Semer des carottes aujourd’hui :
Culture des carottes comme nos anciens :
Culture de la carotte.
— La carotte, bien qu’elle soit cultivée dans tous les terrains, préfère les terres légères, humides, douces, saines, et surtout suffisamment améliorées avec de bons engrais consommés.
On commence à semer la carotte sur couches chaudes depuis décembre jusqu’en février ; pour cela on prépare des couches d’une épaisseur de 40 à 50 centimètres environ qu’on montera avec des fumiers neufs et des feuilles. On les charge de 12 à 15 centimètres d’un bon mélange de terreau et de terre de potager, bien tamisée. Lorsque la couche a jeté ses feux, on tasse bien le terreau, puis on sème la graine, on la recouvre d’un centimètre environ du même mélange. On arrose aussitôt, et on met les panneaux. On laisse dans cet état, sans donner de l’air, jusqu’à la levée qui s’opère en huit ou dix jours. A partir de ce moment, il faut veiller adonner de l’air, lorsque le soleil se montre, afin d’empêcher les jeunes plantes de s’étioler. On entretient des réchauds, pour maintenir une chaleur à peu près régulière.
On éclaircit le plant lorsque le besoin s’en fait sentir ; on peut cependant les laisser un peu épaisses, car dès que les carottes sont assez grosses pour être consommées, on commence à les enlever, toujours en éclaircissant. On donne grand air, lorsqu’elles commencent à être fortes, en janvier, pendant les heures les plus chaudes du jour.
Dans les terres légères sablonneuses, on peut semer en pleine terre en octobre, novembre parmi des radis, on couvre de litière ou de paillassons, par ce moyen on aura aux premiers beaux jours du printemps des carottes nouvelles qui se vendent très bien. Mais il n’est guère possible d’opérer de la sorte dans les terrains forts et compacts, saturés d’humidité.
Lorsqu’on a une grande quantité de châssis et de coffres à sa disposition, on peut les placer sur les planches, et les soigner ensuite comme d’autres semis.
On peut également à bonne exposition, le long d’un mur, semer sur des couches préparées comme nous l’avons indiqué ; mais à l’air libre sans coffres ni châssis, ces couches doivent être bien bordées, suffisamment tassées et recouvertes de paillassons brise-vents ou de litière. Les produits obtenus de cette façon sont bons à récolter de bonne heure et bien avant ceux de pleine terre. Ce procédé et le précédent sont ce que l’on peut appeler de la culture hâtée.
Culture des carottes en pleine terre.
— On peut semer la carotte en pleine terre depuis février jusqu’en septembre, toute l’année dans les sols chauds et légers du Midi, et d’une partie du Sud-Ouest. Mais le meilleur temps pour semer, qui offre la presque certitude d’une bonne réussite, c’est le printemps, depuis le 20 mars jusqu’au 15 mai. Avril est le mois où les cultivateurs, en général, sèment la carotte.
Les semis d’été réussissent généralement très bien depuis le 15 juillet jusqu’en septembre ; dans les terres fortes, les semis faits à cette époque donnent souvent de meilleurs résultats que ceux du printemps.
Pour que la réussite soit bonne, il faut en tout temps que le terrain soit convenablement préparé et fumé, avec de bons engrais bien consommés, car les engrais frais, en raison des principes d’ammoniaque et d’azote qu’ils dégagent, forcent trop la végétation et font fourcher les produits, c’est-à-dire qu’au lieu d’avoir de belles carottes bien faites, rondes et coniques, la plupart se divisent en plusieurs racines d’égale grosseur, les produits de cette nature sont peu estimés.
Il y a plusieurs manières de faire les semis, soit qu’on les fasse en lignes ou en planches. Ce dernier procédé est le meilleur et le plus généralement adopté par les jardiniers.
Lorsque le terrain est prêt, on trace des planches larges de 1 m 20 à 1 m 30. On sème par un beau temps. On plombe, avec la batte si cela est nécessaire, puis on recouvre avec la houe ou la bêche, on prend la terre des sentiers, qu’on jette à droite et à gauche, on passe ensuite le râteau pour niveler et briser les mottes, qu’on ramène dans les sentiers.
On paille s’il est nécessaire. Dans les terrains forts ou de marais, on n’étend pas de paillis, le sous-sol est suffisamment humide pour que la capillarité fasse remonter l’humidité à la surface.
