est de grosseur moyenne, long, pointu par les deux extrémités; souvent son contour n’est pas régulier sur un côté suivant sa longueur; sa peau est d’un beau violet, très fleurie, un peu dure; sa chair, ferme et délicate, tire sur le jaune du côté du soleil, et sur le vert de l’autre côte; l’eau en est assez douce pour une prune tardive.
Cette prune mûrit en octobre, et serait estimée même dans une saison moins avancée.
Mirabelle. Ce prunier ne devient que d’une taille médiocre; mais il est très touffu, et donne beaucoup de fruit par bouquet. Les bourgeons sont menus, d’un rouge violet à la pointe, gris clair dans le reste; les boutons, assez gros et placés les uns près des autres, forment avec la branche un angle très ouvert; les feuilles sont petites, ovales, très allongées, d’un vert assez foncé; les fleurs sont abondantes; il en sort deux ou trois du même bouton.
Le fruit est petit, rond, un peu allongé; sa peau est un peu coriace, jaune, et de couleur d’ambre dans la parfaite maturité du fruit; la chair est jaune, ferme et un peu sèche, et son eau fort sucrée; le noyau ne tient pas à la chair.
Cette prune mûrit vers la mi-août; elle est assez bonne crue, mais elle est principalement estimée pour les confitures et les compotes.
Petite Mirabelle. Celte prune est de même forme que la précédente, mais un peu plus jaune, plus hâtive, plus sèche et moins grosse.
Damas Violet. L’arbre est vigoureux, mais il donne peu de fruit; le bourgeon est gros et long, chargé l’un duvet blanc sale; le bouton, couché sur la branche, est souvent double ou triple. Les feuilles sont beaucoup plus étroites vers la queue que vers l’autre extrémité, où elles s’arrondissent; leur dentelure est très peu profonde, et forme des segments de cercle; il sort souvent deux ou trois fleurs du même bouton, et deux pédicules sont souvent collés ensemble dans toute leur longueur.
Le fruit est de moyenne grosseur, allongé, avec un petit aplatissement sans enfoncement; la peau est violette, très fleurie ; la chair jaune et ferme; le noyau n’est adhérent à la chair que par un petit endroit sur le côté.
Cette prune, qui peut être mise au rang des bonnes, mûrit vers la fin d’août. ,
Petit Damas Blanc. Cette prune est petite, presque ronde, attachée à des queues menues qui n’entrent presque pas dans le fruit; sa gouttière est rarement sensible. Sa peau est coriace, d’un vert jaunâtre, chargée de fleur blanche; sa chair est jaunâtre et succulente, et son eau assez sucrée. La noyau n’est point adhérent à la chair.
Cette prune mûrit au commencement de septembre.
Gros Damas Blanc. Le gros damas blanc est de moyenne grosseur, un peu allongé, et plus renflé du côté de la tête que du coté de la queue, divisé d’un côté, suivant sa hauteur, par un aplatissement plutôt que par une rainure. Son eau est plus douce et meilleure que celle du petit damas; sa peau et sa chair sont de même couleur et consistance. Sa maturité prévient un peu celle du petit damas, qui paraît être une variété du gros.
Damas De Septembre. Ce prunier est vigoureux, et manque rarement de donner beaucoup de fruit. Ses bourgeons sont très longs, rougeâtres, couverts d’un duvet blanchâtre; ses boutons sont petits et très pointus; ce prunier a des yeux simples, doubles et triples; les feuilles sont de grandeur moyenne, minces, dentelées finement; les pétales des fleurs ont la forme de raquettes.
Le fruit est petit, un peu allongé, soutenu par une queue menue; sa peau est fine, violet foncé, bien fleurie; et sa chair jaune et cassante. Le noyau quitte la chair, et se termine par une pointe très aiguë. Cette prune mûrit vers la fin de septembre.
On distingue encore la prune de Catalogne, la précoce de Tours, la noire de Montreuil, le damas musqué, la prune suisse, l’abricotée, le drap-d’or, la bricette, la jacynthe, la diaprée rouge, violette et blanche, la grosse luisante, la prune-datte, etc…; enfin la cerisette, la saint-julien et le damas noir, qu’on ne cultive que pour servir de sujet.