Dans certains sols où la terre se divise difficilement, on ferait de mauvais travail si l’on opérait de cette façon ; on se contente de passer la fourche de long en large et en travers (on herse, autrement dit), ce qui recouvre en partie les graines, on passe le râteau pour ramener les pierrailles sur les côtés, pour en former un rebord, et diviser les sentiers.
Nous avons opéré longtemps de cette façon, et nous nous en sommes toujours trouvé bien.
Pour les semis en lignes, on trace quatre rayons par planche de 1 m 20, profonds de 4 ou 5 centimètres ; on recouvre la graine légèrement avec le râteau, en ayant soin d’y faire tomber la terre la plus meuble ; si le terrain est trop fort, on recouvre de terre ou de terreau passé à la claie.
En général, les semis de printemps peuvent se passer de paillis ; mais il n’en est pas de même de ceux d’été, qui doivent l’être sans exception, à moins que l’on opère dans des sols humides, ou mieux encore dans des terrains où on arrosera souvent matin et soir. A cette époque de l’année, l’eau des arrosements s’évapore tellement vite qu’elle ne profite pas aux plantes, si on n’arrose pas à grande eau. La carotte a besoin d’un développement rapide : c’est pour cela qu’il lui faut une humidité constante, surtout lorsqu’elle est jeune.
Les graines lèvent ordinairement en douze ou dix-huit jours, selon l’époque du semis et la nature plus ou moins chaude du sol. Lorsqu’elles ont de 7 à 10 centimètres de haut, on les éclaircit et on sarcle, il faut beaucoup de précaution et d’attention pour bien faire ce travail. On le confie généralement aux femmes qui s’en tirent fort bien.
Si la terre est sèche, on mouille le semis quelques heures avant l’opération, pour que l’arrachage puisse se faire facilement ; après le sarclage, on arrose de nouveau pour faciliter le relèvement des sujets qui ont été ébranlés par l’opération. Règle générale, si l’on veut obtenir de beaux produits, il ne faut pas que les carottes soient épaisses.
Trois mois après le semis, on peut commencer à récolter surtout si l’on a semé des variétés hâtives. Sans craindre positivement le froid, la carotte est cependant endommagée par les gelées, il est donc nécessaire qu’elle soit couverte.
En novembre, on coupe les fanes et l’on charge chaque planche de 10 centimètres de terre qu’on prend dans les sentiers ; on égalise bien la surface. On peut aussi couvrir avec des paillassons de la bruyère, des feuilles. La terre est cependant préférable, en ce qu’on n’a plus à s’en occuper ensuite.
On les arrache au fur et à mesure des besoins du ménage ou de la vente. Dans ce dernier cas, quand on les destine au marché, comme les fanes font défaut, on les remplace par une tige de bruyère, afin de pouvoir les attacher et les réunir par paquets.
Graines de carotte.
— Pour récolter de la graine de carotte, la plupart des cultivateurs, à l’automne, font choix des plus beaux produits qu’ils transplantent à part. En juin-juillet, les ombelles commencent à mûrir. On cueille d’abord les plus avancées, et ainsi de suite, au fur et à mesure de leur maturité.
Les marchands grainiers n’opèrent pas de cette façon : ils laissent les carottes en place, et n’enlèvent que les sujets dégénérés ou abâtardis. Les graines récoltées de cette façon sont aussi bonnes que par le moyen précédent, mais on obtient aussi beaucoup plus de graines. Elles se conservent bonnes pendant quatre ans ; 30 grammes contiennent 24.300 graines, le litre pèse 360 grammes.
Maladies des carottes, Animaux nuisibles.
— Peu de maladies attaquent la carotte ; il n’y a guère que l’uredo qui, dans les années pluvieuses, détruit les feuilles en partie.
En revanche, les loches, les limaces, les escargots en sont très friands. Quand les plantes sont jeunes, ils les dévorent.
On devra donc les détruire par tous les moyens.
Que faire avec des carottes.
— La carotte est un bon aliment, très sain ; on l’emploie dans le pot-au-feu, en ragoût, en sauce, frite, etc. Tous les médecins la recommandent.
Les graines vieilles servent à faire des liqueurs.
Appliquée à l’alimentation des animaux, la carotte est l’une des plantes les plus utiles ; elle est recherchée avidement par toute espèce de bétail, elle convient particulièrement aux chevaux. Coupée par tranches, puis mélangée à de la paille hachée, elle forme une excellente nourriture pour les moutons. La carotte fournit aussi un excellent aliment pour les vaches, mais il faut la leur donner avec mesure et mélangée avec d’autres substances : car, consommée seule et en trop grande abondance, elle serait plutôt nuisible.
La carotte contient 9 à 10 pour 100 d’un sucre signalé comme cristallisable. Elle renferme, en outre, des phosphates, des sels alcalins et une huile volatile qui lui communique ses propriétés excitantes et son odeur.
Dans le nord de la France et en Belgique, on fabrique avec la carotte un sirop désigné sous le nom de poiré.
La fleur est la base de la liqueur connue sous le nom d’huile de Venus.
Le jus de ses racines est aussi employé à colorer artificiellement le beurre.
Les fleurs teignent le papier en rouge foncé ; la décoction rouge sale teint en lilas, avec une ébullition de quelques minutes, la laine, la soie, le coton et le lin ; en rouge bleu avec addition d’acide sulfurique, et en gris bleu avec l’alun.
Variétés.
— Pour les semis de primeurs, on choisira de préférence les variétés hâtives :
Carotte courte hâtive de Hollande. — Introduite dans nos cultures, en 1800, elle est une des meilleures variétés à cultiver.
Carotte très courte à châssis. — Variété de la précédente, très hâtive, mais donne peu, ne convient que pour la culture de primeurs.
Carotte demi-longue, nantaise ou sans cœur. — Très bonne espèce, qui devient très grosse et d’excellente qualité.
Carotte demi-longue d’Eysines, connue à Bordeaux sous le nom de carotte à jus. — Excellente variété issue de la demi-longue ancienne, améliorée par les maraîchers d’Eysines près Bordeaux. Elle devient très grosse.
Carotte demi-longue du Luc. — Très bonne variété assez précoce, productive et de bonne conservation.
Carotte demi-longue pointue. — Ancienne variété, cultivée un peu partout, très bonne pour la culture des marais; devient très grosse.
Carotte demi-longue, obtuse. — Très bonne variété, productive, excellente pour la grande culture, devient énorme.
Carotte demi-longue de Carentan. — Variété à feuilles petites et peu nombreuses, très bonne, plutôt petite que grosse, de forme presque cylindrique, bonne pour la culture hâtée, sans cœur.
Carotte demi-courte obtuse de Guérande. — Très bonne espèce à cultiver dans les terres riches, devient très grosse, de très bonne qualité.
Carotte demi-longue de Chantenay. — Variété nouvelle, très productive, de bonne qualité, plus large de collet que la Nantaise, dont elle est probablement issue.
Carotte demi-longue de Danvers. — Très bonne variété, productive, et assez hâtive, nouvelle.
Carotte courte à forcer parisienne . — Variété nouvelle très petite, propre à la culture forcée, très hâtive, de très bonne qualité.
Carotte demi-longue intermédiaire de James. — Variété nouvelle de forme pointue, très bonne et productive.
Les variétés à racines longues sont moins cultivées que les demi-longues ; quelques-unes sont cependant aussi bonnes pour la grande culture; mais, en général, elles sont un peu plus tardives, et moins appréciées sur les marchés
Carotte rouge longue de Saint- Valéry, — Très bonne variété, de forme pointue, chair excellente, peau fine, lisse, très rouge, intermédiaire entre les carottes demi-longues et longues, excessivement productive.
Carotte rouge pâle de Flandre. — Variété, très estimée et cultivée dans le Nord, aux environs de Lille, Roubaix, etc. ; pas très longue, elle devient énorme et par conséquent produit beaucoup, la racine est de couleur orange vif, de forme pointue ; très bonne pour la grande culture.
Carotte rouge longue d’Altringham. — Variété d’origine anglaise, chair rouge de très bonne qualité, peut atteindre de 40 à 50 centimètres de longueur.
Carotte rouge longue. — Ancienne et bonne variété, très productive, et de bonne qualité, c’est une des meilleures variétés longues à cultiver pour le potager.
Carotte rouge longue de Brunswick. — Sous-variété de la précédente, très estimée en Allemagne, se conserve très bien et de bonne qualité.
Carotte rouge longue sans cœur. — Variété à chair très rouge, obtuse à l’extrémité inférieure, sucrée, excellente, d’un goût fin.
Carotte rouge longue à collet vert. — Variété très rustique, devient très grosse, de couleur orangé pâle, excellente et très nutritive, convient pour la grande culture.
On cultive également des variétés à chair jaune et blanche, mais ce n’est guère que dans la grande culture. Elles sont bonnes pour les animaux, mais elles ne sont pas appréciées.
Parmi les meilleures, nous citerons :
Carotte jaune longue. — Carotte jaune courte. — Carotte blanche à collet vert. — Carotte blanche à collet vert d’Orthe. — Carotte blanche des Vosges. — Carotte blanche de Breteuil. Cette variété devient énorme.
Comment planter des carottes
C’est un légume indispensable à la cuisine et dont on ne doit jamais manquer; avec un peu de soin on évitera ces malheureuses carottes dures comme du bois, et sans saveur aucune, que l’on rencontre encore si souvent dès qu’on s’éloigne de Paris.
La carotte rouge courte de Hollande fournit des carottes nouvelles toute l’année; c’est la meilleure, la plus tendre, celle qui doit être cultivée en priorité dans le jardin.
Semis de carottes
On fait les premiers semis de cette excellente variété en mars, et les derniers en septembre. Vers la fin de février ou les premiers jours de mars, on laboure profondément une planche du jardin; on établit un rebord tout autour de la planche pour retenir l’eau des arrosements, on herse énergiquement avec la fourche crochue, pour briser toutes les mottes. On sème ensuite à la volée, on herse sur la graine avec le râteau à dégrossir, puis avec le râteau fin, on donne un dernier coup pour enlever les pierres et les corps étrangers. On termine l’opération en recouvrant toute la planche de deux centimètres environ de fumier provenant de la démolition des couches, et presque à l’état de terreau.
Si le temps est sec, hâleux, il faut arroser tous les jours, jusqu’à la levée, et même après si la sécheresse se prolonge. Une planche semée ne doit jamais se dessécher, un jeune semis doit être copieusement arrosé jusqu’à ce qu’il ait acquis une certaine force. Tout le succès de la récolte dépend de l’élevage du plant : s’il a souffert dans le commencement, la récolte sera chétive.
La couche de fumier qui recouvre, protège bien le semis contre la sécheresse, c’est un des buts qu’elle doit remplir, mais le principal est d’être dissoute par les arrosements et les pluies, et de fournir aux jeunes racines une nourriture abondante. Si l’humidité manque, le fumier n’est pas dissous, et le but principal est manqué.
Il est bien entendu qu’on ne doit jamais semer de salades dans les planches de carottes, on obtient de mauvais plant de salades, et l’on nuit considérablement à la récolte des carottes. Dès que les carottes sont bien levées, on sarcle, on éclaircit les places trop épaisses, et au besoin on repique avec précaution dans les places vides. Si la culture a été bien conduite, on récoltera les premières carottes fin avril et premiers jours de mai. On enlève d’abord les plus grosses un peu partout, afin d’éclaircir également dans toute la planche, et de laisser à ce qui reste la faculté de grossir également. Dès que la totalité a acquis une bonne grosseur, on coupe les feuilles et l’on arrache tout avec la fourche à dents plates; on met la récolte dans la serre à légumes, on retourne la planche, et l’on y sème des navets.
Les carottes provenant des premiers semis de pleine terre, arrivent toujours à la fin de la récolte des carottes venues sous châssis. On pourrait même s’éviter la peine d’en faire en primeur, les semis tardifs peuvent les remplacer. On sème successivement la carotte rouge courte de Hollande jusqu’en septembre. On sème en juin après une récolte de navets hâtifs ou de salades; en juillet et en août, après une récolte d’oignons, et en septembre après des salades ou des tomates.
Les semis de septembre peuvent dispenser de la culture sous châssis, voici comment. À l’approche des gelées, les carottes sont au tiers ou à moitié de leur grosseur; la serre à légumes est bien approvisionnée avec les semis de mai, juin et juillet ; on conserve en terre, pendant tout l’hiver, les semis de septembre, pour pourvoir aux derniers besoins. Il suffit pour cela de couvrir toute la planche avec de la paille, pendant les fortes gelées, et au printemps on a d’excellentes carottes nouvelles, que l’on arrache pour les enterrer dans du sable, à la cave ou dans la serre à légumes, et cette récolte n’a coûté que la peine d’empêcher les carottes de geler en les couvrant de paille.
Souvent les produits des semis de septembre, sont préférables à ceux des châssis, les carottes sont presqu’aussi tendres, mais bien plus savoureuses.
La carotte grelot doit être seule cultivée sous châssis.
Le carré du jardin destiné aux couches, aux graines, aux pépinières de légumes et à l’élevage des fleurs, peut recevoir aussi des semis de carottes, quand on a enlevé les premières fleurs qui y ont été élevées, ou après un arrachage de pépinière de légumes. On sème pour les premiers de la carotte d’Achicourt, pour les seconds de la carotte blanche à collet vert.
Conservation des carottes
Quand on rentre les carottes pour les conserver à la cave ou dans la serre à légumes, il faut couper toutes les feuilles près du collet, les coucher sur un lit de sable ; recouvrir de sable, replacer un lit de carottes, et ainsi de suite. Les carottes couchées et enterrées dans le sable poussent très-peu. On supprime les feuilles dès qu’elles paraissent.
Graine de carotte
On réserve comme porte-graines les carottes les plus parfaites de chaque variété. Elles sont mises en jauge au mois de novembre, en ménageant avec soin le collet et les feuilles centrales. Pendant les gelées de l’hiver on les couvre de fumier sec; au printemps, elles sont mises en place à environ 50 centimètres les unes des autres en tous sens.
Les ombelles ou têtes chargées de graines se récoltent successivement à mesure qu’elles mûrissent, depuis le milieu du mois d’août jusqu’à la fin de l’automne. Les graines de carottes conservent leurs facultés germinatives de trois à cinq ans; la durée de leur conservation dépend de l’état plus ou moins parfait de leur maturité à l’époque de la récolte.
Planter des carottes
Cette plante est une des plus communes du potager, par l’usage continuel qu’on en fait dans lacuisine. Elle se récolte toute l’année sans intervalle, d’autant plus que les nouvelles succèdent aux vieilles. Il y a plusieurs espèces de carotte : les plus cultivées sont : la blanche longue, la blanche ronde, la jaune longue et la jaune ronde.
Les meilleures variétés sont: 1° la Grosse rouge; 2′ la Grosse jaune; 3° la Carotte courte de Hollande; 4° la Rouge hâtive; 5° la Jaune hâtive; 6° la Blanche de Breteuil, grosse et ronde; 7° la Blanche des Vosges, très bonne; 8° la Blanche à collet vert, très grosse et très longue; et 9° la Violette d’Espagne à chair jaune.
Pour la saveur , les Carottes rouges ou de couleur jaune orangé sont les plus parfaites : aussi doit-on les préférer, surtout pour les jus et les coulis, même pour le pot-au-feu et les ragoûts. Les violettes sont remarquables par la finesse de leur goût, mais elles ne se conservent pas aussi longtemps que les rouges, et surtout que les blanches.
La racine de la première est droite, longue d’un pied, unie et très grosse, diminuant insensiblement depuis la tête jusqu’à sa pointe; sa couleur est d’un blanc roussâtre tant en dedans qu’en dehors. Les trois autres espèces ressemblent à la première quant à la feuille, la tige, la fleur et la graine; mais elles diffèrent par la racine; la blanche ronde est courte et grosse , formée en toupie, d’un blanc roux en dehors comme en dedans; la jaune longue a sa racine alongée, fort unie, grosse et d’un jaune souci, tant en dehors qu’en dedans; la jaune ronde est de la même couleur, mais conformée comme la blanche ronde.
Chacun cultive suivant son idée celles de ces quatre espèces qui lui plaisent le mieux ; il est néanmoins certain que la jaune des deux espèces est plus délicate, plus tendre, et cuit mieux; d’un autre côté la blanche résiste mieux aux humidités de l’hiver, qui font souvent périr la jaune, particulièrement les faux dégels. Il faut aussi avoir égard à la nature du terrain: dans les terres meubles et légères la longue des deux espèces se cultive par préférence aux deux rondes, parce qu’elle pique facilement, et que, venant extrêmement longue, elle est plus profitable que l’autre. Mais dans les terres fortes, glaiseuses ou caillouteuses, où la longue fourcherait, la ronde convient mieux, parce qu’elle répare en grosseur ce qu’elle ne peut avoir en longueur.
Ces quatre espèces de carotte demandent la même culture.
Semer les carottes
Le premier semis se fait dès la mi-mars dans les terres légères, et à la mi-avril dans les terres fortes; et le second semis dans la seconde quinzaine de septembre. Dans ce dernier cas, la carotte se sarcle à la Toussaint, et on la couvre de grande litière ou de feuilles sèches à l’approche de la gelée. Au mois de mars suivant, quand elle commence à pousser, on l’éclaircit si elle est trop drue, et l’on a soin d’arracher celle qui monte : car on prétend qu’elle communique à l’autre sa disposition à monter; il faut aussi observer à ce sujet que la graine nouvelle monte plus aisément que la vieille.
Avant de semer, il faut avoir attention de froisser la graine entre les mains, pour faire tomber tous les petits poils dont elle est revêtue, et qui la rendraient difficile à distribuer également. Elle se sème indifféremment à la volée ou par rayons; l’essentiel est que la plante soit souvent sarclée et arrosée dans sa jeunesse, et surtout espacée convenablement. Dès que la racine a atteint la grosseur d’une plume à écrire, il faut éclaircir le semis, et laisser entre les racines, en tout sens, un intervalle de 10 cm.
Aux approches de Noël on en arrache une certaine quantité de l’espèce jaune, qui risque de périr pendant l’hiver. On les lave et on les essuie après en avoir coupé le collet, et on les range les unes sur les autres, la tête en dehors, sans les couvrir de sable, dans une serre assez chaude, seulement pour les préserver de la gelée. Cette provision sert non-seulement pour la consommation, mais aussi pour la production de la graine: car la carotte. ainsi conservée fait une tige au mois de mai, et donne sa graine à la fin d’août. La première semence récoltée est la meilleure. Dans ce dernier cas il faut éviter de couper le collet de la racine avant de la rentrer dans la serre.
Il est assez rare qu’on élève des carottes sur couche; cependant, comme elles sont alors plus délicates et plus tendres, et qu’elles peuvent être recherchées par quelques personnes,on prépare dès le commencement de janvier une couche d’une certaine dimension qu’on charge de 20 cm de terreau. On sème la graine sons cloche et fort clair. On la soigne comme les autres semences de cette saison, en lui donnant de l’air à propos, ou en la couvrant, suivant la température. On peut commencer à en jouir sur la fin de mars.
Cette plante s’allie fort bien sur la même couche avec les racines de persil, d’oseille et autres qu’on veut avancer pour en jouir pendant l’hiver.
8 derniers points concernant la carotte:
1. Les racines de la carotte, daucus carota , sont douces, fermes, sans fibres ligneuses, et très nourrissantes; elles plaisent crues aux hommes, mais aussi à tous les bestiaux, et même à la volaille.
Il y a plusieurs variétés de carottes, mais elles ne diffèrent entre elles que par la couleur et par la grosseur à laquelle elles peuvent parvenir. Les petites espèces jardinières ne conviennent pas pour être cultivées en grand, il faut choisir pour ce dernier usage des variétés qui aient de la disposition à devenir grosses et très longues.
Les carottes jaune pâle sont celles qui méritent la préférence sous ce rapport.
2. La carotte demande un climat tempéré, et se plaît dans les terres légères, profondes et fertiles.
La sécheresse et la chaleur sont aussi contraires à la carotte que la fraîcheur et l’humidité. Dans le premier cas, elle manque des principes aqueux nécessaires à son développement; dans le second, il est difficile d’extirper les mauvaises herbes qui garnissent le terrain.
La carotte rapporte peu dans les sols argileux ou trop sablonneux. Une terre sablonneuse, friable, glaiseuse, profonde, en bon état de culture, est celle qui lui convient le mieux.
3. La culture de la carotte comme plante fourragère ne peut être avantageuse que lorsqu’on peut à peu de frais la faire sarcler et houer à la main, ce qui est une condition essentielle de sa réussite.
4. La carotte se sème dans une terre fumée l’année précédente, et dont les mauvaises herbes ont été en grande partie détruites par la culture, comme, par exemple, après les pommes de terre, etc…
5. Les carottes se sèment au mois de mars, à raison de 5 kilogrammes de graine par hectare.
6. Le champ doit être sarclé aussitôt que les carottes ont levé; il faut en outre les travailler à la houe à main au moins deux fois dans le cours de l’été.
7. En général on peut regarder 260 hectolitres par hectare comme un produit médiocre, 320 hectolitres comme un bon produit, et 430 comme un produit considérable.
8. Les carottes s’arrachent avec une fourche à trois dents; on les culasse avec soin dans des caves ou dans des silos que l’on recouvre de paille; ou peut aussi les laisser en plein air.